Taxation sur les plus-values: la pirouette de Bouchez et la stratégie calculée du PS

Georges-Louis Bouchez, pompier pyromane ou agitateur incompris? BELGA PHOTO ERIC LALMAND
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le président du MR s’en prend à la presse et parle d’un “document de travail” connu de tous les présidents, évoquant non pas l’exonération des détenteurs d’actions de plus de dix ans, mais le taux progressif de l’imposition. Le PS veut obtenir la venue de Bart De Wever au parlement et promet une séance plénière chaude, ce jeudi.

Pompier pyromane? Ou agitateur incompris? Georges-Louis Bouchez, président du MR, a remis les pendules à l’heure, mardi matin, en chargeant… la presse, coupable d’avoir mal compris ce qu’il exprimait le week-end en évoquant un “acccord signé” entre le Premier ministre, Bart De Wever (N-VA), et lui sur l’interprétation d’un élément relatif à la taxation sur les plus-values.

Bouchez: “Un problème de presse”

Selon ce document “secret”, la taxation ne concernerait pas les détenteurs d’actions depuis plus de dix ans. L’information a suscité des remous au sein de la majorité et soulevé l’indignation de l’opposition, mais elle serait complètement erronée, selon le président libéral.

Tout va très bien dans ce gouvernement, c’est plutôt un problème de presse, souligne Georges-Louis Bouchez, sur LN24. On fait des éditos sur quelque chose que je n’ai pas dit. Dans mon interview au Tijd et au Morgen, j’ai juste indiqué que j’étais en possession d’un document de travail qui me permet d’interpréter non pas les dix ans d’exonération, d’ailleurs, mais la question du taux progressif de l’imposition jusqu’à dix millions d’euros. Ce document est connu de tous les partenaires. On en a déjà débattu plusieurs fois entre nous. On essaye de faire passer cela comme un grand secret.” Rideau?

Bart De Wever avait reconnu l’existence mais rétorqué à l’opposition qu’il ne pouvait être divulgué. Sammy Mahdi, président du CD&V, avait renvoyé à l’accord de gouvernement. Jan Jambon (N-VA), ministre des Finances, avait démenti. Bref, cela faisait tout de même un peu désordre. “Mais si vous posez une question à partir d’une donnée factuellement fausse, la réponse est forcément problématique“, dit Bouchez.

Dermagne: “Une première dans l’histoire”

Pierre-Yves Dermagne, chef de groupe PS, n’en démord pas. “C’est une première dans l’histoire politique belge, nous dit-il. Ce n’est pas un détail en termes de transparence et de respect de la démocratie. Ce n’est pas un détail non plus au sein de la coalition Arizona: à la place des autres présidents de partis, je la trouverais saumâtre. Mais ce n’est pas anodin non plus sur le fond: à nouveau, ce sera la classe moyenne qui va payer l’impact de l’interprétation de cette mesure, en plus de payer la majorité de cet accord de gouvernement.”

Le socialiste entend bien demander un vote en commission parlementaire, mercredi, pour réclamer l’audition du Premier ministre. Bart De Wever ne devrait pas venir, mais la séance plénière de jeudi à la Chambre s’annonce houleuse. C’est précisément l’objectif: faire un maximum de bruit, avec Ecolo et le PTB!

Une certitude: il restera bien des points de divergence à surmonter avant que cette taxe sur les plus-values ne voit le jour.

Problèmes non résolus et portes de sortie

Georges-Louis Bouchez le reconnaît. “Pour instaurer quoi que ce soit dans ce pays, il faut une proposition ou un projet de loi, dit-il. Et dans le projet de loi ou la proposition, vous avez tous les détails. Que tout le monde soit patient. Ce n’est pas un faux départ, c’est une volonté de la presse…” Il cite notamment le calcul par action par portefeuille, la déductibilité des plus-values, les plus-values historiques… “Il y a des dizaines de questions qui n’ont pas été résolues.”

Cela méritera bien un conclave, constate la presse honnie…

Cette taxation reste-t-elle un symbole fort pour Vooruit? “C’est un symbole significatif, mais il reste de cet ordre-là, dit Pierre-Yves Dermagne. Si l’on regarde ce que Vooruit ou les Engagés avaient dans leur programme, il s’agissait d’une taxe sur les plus-values autour des 30%, conforme à ce qui se fait dans les pays voisins. On est loin de ce qu’ils revendiquaient et que nous revendiquions aussi. Ma crainte, c’est en outre de voir toutes les portes de sortie ou les capacités d’évitement que le texte va prévoir. Finalement, j’aurais préféré, alors, un doublement de la taxe sur les comptes-titres, ce qui aurait été beaucoup plus solide d’un point de vue juridique, avec un rendement garanti. 

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