Social et pensions : les socialistes rasent gratis sur le dos du capital
Paul Magnette, président du PS se félicite de son bilan de début de législature. La ministre Karine Lalieux propose un bonus pension forfaitaire de 22 650 euros. Le capital épongera bien les dépenses…
Les socialistes ont mis la main sur les matières socio-économiques au sein du gouvernement De Croo. Et ils comptent bien tenter d’en obtenir les dividendes : sur la défensive, en empêchant les reculs sociaux, mais aussi sur l’offensive quand ils le peuvent.
Paul Magnette, président du PS, se félicitait des acquis socialistes au gouvernement fédéral, ce mercredi matin sur LN24. Une pension minimum passées de 1350 euros à 1650 en début de législature – « une augmentation jamais vue », se félicite-t-il -, un refinancement des soins de santé post-Covid et une hausse du salaire minimum. Le tout avant une réforme fiscale qui devrait revaloriser davantage les bas et moyens revenus : un conclave est prévu les 16 et 17 juin.
Comment financer cela, alors que la situation budgétaire est préoccupante ? « Il y a de la marge en matière de taxation du capital », insiste en substance Paul Magnette. Le président socialiste rappelle que la Vivaldi a déjà augmenté la taxe sur les compte-titres en début de législature, pour un apport de 500 millions d’euros. Selon lui, ce n’est là qu’un début…
On rase gratis.
Pensions : la proposition de Lalieux
Dans le même temps, la ministre PS des Pensions, Karine Lalieux, présente au Soir la nouvelle mouture de sa réforme des pensions. Fin de l’année dernière, elle avait été sèchement renvoyée à ses études par le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD) : trop onéreuse ! Le Premier avait voulu reprendre le dossier en mains – avant de se faire à son tour critiqué par Paul Magnette.
Prenez les mêmes… Karine Lalieux présente à nouveau sa proposition sans l’aval du Premier. La donne a un peu changé. Son projet initial prévoyait un bonus pensions pour inciter les gens à travailler plus longtemps et un travail sur l’égalité des genres. C’est toujours le cas, mais avec des nuances : le bonus serait désormais forfaitaire – à hauteur de 22 650 euros au bout de trois ans. Le coût de la réforme serait donc ramené de 0,3% du PIB d’ici 2070 – intenable… – à 0,05% du PIB.
De toute manière, on pourra toujours bien taxer le second pilier… “J’ai toujours dit que je voulais plus de justice sociale et de solidarité de la part des gens qui touchent une très grosse pension du second pilier, c’est-à-dire 4% des bénéficiaires, dit Karine Lalieux. Je demande qu’ils soient taxés progressivement.”
Pertes européennes
Les discussions se poursuivent en coulisses, mais il n’est pas sûr que cela apaise les esprits dans le chef du Seize. Alexander De Croo a pourtant rappelé que les pensions restaient une priorité. Il est vrai que le sujet n’est pas anecdotique : l’Europe réclame une réforme et suspend le paiement d’une partie des aides pour la relance à cette épure.
Pour le PS, il n’y a pas de péril en la demeure : le montant perdu ne serait « que » de quelques dizaines de millions d’euros. Au parlement, mardi, le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V) a toutefois précisé : « Si nous n’avons pas mis une réforme des pensions à la date cible de fin juin 2024, cette sanction pourrait s’élever à plus de 300 millions d’euros. »
Avec le PS, on rase gratis. Et on on jette l’argent par les fenêtres ?
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