Seniors, migrants et salaires : ce que révèle le rapport OCDE 2025 pour la Belgique

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Alors que le vieillissement démographique s’accélère en Belgique, le marché du travail continue de montrer une résilience, porté par la montée en puissance des migrants et des seniors. Mais l’OCDE pointe aussi le potentiel encore sous-exploité des femmes âgées et la nécessité d’une adaptation continue pour relever les défis à venir. Décryptage des principaux enjeux belges du dernier rapport OCDE.

Le marché du travail belge s’est montré particulièrement résilient au cours de l’année écoulée, à l’image de la tendance observée dans l’ensemble de l’OCDE. La Belgique affiche en 2025 des taux d’emploi et d’activité proches de records historiques, avec un chômage qui demeure bas. Fait marquant : la progression de l’emploi en Belgique sur la période 2023-2025 s’explique pour plus d’un quart par l’intégration croissante des migrants. Les personnes nées à l’étranger représentent désormais la principale force motrice de la croissance de la population active, un phénomène partagé avec l’Espagne, l’Irlande et la Slovénie, mais qui distingue la Belgique dans le contexte européen.

Dans le même temps, le taux d’emploi des travailleurs âgés (55-64 ans) continue de progresser. Cette dynamique des seniors, observée depuis plus de deux décennies dans l’OCDE, participe fortement à la robustesse du marché du travail belge. Toutefois, la participation des femmes seniors reste un point faible : après 60 ans, seules 6 % des femmes belges occupent encore un emploi, l’un des taux les plus bas de l’OCDE – un potentiel inexploité qui représente un vrai levier pour l’avenir.

Salaires, compétences et transitions sectorielles : des spécificités belges

En matière de salaires, la Belgique se distingue également : les salaires réels y ont retrouvé leur niveau d’avant la crise du COVID-19 dès le troisième trimestre 2023, contrairement à la majorité des pays de l’OCDE où ce rattrapage est plus lent. Cette situation témoigne d’un marché du travail dynamique, mais qui cache des disparités.

En Flandre notamment, la structure des emplois se transforme : la part des postes exigeant un effort physique important reste relativement faible (32 %), tandis que près de 60 % des travailleurs occupent aujourd’hui des postes très qualifiés, mieux rémunérés avec l’âge. Ce glissement vers des emplois moins pénibles et plus qualifiés favorise la productivité des seniors et montre la capacité d’adaptation de l’économie belge au vieillissement démographique.

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Néanmoins, la Belgique connaît une croissance relativement limitée des salaires et de la productivité, comparée à d’autres pays européens. Cela s’explique en partie par une réallocation vers des secteurs à plus faibles salaires, ce qui freine la dynamique globale de croissance, en particulier pour les travailleurs peu qualifiés.

Défis et leviers pour la Belgique : femmes, seniors et formation continue

Face au vieillissement démographique, la Belgique doit poursuivre ses efforts pour mobiliser tous les viviers de main-d’œuvre. L’OCDE souligne en particulier le potentiel inexploité des femmes seniors, la nécessité de valoriser les compétences des travailleurs âgés et de garantir un accès élargi à la formation continue pour tous, afin de s’adapter aux mutations technologiques et au marché du travail en transformation.

Enfin, la contribution des migrants à la vitalité du marché du travail belge devra s’accompagner de politiques d’intégration ambitieuses, notamment en matière de formation, de reconnaissance des compétences et d’accès à l’emploi qualifié.

Pour approfondir : Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2025

Travail des seniors

La Belgique fait partie des dix pays d’Europe continentale où le gain potentiel en termes de croissance annuelle du PIB par habitant, résultant de la mobilisation de la capacité de travail des seniors, pourrait être appréciable. Réduire le taux de sortie des seniors pour rejoindre les 10 % de pays les plus performants pourrait générer une hausse de la croissance de l’ordre de 0.4 point de pourcentage, voire plus. Si la Belgique mobilise toutes ses ressources en main-d’œuvre inutilisées, elle pourrait empêcher totalement le déclin de la croissance du PIB par habitant.

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