Comment l’Arizona a discrètement renvoyé une partie de la réforme fiscale dans les mains du prochain gouvernement

Vice-prime minister and Minister of Foreign Affairs Maxime Prevot, Prime Minister Bart De Wever and Vice-prime minister and minister and minister of Public Health and Social Affairs Frank Vandenbroucke pictured at a press conference to announce an agreemnet on the budget after a long 'Kern' meeting gathering selected Ministers of the Federal Government, Monday 24 November 2025 in Brussels. BELGA PHOTO EMILE WINDAL
Baptiste Lambert

Les tableaux budgétaires montrent un certain paradoxe dans la réforme fiscale. Si certains éléments sont avancés, d’autres sont repoussés. C’est le cas de la quotité exemptée d’impôt, qui ne sera relevée à plein pot qu’en 2030, plutôt que 2029.

Dans les documents transmis à l’issue du conclave budgétaire, une ligne attire l’attention. Elle prévoit qu’en 2029, l’État réalisera une économie d’un milliard d’euros grâce au report d’une partie de l’augmentation de la quotité exemptée d’impôt. Une mesure pourtant centrale dans la réforme fiscale voulue par l’Arizona.

Dans sa version initiale, ce relèvement progressif devait atteindre son régime maximal en 2029. C’était l’année la plus coûteuse du dispositif : 3,5 milliards d’euros. Mais le montant est désormais ramené à 2,5 milliards. Le dernier milliard est « reporté à 2030 ».

Tout le monde l’aura noté : la législature s’arrête en 2029. Concrètement, le gouvernement De Wever laisse au prochain exécutif le soin – et le coût – de finaliser la réforme. Rien ne garantit dès lors que l’ultime tranche sera mise en œuvre.

Un gain net réduit pour les contribuables

Les conséquences sont immédiates pour les ménages. Selon les calculs publiés dans L’Echo, le gain net attendu en 2029 aurait dû atteindre 91,46 euros par mois par contribuable. Avec le report, ce montant descend à 65,20 euros.

Le reste – environ 26 euros mensuels – dépendra d’un gouvernement qui n’existe pas encore. Une incertitude assumée dans les documents budgétaires, mais dont la communication politique est restée particulièrement discrète.

Le paradoxe est d’autant plus notable que le gouvernement présente la réforme fiscale comme un levier pour augmenter le salaire net du travail. Or, l’avantage principal, le plus universel, est précisément celui qui est reporté.

Des mesures avancées pour compenser

Pour ne pas donner le sentiment d’un ralentissement global de la réforme, l’Arizona avance d’autres mesures moins coûteuses. Deux dispositifs en témoignent.

D’abord, la réforme de la cotisation spéciale de sécurité sociale, qui devait entrer en vigueur en 2029, sera appliquée dès 2028. Le gouvernement insiste sur l’effet pour les travailleurs isolés, qui percevront un net plus favorable.

Ensuite, le bonus à l’emploi – la réduction de cotisations visant à rapprocher le salaire net du brut – est lui aussi avancé d’un an. Pour les bas revenus, le fameux « brut = net » pourrait ainsi être atteint en 2028, et non en 2029 comme prévu initialement.

Ce choix montre une hiérarchisation politique claire : accélérer les mesures visibles et symboliques, et reporter les plus coûteuses. Une nécessité budgétaire. Mais le risque est évident : si la coalition actuelle n’est pas reconduite en 2029, ou si le futur gouvernement choisit une autre trajectoire, la dernière marche de l’augmentation de la quotité exemptée pourrait disparaître.

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