Qu’annoncent les prévisions économiques pour la Belgique à l’horizon 2024?
La Commission européenne revoit (encore) ses prévisions à la baisse: la reprise économique s’annonce en effet modeste en Europe, après une année particulièrement difficile. Les autorités invoquent l’inflation élevée et le resserrement de la politique monétaire qui ont eu « un impact plus fort que prévu ». Mais quelles sont les prévisions pour la Belgique?
L’activité économique européenne devrait se redresser progressivement, assure-t-on au Berlaymont, mais il ne faut plus s’attendre qu’à une croissance de 0,6% dans la zone Euro. Et pour cause: l’inflation, bien qu’en baisse, reste élevée et le quatrième trimestre s’annonce d’ores et déjà atone. Un manque de vigueur qui n’apportera pas le coup de boost nécessaire à la reprise… Mais qu’en est-il de la Belgique?
Hausse du pouvoir d’achat des ménages
Pas de coup de tonnerre non plus, l’économie belge devrait rester globalement stable l’année prochaine. La croissance annuelle atteindrait 1,4% en 2023 et 2024, et 1,5% en 2025.
Dans l’ensemble, le pouvoir d’achat des ménages devrait légèrement augmenter, notamment grâce à l’indexation automatique des salaires et des prestations sociales. En janvier 2023, les salaires ont en effet été indexés de 11,08%, une hausse particulièrement élevée en réponse à la conjoncture économique. Un retour à la normale est en vue pour l’année prochaine: l’indexation salariale des 500.000 employés de la CP 200 est estimée à 1,5% en janvier 2024. Une bonne nouvelle entachée par une hausse des prix à la consommation qui demeure problématique: elle recule, certes, mais moins qu’espéré. Bruxelles table sur un taux de 3,2%, contre 2,9% prévu jusqu’ici, après 5,6% en 2023.
Pour les entreprises en revanche, le tableau est plus sombre. Les hausses du coût du personnel sont une pression financière supplémentaire qui devrait peser sur l’investissement des entreprises au cours des prochains mois.
Quid du marché du travail?
Dans ce contexte, le marché du travail belge devrait rester solide, notamment grâce à la rémunération des salariés par tête, qui devrait croître de 7,0% en 2023, de 3,6% en 2024 et de 3,1% en 2025.
La Commission parle aussi d’un taux de chômage “globalement stable” à 5,6% cette année et l’an prochain, malgré un ralentissement de la croissance de l’emploi à 0,8% en 2023 et 0,6% en 2024. Selon les perspectives de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) de l’UCLouvain, l’emploi augmenterait d’environ 40.000 unités en 2023 et de 56.000 en 2024.
L’inflation baisse, pas nos dettes
Après avoir atteint 10,3% en 2022, l’inflation globale devrait tomber à 2,4% en 2023. Une baisse qui peut être attribuée à la chute des prix de l’énergie, couplée aux diverses mesures gouvernementales visant à limiter les hausses du coût de la vie. Mais à mesure que l’effet de ces fameuses mesures se dissipera, l’inflation globale devrait remonter et 4,2 % en 2024 avant de retomber à 1,9% en 2025.
Une trajectoire descendante que ne semblent pas suivre le déficit et la dette publics… Un revers de la médaille: toutes mesures gouvernementales – à savoir un soutien aux ménages ET aux entreprises – entraînent forcément des coûts. En 2023, le déficit public est estimé à 4,9%, contre 3,5% en 2022, et ce, malgré une croissance des recettes.
Taxation des bénéfices excédentaires des sociétés énergétiques, augmentation nominale des revenus du travail et résilience de la rentabilité des entreprises sont autant de facteurs qui ont permis de remplir les caisses de l’État. Ce n’est malheureusement pas suffisant pour compenser la hausse des dépenses. En 2024, le déficit public devrait se stabiliser à 4,9 % du PIB.
Et si la fin des mesures permettrait normalement de diminuer les dépenses, la hausse des coûts du vieillissement et l’augmentation des paiements d’intérêts devraient néanmoins conduire le déficit à 5,0% du PIB en 2025.
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