L’Arizona donne parfois le bâton pour se faire battre. Lors du vote du budget, mercredi, il n’y avait pas assez de députés présents et une pratique illégale a eu lieu. Eclats de voix, “honte” pour l’assemblée: l’opposition, elle, s’indigne et en profite.
Paul Magnette, président du PS, n’en revient pas. “La majorité de l’Arizona MR/N-VA/Les Engagés n’est pas capable de se lever pour faire voter son budget ce matin, elle n’est pas capable non plus de réunir une majorité après 20h“, constate-t-il.
Le leader d’opposition ajoute: “Pire encore, un député MR vote à la place d’un absent, ce qui est un faux caractérisé. Cette majorité viole ouvertement les règlements et les principes démocratiques élémentaires. Scandaleux! Jamais vu en Belgique!”
L’indignation est évidemment facile et sert ses critiques à répétition sur le manque de sérieux budgétaire. Mais même le président de la Chambre, Peter De Roover (N-VA), a dû reconnaître qu’il s’agit d’une “honte pour l’assemblée”.
L’Arizona donne le bâton pour se faire battre.
Voyages et travaux suspendus
La Chambre a suspendu la discussion générale du budget 2025 de l’Etat fédéral jeudi à une heure du matin, au terme d’une séance entamée à 10h et ponctuée de suspensions. Les travaux reprendront à 10h, a décidé la conférence des présidents qui s’est réunie dans la foulée pour organiser la suite du débat.
La journée de mercredi a été émaillée d’incidents et d’éclats de voix.
La question du quorum a rythmé les débats. Plusieurs députés de la coalition sont en effet à l’étranger en mission officielle ou pour des raisons personnelles – comme le père de Vincent Kompany parti aux Etats-Unis suivre la Coupe du monde des clubs -, d’autres sont souffrants, alors que l’Arizona discute de son premier budget.
Vers 21h, après une pause, l’ambiance était électrique. L’opposition a une nouvelle fois dénoncé le nombre insuffisant de députés de la majorité, qui doit atteindre au moins 76 unités. Le ton est monté avec le président du MR, Georges-Louis Bouchez, que le président de la Chambre, Peter De Roover (N-VA), a eu de la peine à ramener au calme.
Le vote d’un absent
Après l’intervention du chef de groupe MR, Benoît Piedboeuf, le président Peter De Roover a fait procéder à un vote pour constater le problème de quorum. Un député du MR a voté pour un autre qui se trouvait hors de l’hémicycle, ce qui est interdit, rapporte l’agence Belga.
Selon La Libre, le député ayant voté pour un autre ne serait autre que l’ancien secrétaire d’Etat Mahieu Michel. “La politique, ça peut être un peu show, un peu de cinéma, mais hier, c’était un cirque, soulignait ce mercredi matin Mathieu Michel à LN24. On a contraint, pour des questions de quorum, à sortir des parlementaires de l’hôpital qui sont venus en chaise roulante pour pouvoir dire ‘je suis présent’. C’est délirant ce qui s’est passé.”
“En politique italienne, on les appelle joliment les pianistes, ces députés qui votent pour eux-mêmes et pour leurs voisins absents”, commente le constitutionnaliste Mathias El Berhoumi…
Le PS veut des sanctions
Le chef de groupe PS, Pierre-Yves Dermagne, réclame des sanctions, dans une lettre au président de la Chambre, signale Le Soir. Dans son courrier, le socialiste constate “qu’au moins un membre de la majorité a voté électroniquement, à la place d’un de ses collègues qui n’était pas à son banc. Ces faits sont d’une absolue gravité. Ils sont indignes de notre institution, ils sont une atteinte aux règles démocratiques les plus élémentaires et ils sont totalement contraires au code de déontologie des députés fédéraux”.
Dermagne ajoute: “Il vous revient de ne pas laisser ces faits impunis“. Le PS veut donc saisir la Commission fédérale de déontologie et demande de prendre ces sanctions auprès « du ou des membres ayant voté de manière fallacieuse”. Les sanctions peuvent aller d’un rappel à l’ordre à l’exclusion pour plusieurs séances.
