PS, PTB, FGTB : pression maximale sur Vooruit

Conner Rousseau © BELGAIMAGE
Baptiste Lambert

La gauche belge s’est réveillée à l’unisson. Il faut dire qu’elle a bien été aidée par les fuites en cascade de la note de Bart De Wever et des tableaux budgétaires. Ces derniers, sans surprise, révèlent l’ampleur de l’effort de guerre pour remettre les finances publiques à flot. Tant le PS, le PTB que la FGTB ne comprennent pas trop ce que Vooruit, le parti socialiste flamand, est venu faire dans cette galère et lui font savoir. Un avant-goût de ce qui attend Conner Rousseau s’il décidait, in fine, d’intégrer l’Arizona.

Le PTB a été le plus explicite. Par communiqué, le parti marxiste a demandé mercredi à Vooruit de se retirer des négociations de l’Arizona. “Un parti de gauche ne peut pas accepter cela”, a jugé Raoul Hedebouw, le président de parti, énumérant les mesures qu’il estime antisociales :  “Un blocage des salaires jusqu’en 2027, un affaiblissement de l’index, une augmentation de la TVA sur la viande et le lait, deux milliards d’économies dans les pensions. Ce sont là des attaques en règle contre les travailleurs. Je ne comprends pas comment Vooruit peut être d’accord avec cela.” Et de poursuivre : “Durant la campagne, Vooruit avait dit qu’il ne dépannerait pas un gouvernement de droite. La taxe sur les plus-values est tellement faible qu’il s’agit seulement d’un symbole pour faire avaler la pilule aux syndicats et aux travailleurs.”

“Une suédoise au carré”

La veille, dans Le Soir, Paul Magnette, président du PS, peinait à trouver les mots pour soutenir son parti frère. Toute la presse retenait ses attaques contre Les Engagés, vers qui les transferts de voix ont été importants le 9 juin dernier, mais c’est son inconfort par rapport à la position de Vooruit qui saute aux yeux. Que font-ils dans cette galère ? “Il faut leur poser la question (…). Ils sont extrêmement isolés. Quand on discute avec eux, ils nous disent que, vu leur résultat le 9 juin, il est logique qu’ils se hissent dans le gouvernement flamand et là, à partir du moment où, avec Bart De Wever, on est dans une logique confédérale – pour la première fois en Belgique, le gouvernement fédéral est le reflet des majorités régionales et non plus le choix d’un projet fédéral –, ils sont un peu contraints et forcés d’être à la table et de discuter. Mais leur position est extrêmement inconfortable.

Le troisième coup de pression est venu de la FGTB et en particulier de sa branche flamande, l’ABVV. La présidente, Miranda Ulens, a estimé que les mesures qui figuraient dans la note finale nous ramenaient “80 ans en arrière”. Comment Vooruit a-t-il pu accepter la note finale et les tableaux budgétaires ? “Si vous acceptez ces tableaux comme base d’un nouveau gouvernement, vous n’obtiendrez pas “une suédoise bis’ mais une suédoise au carré’.” Vooruit lui aurait répondu que toutes les questions n’étaient pas réglées pour autant : “On m’a dit que depuis la semaine de repos (début août, nldr), seules les questions fiscales avaient été négociées. Et que les véritables discussions sur le budget n’avaient pas encore commencé.” Mais Miranda Ulens reste dubitative et espère avoir fait comprendre à Conner Rousseau que l’accord qui se dessinait n’était pas acceptable, et elle espère que la CSC/ACV en fera autant avec Les Engagés et le cd&v.

Le MR va-t-il regretter son choix ?

On comprend rapidement que c’est toute l’aile gauche de l’Arizona qui est mise sous pression. Et ça peut rapidement devenir un problème dans la perspective des élections communales, qui font office de vrai second tour des élections législatives de juin dernier. Vooruit pourrait-il aller jusqu’à se retirer ? Chaque jour qui passe les éloigne sans doute d’une Arizona.

Après coup, beaucoup semblent avoir fait la même analyse : la note finale de Bart De Wever pose les bases d’un virage à droite, entre rigueur budgétaire et durcissement des règles, malgré les quelques concessions en matière fiscale. Face aux critiques, il faudra voir si Vooruit ne se montrera pas plus gourmand à l’avenir.

Dans ce cas de figure, le MR pourrait finir par regretter de ne pas avoir validé un accord qui pouvait largement lui convenir. Étant donné que les alternatives sont peu crédibles : remplacer Vooruit par l’Open Vld placerait l’Arizona à la merci d’un seul député, à la Chambre. Par exemple l’électron libre de la N-VA : Jean-Marie Dedecker.

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