Pas de “percée significative” pour l’Arizona, mais plus d’ouvertures qu’on ne le pense

Bart De Wever - BELGA PHOTO JONAS ROOSENS
Baptiste Lambert

L’épiphanie n’aura pas couronné de roi. Bart De Wever, le formateur, ne parvient toujours pas à convaincre les 5 partenaires autour d’un attelage Arizona. Hier, la journée a été consacrée au marché du travail et à la fiscalité, surtout. Ça coince toujours pour le second et plus important volet.

L’heure tourne. À 16h, Bart De Wever doit se rendre au Palais pour y annoncer une “percée significative” au Souverain. Après une pause dimanche, parce que Georges-Louis Bouchez devait entamer sa tournée des vœux, les 5 présidents de parti se sont retrouvés à 10h, lundi matin.

Ils ont notamment discuté marché du travail et malades de longue durée. Les amendements de Vooruit, des Engagés et du cd&v ont été passés en revue. Mais pour ce dossier, tout le monde semble tirer plus ou moins sur la même corde.

La soirée a été consacrée à la réforme fiscale, mais les discussions n’ont pas été au finish. Bart De Wever n’espérait pas vraiment une percée soudaine, mais plutôt de rapprocher les points de vue.

Une histoire de gros chiffres

Rappelons quelques éléments chiffrés. La Commission européenne, via les nouvelles règles budgétaires, demande à la Belgique de réduire ses dépenses de 16 milliards d’euros. Les négociateurs de l’Arizona semblent s’entendre sur un exercice d’au moins 23 milliards d’euros. À partager entre les économies à réaliser, la réforme fiscale et les nouvelles politiques.

Là où ça coince, c’est que Vooruit espère récupérer au moins 2,5 milliards d’euros via de nouvelles recettes. Comprendre : de nouvelles taxes. Ce sont les fameuses “épaules les plus larges”. De l’autre côté, le MR espère toujours réduire la pression fiscale de 3 milliards d’euros, même si on se dirige plutôt vers un tax shift qu’un tax cut.

Il y a plus d’ouvertures qu’on ne le croit

Le président libéral s’est montré particulièrement véhément dans la presse, ce weekend et ce lundi, insistant sur son incapacité à accepter de nouvelles taxes. Mais entre les lignes, le président du MR a surtout exigé que la pression fiscale globale ne soit pas plus importante. Il pourrait, par exemple, accepter l’une ou l’autre hausse de TVA, si c’est pour baisser la pression fiscale sur le travail.

On peut également imaginer qu’il puisse accepter une augmentation de la taxe sur les comptes-titres, avec le même raisonnement. Par contre, une taxe sur les plus-values aura sans doute beaucoup plus de mal à passer. Car c’est une nouvelle taxe.

Mais là encore, David Clarinval, l’autre négociateur du MR, ne la pas forcément exclue dans son interview du weekend à La Libre. Si une taxe sur les plus-values devait finalement aboutir, le libéral a averti qu’elle ne pouvait de toute façon pas concerner les entrepreneurs, lors de la vente de leur entreprise, par exemple. Il y a donc une marge de manœuvre.

Les négociateurs se revoient dès 10 heures ce matin.

De Wever, otage de sa formation

La date butoir fixée à fin janvier par Bart De Wever ne semble pas vraiment accélérer le processus. Vooruit, Les Engagés et le cd&v restent frustrés par le fait de ne pas découper les réformes une par une pour avancer. Mais le leader de la N-VA a peur de voir ses ambitions rabotées dans ce schéma de négociation.

Selon De Wever, tout est désormais sur la table. C’est quasiment à prendre ou à laisser. Et si ça ne fonctionne pas d’ici fin janvier, il remettra sa démission.

Sauf que le bourgmestre d’Anvers est coincé dans cette formation, tout comme les quatre autres partenaires. Parce qu’il n’y a tout simplement pas d’alternatives, même l’entourage du président de la N-VA semble le reconnaitre dans la presse du nord du pays. Bart De Wever est otage de sa propre formation de gouvernement.

L’Open Vld ? Les militants de la N-VA ont visiblement très mal réagi lorsque la formation libérale a été envisagée. Le PS ? Le MR et la N-VA n’en veulent pas. Des élections ? C’est le risque de voir le Vlaams Belang triompher en Flandre.

La N-VA, le MR, Vooruit, Les Engagés et le cd&v sont condamnés à s’entendre, même après janvier. Le coût de l’inaction sera de toute façon plus important qu’une mesure quelconque qui viendrait bloquer les négociations.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content