MR: le dernier acte de la rivalité Michel – Reynders

Charles Michel, Ursula Von der Leyen et Didier Reynders lors de la soirée au Bozar ouvrant la présidence belge, le 5 janvier. Une image tellement symbolique. BELGA PHOTO POOL BENOIT DOPPAGNE
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Charles Michel tête de liste à l’Europe, Didier Reynders candidat au Conseil de l’Europe: le retour des deux patrons libéraux réveille les vieilles rivalités. Entre “Monsieur Vanité” et celui qui “pourrait être pape”…

Le suspense a vécu: ce week-end, le MR a confirmé que Charles Michel, actuel président du Conseil européen et éternel ambitieux (ou “vaniteux”, selon certains) de la politique belge, sera tête de liste aux élections européennes, laissant son éternel rival, Didier Reynders, sur le carreau. Il défendra devant les électeurs son bilan à la tête de l’organe qui coordonne les Sommets de chefs d’Etat européens. Logique, somme toute.

Didier Reynders, souhaite lui, rempiler à la Commission européenne ou devrait briguer, pour la deuxième fois, le secrétariat fédéral du Conseil de l’Europe, à ne pas confondre avec le Conseil européen, ce temple européen des droits de l’homme qui a perdu bien de l’influence dans le contexte tendu du moment. Il avait déjà échoué face à une ministre croate en 2019 et l’histoire retiendra que l’ambition avérée de cet éternel candidat Premier ministre aura toujours été barrée par les Michel.

Le dénouement, s’il n’est guère surprenant, réveille les vieilles rivalités entre Charles Michel et Didier Reynders, même si les “clans” ont vécu et que cela s’exprime désormais à fleurets mouchetés. Il y a quelques jours, Didier Reynders avait même évoqué sa possible candidature… à la présidence du parti. “Rien n’est impossible, mais ce n’est pas ma priorité du moment, a-t-il dit à la RTBF, ce lundi matin. Vous savez, je suis baptisé, je pourrais même être pape.”

Reynders: “poursuivre mon travail européen”

Bon prince, Didier Reynders s’est exprimé ce lundi matin pour affirmer sa volonté de “poursuivre son travail européen”, que ce soit à la Commission ou au Conseil de l’Europe. “J’avais dis que j’étais disponible pour l’enjeu électoral – manifestement ce ne sera pas le cas – ou à une fonction exécutive.” Conclusion: Didier Reynders soutiendra le MR en vue des élections, mais sans se présenter sur aucune liste électorale. Ni fédérale, ni régionale.

Cela dit en passant, et c’est frappant, à aucun moment il n’a cité le nom de Charles Michel. Une colère froide, ravalée pour se concentrer sur la volonté de travailler pour “les valeurs de l’Union européenne”. Au passage, il rappelle qu’il a dirigé un moment le parti et répond ironiquement que “c’est très gentil” de la part de l’actuel président, Georges-Louis Bouchez, de se préoccuper de son sort.

Didier Reynders avait été violemment débarqué de la présidence du MR en 2011, lors d’une fronde d’un groupe nommé Renaissance, emmené par Charles Michel et Willy Borsus, notamment. On lui reprochait, à l’époque, un cumul du poste de vice-Premier et de la présidence du parti, laissant peu de place pour l’animation de celui-ci.

Charles Michel, ensuite, a prolongé son ambition vorace en devenant Premier ministre, gouvernant avec le N-VA de 2014 à 2019, puis quittant le navire belge pour l’Europe alors que l’alliance avec les nationalistes flamands s’effondrait. De l’opportunisme conquérant. En passant, il a confié le parti à Georges-Louis Bouchez, ancien du cabinet Reynders devenu un de ses proches, et a accordé la tête symbolique du parti (et du pays, pendant un moment) à une de ses “créatures”, Sophie Wilmès.

L’étoile ternie de Charles Michel

Mais il est écrit que partout où passe Charles Michel, à l’ambition précoce, des rivalités voient le jour. En tant que président du Conseil européen, il n’a pu nouer une relation constructive avec l’Allemande Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Depuis le fameux épisode du Sofa Gate, quand il s’est assis aux côtés du président turc Erdogan sans se soucier de sa consoeur, Charles Michel a vu son étoile pâlir au niveau européen. Les deux personnalités n’ont jamais pu devenir un binôme convaincant, même s’il est vrai que leurs fonctions se chevauchent, dans les traités.

Soucieux d’exister, Charles Michel a multiplié les initiatives pour être sur le devant de la scène, notamment à l’égard de son “ami” Zelensky en Ukraine. Puncheur il a été, puncheur il sera toujours. Mais en coulisses ou dans la presse, on lui reproche bien des choses, notamment d’avoir failli à sa tâche de préparation des Conseils ou d’avoir dépensé sans compter à son propre bénéfice, notamment pour des voyages en jet privé. Dans le journal Le Monde, on le qualifiait ces jours-ci de “Monsieur Vanité”.

L’avenir de Charles Michel s’annonce incertain, au-delà de son propable poste de député européen. Il n’a pu trouver une autre fonction internationale à ce stade. En Belgique, la cheffe de file du parti au niveau gouvernemental serait désormais Sophie Wilmès. Mais l’homme a toujours su rebondir: il y aura bien des élections présidentielles pour le parti au lendemain des élections ou un poste de ministre à pourvoir, non? Le dernier acte de la rivalité Michel – Reynders est entamé.

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