Le député nationaliste flamand, à la source de vives critiques l’an dernier, constate que celles-ci étaient fondées à la vue des résultats de la stratégie internationale de l’entreprise. Il prend l’ancien CEO pour cible, mais vise aussi le président du conseil d’administration. “La perte sera considérable, dit-il. Le prochain CEO, Stijn Bijnens, a du pain sur la planche.” Il doit redresser la situation. Avant que l’Etat ne vende?
Michael Freilich, député N-VA, le regrette, mais constate avec force: “Mes critiques contre Proximus étaient fondées“. La présentation des résultats de l’entreprise télécom, il y a quelques jours, ont été entachées par la très mauvaise prestation des activités internationales. Surash Patel, patron de Proximus Global qui les chapeaute, a été remercié.
“L’ancien CEO, Guillaume Boutin, s’est lancé dans cette aventure internationale avec de l’argent dont il ne disposait pas, clame Michael Freilich. Cette stratégie a complètement échoué. Tous ceux qui connaissent bien le secteur le voyaient venir.”
Une double responsabilité
Le député nationaliste s’en prend durement à l’ancien CEO français, Guillaume Boutin, qu’il avait déjà fustigé en commission parlementaire, fin novembre 2024 – une audition réclamée afin qu’il s’explique. Le principal intéressé est parti quelques mois plus tard pour devenir responsable du département stratégie chez Vodafone. “S’il est parti, c’est parce qu’il a compris que son plan ne fonctionnait pas“, dit Freilich, ce qui a toujours été démenti.
Mais l’élu N-VA en veut aussi au conseil d’administration, singulièrement son président, Stefaan De Clerck (CD&V). “Son rôle consistait à voir si le CEO ne faisait pas de bétises, souligne-t-il. Le problème, c’est que Stefaan De Clerck, aussi charmant soit-il, n’a aucune connaissance du secteur. Cela vaut d’ailleurs pour tous les partis. Karel De Gucht, ancien commissaire européen Open VLD, venait aux conseils, mais se préoccupait de tout autre chose.”
“Cette nécessité de parti vaut pour mon parti aussi“, dit Michael Freilich. La N-VA n’avait pas d’administrateur et a nommé, depuis début avril, Koen Kennis, échevin anversois et “grand connaisseur des finances”, selon lui. Il était avant cela administrateur… chez Telenet.
Pour le député nationaliste, le gâchis international, basé sur des produits dépassés, se résume en une phrase: “C’est de l’amateurisme!”
“Une lourde ardoise”
Selon le député, très critique, l’ardoise à payer sera considérable. “La valeur en bourse s’effondre, constate-t-il. Et nous allons vraisemblablement perdre, selon mes calculs, plusieurs centaines de millions d’euros sur les achats effectués à l’international, dont Route Mobile.”
Désigné en juin et opérationnel, le nouveau CEO Stijn Bijnens, qui vient de l’entreprise limbourgeoise IT Cegeka, “aura du pain sur la planche”. “Je lui souhaite beaucoup de plaisir, ainsi qu’au prochain président du conseil d’administration, qui sera francophone, dit Michael Freilich. Le moment d’un reset est venu. Il devra remettre de l’ordre dans les affaires et revaloriser l’entreprise, afin qu’on puisse la vendre partiellement en fin de législature.”
Le nationaliste est favorable à ce que l’Etat belge vende la partie “marketing”, tout en gardant “les infrastructures, indispensables pour notre autonomie stratégiques”. “Mais certaines d’entre elles ont déjà été cédées, dont des data centers, c’est incompréhensible”, soupire-t-il. Mais cette cession, ce sera un autre débat.
En attendant, le député a la dent dure contre l’équipe sortante…