Lutte contre la fraude : l’argent de la drogue se répand partout en Belgique

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Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Une grande partie des montants blanchis relève du trafic de drogue, alerte la Cellule de traitement des informations financières (CTIF) dans son dernier rapport.

La criminalité financière se porte bien en Belgique. Très bien même. C’est ce qui ressort du dernier rapport de la Cellule de traitement des informations financières (la CTIF). L’an dernier, la cellule qui traque l’argent sale en Belgique a reçu un total de 63.753 nouvelles déclarations de soupçon. Un chiffre inédit, en hausse de quasiment 50 % par rapport à 2022, qui fut déjà une année record. Quant au montant total des capitaux concernés par ces transactions suspectes dont les dossiers ont été transmis aux autorités judiciaires, il est également en forte progression. Sur un an, on est passé de 1,62 à 2,43 milliards d’euros, soit ici aussi une hausse spectaculaire de 50 %.

Les banques ne prennent aucun risque

La première raison qui explique ces chiffres en forte hausse est connue. Elle est liée à la vigilance grandissante du secteur financier. Les établissements de crédit et de paiement ont, en effet, notifié plus de 20.000 opérations suspectes de plus qu’en 2022, ce qui fait du secteur le principal fournisseur de dossiers. Au total, les institutions financières sont à l’origine de 82 % des dénonciations transmises à la CTIF l’an dernier. Le solde étant fourni par toute une série d’autres professions (notaires, huissiers, avocats, comptables, etc.) qui sont également tenues de dénoncer des mouvements douteux dans le cadre de leurs fonctions. Face aux multiples réglementations anti-blanchiment de plus en plus strictes auxquelles elles sont soumises, les banques ne prennent donc aucun risque.  D’ailleurs, “les dépôts en cash étant facilement détectés par les institutions financières, les criminels cherchent des alternatives pour rapatrier les fonds sur leurs comptes bancaires”, indique la CTIF.

La Belgique, un narco-Etat ?

A cette tendance qui voit les banquiers de plus en plus frileux face aux transactions trop peu transparentes s’ajoute l’essor considérable du trafic de stupéfiants en Belgique. Une grande partie des montants blanchis, identifiés par la CTIF, provient directement ou indirectement du trafic de stupéfiants. “De par sa situation centrale en Europe, la Belgique a toujours été confrontée au trafic international, mais celui-ci s’est amplifié au cours de ces dernières années”, souligne le président de la CTIF, Philippe de Koster, en préambule du rapport, également préfacé cette année par le commissaire aux drogues Ine Van Wymeersch, qui abonde :  “La spirale croissante de la violence sous ses formes les plus odieuses, les revenus gigantesques, la corruption, les tentacules des opérations de blanchiment d’argent, la frontière ténue entre l’économie légale et l’économie illégale ainsi que les circuits parallèles mis en place,… , tout cela a le potentiel de miner structurellement une société et de la laisser glisser vers un narco-état.” Selon l’ancienne magistrate, la criminalité liée à la drogue est devenue l’une des menaces les plus grandes pour nos démocraties.

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