L’exception belge : un pays incapable de réduire sa dette
Il y a six pays dans la zone euro qui ont un endettement public qui dépasse le total de leur PIB : la Belgique, la Grèce, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la France. Mais seule la Belgique n’est pas parvenue à réduire sa dette sur un an.
Les dernières statistiques d’Eurostat, l’office européen des statistiques, sont sans appel : la dette publique pèse toujours plus lourdement sur la zone euro. À la fin du premier trimestre, le ratio de la dette brute des administrations publiques par rapport au PIB de la zone euro était monté à 88,7%, contre 88,2% à la fin du quatrième trimestre 2023.
Les six grands déficitaires
Les ratios les plus élevés étaient enregistrés en Grèce (159,8%), en Italie (137,7%), en France (110,8%), en Espagne (108,9%), en Belgique (108,2%) et au Portugal (100,4%). Les plus faibles l’étaient en Bulgarie (22,6%), en Estonie (23,6%) et au Luxembourg (27,2%).
Entre le quatrième trimestre de l’an dernier et le premier trimestre de cette année, vingt États membres ont enregistré une hausse de dette, et sept une baisse. Les plus forts dérapages ont été observés en Slovaquie (+4,6 points de PIB), en Estonie (+4 points) et chez nous en Belgique (+3,1 points).
Mais c’est la tendance plus longue qui est inquiétante. Sur tous les pays dont la dette publique dépasse les 100% du PIB, la Belgique a le triste privilège d’être le seul où le poids de cette dette a augmenté sur un an. Notre endettement était de 106,3 % du PIB au premier trimestre 2023. Il est de 108,2% du PIB au premier trimestre de cette année, selon les chiffres, encore provisoires, d’Eurostat. Tous les autres – France, Portugal, Espagne, Grèce, Italie – ont réussi à redresser un peu la trajectoire. La Grèce a même réduit sa dette de près de 10 points de PIB (passant de 169,4 à 159,8%).
Dans le viseur européen
Pas étonnant donc que, maintenant que les règles budgétaires du pacte de stabilité sont rentrées en vigueur, la Commission européenne nous menace d’une procédure pour déficit excessif. La trajectoire de nos finances publiques, toutes choses restant égales, est problématique : selon les projections du Bureau du Plan, notre déficit public, qui atteignait l’an dernier 4,4% du PIB, serait de 4,5% cette année, et progresserait graduellement (4,9%, 5,3%, 5,5%, …) pour atteindre 5,8% en 2029, réparti entre les régions (0,8% du PIB) et l’Etat fédéral (5%).
Le plus problématique est que cette progression n’est pas seulement due à la remontée des taux d’intérêt, et donc à la hausse des charges financières. Certes, ce facteur compte, mais uniquement pour la moitié du problème. L’autre moitié c’est notre incapacité à réduire notre solde primaire, hors charges financières.
Pas de miracle
Le problème, on le dit depuis des décennies, est structurel. Il est lié à l’organisation dispendieuse de l’Etat, à son manque d’efficacité dans certains domaines, et surtout à l’incapacité des gouvernements précédents successifs de prendre à bras le corps le problème du vieillissement, avec son lot de dépenses en soin de santé et en pension. On avait dans le passé compté sur un miracle, c’est-à-dire une mise au travail de 80% de la population active et un rebond des gains de productivité.
Mais il est temps aujourd’hui de se convaincre que le miracle n’aura pas lieu. Bart de Wever, le formateur fédéral, le sait. Mais il est difficile de former un nouveau gouvernement en promettant du sang, de la sueur et des larmes. Il suffit de voir le gouvernement wallon, qui comme mesure emblématique, se prépare à réduire les droits de succession, alors que la charge financière de la dette wallonne va avoisiner le milliard d’euros par an.
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