Les trois défauts à résoudre d’une réforme des pensions ambitieuse

Jan Jambon (N-VA), ministre des Pensions: une approche un peu britale. (Belga)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Renaud Francart, expert chez UCM, salue la philosophie de la réforme Jambon avec ses bonus et ses malus. Mais il regrette une mise en oeuvre trop brutale, une complexité trop grande et une flexibilité mal calibrée. Du pain sur la planche pour affiner les modalités de l’accord de l’été.

La philosophie de la réforme des pensions est bonne. Mais comme souvent, le diable se cache dans les détails. Renaud Francart, expert du secteur au sein d’UCM, épingle trois questions qui posent problème dans l’épure adoptée par l’Arizona sous proposition du ministre Jan Jambon (N-VA).

“Que cela soit clair, nous sommes favorables à cette réforme avec ses bonus et ses malus, cela va dans le sens de ce que nous préconisons”, souligne-t-il. Mais un excès de précipitation dans l’exécution de cette révolution pourrait porter préjudice à bien des travailleurs.

1 Une entrée en vigueur trop brutale

Le premier point qui pose question, c’est le timing de cette réforme. “Elle est mise en place pour produire ses effets au 1er janvier 2026, ce n’est pas très élégant pour ceux qui ont planifié leur départ à la pension, souligne Renaud Francart. Bien sûr, cette réforme aurait dû être initiée il y a longtemps, mais ce n’est pas une raison… Les dispositifs d’explication ne sont même pas disponibles sur MyPension!”.

Dans ce cas-là, la réforme devient “purement budgétaire et sanctionnante”. L’UCM estime que pour les travailleurs indépendants, il est “impossible aujourd’hui d’avoir la certitude que l’on remplit ou pas les conditions de carrière pour échapper au malus” qui est, pour rappel, de 2% par an.

2 Une complexité kafkaïenne

Deuxième point d’attention: l’inutile complication induite par la réforme, du moins dans se traduction pour le public. “On multiplie les conditions de carrière, déplore Renaud Francart. il y en avait déjà trois ou quatre, on en aura désormais sept ou huit. Allez-vous y retrouver pour gérer votre fin de carrière.”

Cela est dû à l’évolution de la définition des périodes effectivement travaillées et celles dites “assimilées”. Le chômage temporaire, par exemple, n’est pas considéré de la même manière dans tous les cas de figure pour échapper au malus.

“On introduit des conditions de carrière spécifique (notamment une nouvelle condition de carrière travaillée pour échapper au malus) qu’il est impossible de comprendre et encore moins de maîtriser pour le citoyen“, relève UCM. Là encore, cela ne figure pas dans l’immédiat sur MyPension.

3 Une flexibilité insuffisante

Pour UCM, ces réformes freinent bien les départs à la pension avant l’âge légal de la retraite, ce qui est l’objectif. “Mais les attentes des organisations des indépendants allaient au-delà, c’était de rendre les fins de carrière plus équitables, flexibles et reponsables et cela n’est pas du tout rencontré”.

“La responsabilisation engendrée par le malus devait déboucher sur une plus grande flexibilité pour chacun de choisir le bon moment pour prendre sa pension, souligne Renaud Francart. Or, on garde des régles dures qui empêchent d’anticiper et le malus est davantage présenté comme une sanction, pas comme une correction.”

Bref, si la réforme des pensions est bonne, il y a des éléments à affiner.

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