Ces dernières heures, plusieurs drones ont été aperçus au-dessus de la centrale nucléaire de Doel et dans le ciel de Liège Airport. L’impuissance des autorités semble totale, alors que la presse flamande indique ce lundi que la Belgique dispose d’une brigade anti-drone, mais qu’elle n’est pas intervenue la semaine dernière. “On ne nous a pas appelés”, indique-t-elle. Pour faire face à la menace, l’aide vient pour le moment de l’étranger.
Les jours se suivent et se ressemblent. Les survols de drones non identifiés se multiplient au-dessus de sites sensibles : aéroports, centrales nucléaires, zones militaires. Depuis le début du mois de novembre, on recense plus d’une dizaine d’incursions. À chaque fois, le même constat : la Belgique regarde, sans pouvoir agir.
Dimanche soir, des appareils ont été signalés près de la centrale nucléaire de Doel. Quelques heures plus tôt, d’autres observations ont eu lieu au-dessus de Liège Airport, perturbant brièvement le trafic aérien.
Une brigade anti-drone… absente
Ironie du sort : la Belgique dispose bel et bien, depuis 2021, d’une unité spécialisée dans la lutte anti-drone au sein de la police fédérale, baptisée Counter Unmanned Aerial Systems (C-UAS). Celle-ci compte une trentaine d’agents formés, deux antennes de détection, quatre brouilleurs et trois lanceurs de filets pour neutraliser les appareils hostiles.
Mais cette équipe n’a pas été sollicitée lors des incidents récents. « Nous ne comprenons pas pourquoi nous n’avons pas été appelés », confient plusieurs membres à Het Nieuwsblad. Pire : personne n’aurait même songé à les contacter lors de la fermeture temporaire de l’aéroport de Zaventem.
Selon les sources internes, le dispositif belge souffre d’un manque criant de coordination : pas de permanence, des antennes actives seulement six heures par jour et une communication lacunaire entre la police, l’armée et l’aéronautique civile.
Des alliés européens à la rescousse
Face à cette incapacité opérationnelle, la Belgique a dû se tourner vers ses voisins.
L’Allemagne a été la première à répondre, envoyant des moyens de détection et de neutralisation pour épauler les forces belges. La France a suivi, déployant à son tour des unités spécialisées de l’armée de l’air et de l’espace — semblables à celles utilisées lors du sommet européen de Copenhague — afin d’assurer la surveillance des installations sensibles. Enfin, le Royaume-Uni a annoncé dimanche l’envoi de troupes et de matériel pour « aider à contrer les incursions dans l’espace aérien belge ».
Ces opérations conjointes visent à contrer ce que les autorités qualifient désormais de « menace hybride », potentiellement orchestrée depuis l’étranger. Si aucune preuve n’a été établie, plusieurs services de sécurité européens évoquent la piste d’une opération de déstabilisation attribuée à la Russie.
L’armée belge dépassée
Dans l’attente d’une capacité autonome efficace, les autorités belges peinent à reprendre le contrôle de leur ciel. Les moyens actuels sont dispersés, les compétences partagées entre la Défense, la police fédérale et les opérateurs aéroportuaires, sans coordination centralisée.
On sait que l’armée est intervenue tardivement à l’aéroport de Zaventem, qui perdait environ 650.000 euros par heure, la semaine dernière. Le ministre de la Défense, Theo Francken (N-VA), a entretemps annoncé un investissement d’urgence de 50 millions d’euros.
Ce sera plus que nécessaire. Le Nieuwsblad apprend également que la police aéroportuaire est mise à contribution, mais qu’elle doit se dérouiller “avec des jumelles de 1944, évidemment sans fonction de vision nocturne, pour scruter le ciel. Du vieux matériel. Totalement inutile contre des drones rapides, nocturnes et volant à haute altitude”, glisse une source.
Un aveu d’impuissance
Ce nouvel épisode confirme l’ampleur du fiasco belge : un pays au cœur de l’Europe, siège de l’OTAN et de l’Union européenne, incapable d’assurer seul la sécurité de son espace aérien face à des engins commerciaux modifiés.
La semaine dernière, le gouvernement a mis 24 heures pour convoquer un Conseil national de sécurité. Aujourd’hui, entre le weekend et un jour férié, aucune réaction politique d’envergure à ce stade. Le ministre de la Défense s’en lave en tout cas les mains : “Je n’ai aucune autorité sur la police, et donc pas non plus sur cette brigade de drones. L’aéroport de Zaventem n’est pas une base militaire, mais une infrastructure civile (…). Nous assurons la sécurité des casernes militaires. La police peut toutefois nous réquisitionner.”
Pendant que les aéroports suspendent leurs vols, que les centrales nucléaires sont survolées, et que la police reste clouée au sol faute d’appel, ce sont les armées étrangères qui volent au secours de la Belgique.
Un symbole amer d’une désorganisation institutionnelle dont le ciel belge paye aujourd’hui le prix.