Deux semaines après le crash du 6 novembre dernier, le gouvernement fédéral remet le budget sur le métier. Enfin, seraient entés de dire plusieurs partenaires autour de la table. Sammy Madhi (cd&v) en fait clairement partie. Dimanche, il s’est positionné contre un saut d’index, mais il a ouvert la porte à une hausse de la TVA. Pas de manière linéaire, toutefois.
Après dix jours de calme relatif, l’Arizona relance les réunions bilatérales. Le Premier ministre et les vice-Premiers se retrouveront en kern thématique dans les prochains jours, avec une priorité affichée : remettre la machine budgétaire en route avant l’ultimatum de Noël. Depuis l’échec acté le 6 novembre, plus aucune réunion du comité restreint ne s’était tenue. La pause devait apaiser les tensions ; elle ne pouvait pas durer éternellement.
C’est Sammy Mahdi (cd&v) qui a remis une pièce dans la machine ce week-end, sur le plateau de VTM. Le président du cd&v veut « reprendre au plus vite les discussions » et plaide pour un agenda strict, histoire d’éviter une nouvelle impasse. Son message est clair : il faut des mesures nouvelles, mais bien ciblées, et certainement pas un saut d’index, jugé “pénalisant pour les Flamands qui travaillent dur”, sans que l’on sache s’il parle de toutes les formes de sauts d’index.
TVA : une réforme ciblée, pas un choc généralisé
La vraie nouveauté avancée par Mahdi concerne la TVA. Pour lui, une hausse est envisageable… mais pas une hausse linéaire. L’idée : toucher les produits de luxe, par exemple, tout en compensant par des baisses sur d’autres postes pour éviter de faire grimper le prix du caddie : fruits, médicaments, produits hygiéniques… Une logique de vases communicants, destinée à rendre l’ajustement budgétaire socialement défendable.
Cette position n’est pas nouvelle du côté cd&v, mais elle gagne en importance dans la quête à 10 milliards d’euros d’économies. Selon Sammy Mahdi, il faudrait même monter à 13 ou 14 milliards pour réellement stabiliser la trajectoire budgétaire.
Le cd&v met aussi sur la table certaines mesures liées à l’aide aux entreprises, par exemple l’aide à la première embauche, récemment épinglé par la Cour des comptes et qui “coûte une fortune”, selon Mahdi. Problème : cette mesure est un trophée de longue date des libéraux, obtenu sous le gouvernement Michel.
Enfin, les démocrates chrétiens insistent pour réduire la niche fiscale des sociétés de management.
Reste une question clé : comment embarquer un MR qui juge toutes mesures comme imbuvables ? La réponse sera déterminante. Sans compromis fiscal, pas d’accord budgétaire.
Le spectre d’un nouveau crash
Fixée par Bart De Wever, la deadline de Noël reste la balise politique autour de laquelle tous les regards sont tournés. Si le gouvernement n’y arrive pas, le Premier ministre a laissé entendre qu’il en tirerait les conclusions. La semaine dernière, il appelait ses partenaires à ne piper mot sur les négociations. Au même moment, au micro de Villa Politica, Georges-Louis Bouchez reprécisait ses lignes rouges.
Dire que l’attitude des libéraux tend les nationalistes en un euphémisme. Axel Ronse, le chef de file de la N-VA à la Chambre, peine à comprendre l’attitude du MR : “Si le gouvernement vit au-dessus de ses moyens, c’est aussi la faute du MR. Nous avons libéré le MR des griffes du PS et de l’Open-VLD. Et que fait le MR ? Ils disent non ! Incompréhensible.”
La N-VA laisse désormais planer l’idée que l’échec ouvrirait la voie à un retour vers les électeurs : “Si cela ne fonctionne pas, il faudra refermer le livre.” Jusqu’à présent, ces mises sous pression n’ont eu aucun effet sur les libéraux.