Les critiques fusent : le gouvernement “WhatsApp” de De Croo va finalement se réunir pour la première fois depuis les élections du 9 juin
Le gouvernement en affaires courantes d’Alexander De Croo prend son rôle très à cœur : il se fait le plus discret possible pour laisser place au prochain gouvernement. Le gouvernement Vivaldi ne s’est pas réuni physiquement depuis les dernières élections. Les critiques à l’intérieur et à l’extérieur de la Vivaldi se multiplient. Finalement, le kern est forcé de se réunir, ce lundi, pour discuter des douzièmes provisoires et du budget des soins de santé.
“Le pays est gouverné via WhatsApp depuis des mois”, indique une source interne de la Vivaldi à la Gazet Van Antwerpen, confirmant ainsi des bruits de couloir insistants : les ministres du gouvernement De Croo ne se sont pas réunis depuis des mois. Les affaires courantes sont traitées via des conseils de ministres en ligne, où seuls les détails administratifs sont à l’ordre du jour. Les ministres et les membres des cabinets peuvent se connecter via itsme pour donner leur accord, mais aucune discussion politique n’est sur la table.
“De Croo concentre principalement son énergie sur les questions internationales et diplomatiques”, peste le cd&v, réitérant ainsi une critique qui a été entendue durant toute la législature : le Premier ministre tente de se recaser au niveau international. “Chacun travaille dans son coin“, entend-on, chez un autre membre de la Vivaldi. Les vice-premiers ministres se sont uniquement vu en septembre pour la nomination d’Hadja Lahbib (MR) au poste de commissaire européen.
Le budget et l’Inami
Cette léthargie prendra fin lundi prochain. Le kern se réunira pour traiter la question budgétaire. En effet, le formateur du prochain gouvernement, Bart De Wever (N-VA), a jusqu’au 29 novembre pour remettre un budget pour 2025. Autant dire que ça n’arrivera pas dans un délai si court. Des réunions intercabinets ont eu lieu, hier, et une réunion du kern a été programmée pour lundi, indique le Premier ministre par communiqué.
Y seront traités les 12ᵉ provisoires. Il s’agit d’une technique budgétaire qui vise à reprendre le budget exact de l’année précédente et de le diviser par 12, en le reproduisant de mois en mois. C’est indispensable pour payer les pensions ou les rémunérations des agents publics. Ce budget a l’avantage de ne pas être indexé, ce qui entraîne certaines économies, mais il reporte également les efforts nécessaires à réaliser, ce qui pourrait, à terme, pénaliser la Belgique sur les marchés financiers.
En accord avec Bart De Wever, Alexander De Croo devrait faire adopter les douzièmes provisoires pour les trois premiers mois de l’année prochaine. À charge de l’Arizona de former un gouvernement d’ici là.
Au niveau des soins de Santé, le ministre Frank Vandenbroucke alerte depuis un moment sur le budget 2025 de l’Inami, qui n’a, lui non plus, pas pu être finalisé. L’Open Vld du Premier ministre avait visiblement des réticences, estimant que cette décision incombait au prochain gouvernement. Le ministre de la Santé conteste et semble enfin avoir été entendu.
Que fait encore la Vivaldi ?
Ce dernier dossier révèle toutefois la ligne de défense du Premier ministre et de l’Open Vld. “Qu’attend-on de nous ? Que nous nous réunissions physiquement chaque semaine sans pouvoir décider de nouvelles politiques ? Cela n’a aucun sens…“, réagissent les libéraux flamands dans la Gazet Van Antwerpen.
Pour les deux présidents francophones qui négocient la Vivaldi, les dossiers ne manquent pourtant pas. “Je suis affligé de voir le total abandon de poste du Premier ministre actuel, pestait Maxime Prévot (Les Engagés), début novembre, dans nos colonnes. Je suis désolé, mais dans une question comme Audi Brussels, c’est le Premier ministre et son ministre de l’Emploi qui doivent être au four et au moulin, pas les présidents qui tentent de négocier un accord. Sur les enjeux énergétiques et le budget des soins de santé aussi, le Premier ministre s’en lave les mains, ce n’est pas acceptable.”
Fin octobre, Georges-Louis Bouchez taclait la vice-première ministre Groen, Petra De Sutter, qui passe son temps à tweeter sur le conflit entre Israël et la Palestine. “Vous êtes ministre des entreprises publiques. Pouvez-vous vous intéresser à l’effondrement du cours de bourse de bpost s’il vous plaît ? Vous êtes payée pour ça. Pas pour raconter n’importe quoi sur le Proche-Orient.”
En attendant, chaque ministre fait à sa sauce. Zakia Khattabi (Ecolo), la ministre du Climat, a par exemple décidé de se rendre à la COP29, à Bakou, en Azerbaïdjan, pour défendre la position belge. C’est tout à son honneur, même si elle ne peut pas prendre de nouveaux engagements au nom de la Belgique. Elle-même ne s’attendait pas à être toujours en place au mois de novembre. Par contre, d’autres ministres semblent totalement en roues libres : si quelqu’un a des nouvelles de Mathieu Michel (MR), Pierre-Yves Dermagne (PS) et Georges Gilkinet (Ecolo), nous sommes preneurs.
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