Les cent jours de De Wever sont moins explosifs et plus graves que ceux de Trump

Bart De Wever, le 26 février à Anvers. (Credit Image: © Wiktor Dabkowski/ZUMA Press Wire)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le gouvernement Arizona du Premier ministre nationaliste a déclenché ses réformes, mais peine à imposer sa marque face à la contestation. La conjoncture impose des revirements. Contrairement à Trump, De Wever semble coincé dans le principe de réalité. Peut-être est-ce mieux, d’ailleurs… Il respecte les institutions belges.

L’échange est anecdotique, mais révélateur. Mardi soir, Georges-Louis Bouchez, président du MR, commente un article de presse affirmant qu’un magistrat de Mons demande le report d’une affaire pour protester contre la réformé des pensions. “Je peux comprendre les inquiétudes et les oppositions, je ne peux en aucun cas accepter les abus de pouvoir”, clame le libéral.

Un internaute le démonte: “GLB menace les journalistes, s’attaque aux artistes, déteste les chômeurs, crache sur les électeurs de gauche, méprise les enseignants et les poètes, snobe les fonctionnaires et s’en prend aux magistrats. Il va finir par se retrouver tout seul…” Calme, le président du MR rétorque: “Je ne m’en prends à personne. Je rappelle juste un principe élémentaire.”

Anecdotique, mais métaphorique d’une majorité Arizona qui campe ferme sur ses principes, fait face à l’adversité, mais peine à imposer ses vues dans un contexte budgétaire délicat, aggravé par une conjoncture incertaine, avec la difficulté d’emmener des Belges résistants avec elle.

Moins explosif que Trump

Pour prendre la comparaison avec les cent jours de Donald Trump, récemment analysés en long et en large, ceux de Bart De Wever sont moins explosifs. Le Premier ministre a d’ailleurs accordé une série d’interviews aux télévisions ce week-end dans lesquelles le ton était grave, l’humour à peine corrosif et la résignation palpable en plus de la détermination: une tâche “impossible” à mener à bien en une législature.

Comme une autre métaphore, un ministre du gouvernement fédéral pestait ces jours-ci de ne pas avoir réussi à mener une mesure phare dans les cent jours, à quelques jours près. Il n’est pas question, ici, de gouverner par décrets présidentiels et d’écraser tous les contre-pouvoirs, quoi qu’en pensent les syndicats.

Le gouvernement De Wever est respectueux, y compris des institutions belges, ce qui n’était pas gagné pour un nationaliste. “Je dois toujours rappeler aux francophones que De Wever n’est pas un nationaliste qui décrétera l’indépendance de la Flandre l’arme au poing”, rappelait cette semaine le politologue Dave Sinardet.

Ceci dit, l’Arizona réforme et tient le cap: pensions, limitation des allocations de chômage dans le temps, flexibilité du travail… Les promesses sont tenues, même si elles prennent du temps et qu’il reste énormément de “détails” à régler ou de cohérence à réussir avec les Régions. D’autres mesures fortes arrivent, comme la fin de la sortie du nucléaire, qui sera votée jeudi.

Une forme de gravité

De nouvelles pages s’ouvrent, avec des perspectives. L’Arizona s’adapte aussi à la conjoncture, dégageant des moyens supplémentaires pour investir dans notre défense. Mais son architecture est malmenée, sa promesse de retour à l’équilibre budgétaire coule et Bart De Wever revient sur le “Titanic” en évoquant une prochaine réforme de l’Etat.

L’état de grâce n’a jamais vraiment eu lieu, bien que le Premier ministre fasse des efforts: il s’exprime dans un français qu’il maîtrise à vitesses accélérée et les tensions au sein de la majorité sont moins palpables que lors de la précédente Vivaldi.

Donald Trump écrasait tout sur son passage, ne se souciant guère de… personne, sauf de ses propres intérêts. Bart De Wever cajole son alliance avec Vooruit et respecte, finalement, les Belges. Même s’il rappelle que les grèves ne le feront pas changer de camp.

Il y a, dans son attitude et celle de son gouvernement, une approche plus feutrée. Et c’est tant mieux. Au bout du compte, ces réformes finiront peut-être par s’imposer, là où un Emmanuel Macron, en France, doit toujours “vendre” sa réforme des retraites, à la télévision mardi soir, encore.

Les cent jours de Bart De Wever ne seront pas célébrés. Nul ne dira que le monde a été secoué comme ce fut le cas lors de cent jours de Trump. La Belgique n’est pas les Etats-Unis, cela reste un pays de compromis et de tâches lentes.

Même si cela donne parfois lieu à des échanges musclés sur les réseaux sociaux.

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