Le gouvernement fédéral introduit une contribution minimale par boîte de médicaments pour contenir la hausse des dépenses pharmaceutiques. Mais les consultations médicales resteront épargnées par toute hausse du ticket modérateur.
Le budget des soins de santé pour 2026 a été approuvé lundi par le Conseil général de l’Inami. Avec 41,3 milliards d’euros, il progressera de 1,566 milliard par rapport à 2025, soit une croissance de 2 %, indexation comprise. Mais cette hausse ne suffit pas à couvrir la dynamique des dépenses. Pour éviter un dérapage, un effort de près de 900 millions d’euros est prévu, a annoncé le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), dans une note que Trends-Tendances a pu consulter. Le gouvernement fédéral veut combiner investissements et réformes structurelles.
Le secteur pharmaceutique est le plus sollicité, avec un des économies portées à 228 millions d’euros en 2026. L’objectif est clair : freiner le gaspillage, réorienter les dépenses et préserver la solidarité du système.
Un ticket modérateur minimum
Mesure phare du plan : l’introduction d’un ticket modérateur minimum sur les médicaments. À partir du 1er janvier 2026, chaque boîte fera l’objet d’une contribution d’au moins 2 euros pour le patient, ou 1 euro pour les bénéficiaires de l’intervention majorée (BIM).
Jusqu’ici, de nombreux médicaments ne coûtaient que quelques dizaines de centimes, voire rien du tout, aux patients. Désormais, les plus petits montants seront alignés sur ce plancher.
Le ministre justifie cette mesure par une logique d’efficacité : « Nous voulons plus de santé pour notre argent ». Les recettes dégagées serviront directement à financer la nouvelle procédure Early and Equitable Fast Access, qui doit accélérer le remboursement des traitements innovants.
Ce ticket modérateur minimal devrait rapporter environ 26 millions d’euros et s’accompagner de l’élargissement du Maximum à facturer aux médicaments de catégorie Cs et Cx, comme les antihistaminiques ou la pilule contraceptive, pour mieux protéger les patients aux dépenses de santé élevées.
Des médicaments moins remboursés
Le gouvernement mise aussi sur un usage plus rationnel de certains traitements. Les antiacides seront désormais moins remboursés, sauf pour les affections graves (syndrome de Barrett, par exemple). La Belgique est l’un des plus gros consommateurs d’Europe : un Belge sur cinq en prend régulièrement. Cette mesure, assortie d’une campagne d’information sur les risques d’un usage prolongé, représente une économie de près de 54 millions d’euros.
Même approche pour les médicaments contre le cholestérol, comme les statines, souvent prescrits à des patients à faible risque cardiovasculaire. Leur remboursement sera désormais ramené à la catégorie C, plus restrictive.
Les consultations épargnées
Si les médicaments sont mis à contribution, les consultations médicales ne seront pas touchées. « Il n’y aura pas d’augmentation du ticket modérateur pour les visites chez le généraliste ou le spécialiste », confirme le cabinet Vandenbroucke. C’était pourtant un point qui avait été avancé durant les négociations.
L’effort demandé aux médecins — 150 millions d’euros — portera essentiellement sur la rationalisation des actes techniques : imagerie, biologie clinique, chirurgie. L’idée est de limiter les examens redondants, sans pénaliser le patient. Et il est demandé aux médecins d’y aller mollo sur les prescriptions de médicaments.
Des hôpitaux en quête d’efficience
Aux hôpitaux, un effort d’efficience de 47 millions d’euros est demandé. « Nous devons utiliser nos ressources solidaires à bon escient », résume Frank Vandenbroucke.
Le ministre insiste sur la logique d’investissement : réallouer les économies vers le personnel soignant, les sages-femmes ou la santé mentale.