L’Arizona veut elle aussi frapper un grand coup dans la gouvernance
Après la coalition Azur en Wallonie, d’autres tabous pourraient tomber au niveau fédéral. Le but étant, comme au sud du pays, de marquer le coup, notamment sur la gouvernance. Suppression du Sénat, révision de la dotation des partis, adaptation du régime très favorable des pensions des députés… cette petite révolution pourrait même s’installer jusqu’au cœur du gouvernement, avec une équipe resserrée de 12 ministres autour de Bart De Wever.
Les choses s’accélèrent en vue de la construction d’une coalition Arizona. Mercredi, le formateur Bart De Wever a été prolongé jusqu’au 19 août par le roi. Les discussions seront intenses d’ici là. Le but reste d’aboutir pour le 20 septembre, date de la remise d’une trajectoire budgétaire à la Commission européenne, qui fait suite à la procédure pour déficit excessif qui pèse sur notre pays.
De budget, il a déjà été question. D’après les éléments qui filtrent, l’Arizona partirait sur 28 milliards d’euros d’économies, comme le demandent les nouvelles règles budgétaires de Maastricht qui seront instaurées le 1er janvier 2025. Il n’est pas encore très clair si cet effort se fera en 4 ou 7 ans (sur deux législatures, donc). La Belgique pourra opter pour la 2e option si elle propose des réformes solides à la Commission européenne, ce qui est à priori l’intention. On connait toutefois la répartition de l’effort : 14 milliards d’euros concerneront des baisses des dépenses et de nouvelles recettes, l’autre moitié concernera des réformes structurelles.
Gouvernance
Un autre grand volet des négociations concernera la gouvernance. L’Arizona voudrait s’attaquer à plusieurs tabous comme la suppression du Sénat. Mais à l’instar des provinces wallonnes, cela ne pourra se faire qu’à une majorité des deux tiers.
En vrac, les discussions tourneraient aussi autour de la dotation des partis qui pourraient à l’avenir être non-indexée, voire rabotée. Toute une série d’avantages liés à la fonction de représentant politique pourrait être remise en cause, comme les indemnités de départs des députés ou le généreux système des retraites. Il est aussi question de mettre fin au régime favorable des ministres sortants qui peuvent encore disposer d’un collaborateur, par exemple un chauffeur, pendant deux ans.
Une équipe ministérielle resserrée
D’après la bien renseignée newsletter W16, du journaliste Wouter Verschelden, un scénario est actuellement discuté entre les partenaires de l’Arizona : une équipe d’à peine 12 ministres autour de Bart De Wever, sans secrétaire d’État. À titre de comparaison, la Vivaldi comptait plus de 20 représentants issus de 7 partis.
Dans une telle configuration, il ne serait pas très compliqué d’imaginer à quoi pourrait ressembler le prochain gouvernement fédéral. Il serait donc composé de 5 partis, ayant chacun un vice-premier ministre. Par exemple, Jan Jambon pour la N-VA, Frank Vandenbroucke pour Vooruit, Vincent Van Peteghem pour le cd&v, David Clarinval pour le MR et Jean-Luc Crucke pour les Engagés.
Dans cette configuration, il ne resterait que 7 places. Mais vu qu’il doit y avoir autant de ministres néerlandophones que francophones, le MR et les Engagés disposeraient encore de 4 strapontins contre 3 pour les partis flamands. Le Premier ministre est lui considéré comme neutre linguistiquement. Quoi qu’il en soit, les partis francophones n’étant que deux contre trois partis néerlandophones, ils seront surreprésentés au sein de ce gouvernement fédéral, c’est déjà une certitude.
Il reste à voir comment se fera la répartition des 7 ministres restants. On peut imaginer deux ministres pour le MR et deux ministres pour les Engagés, ce qui porterait leur représentation à trois ministres chacun avec le vice-premier ministre. Le MR a un poids politique plus important que les Engagés ? Pourquoi pas un Commissaire européen pour compenser.
Au niveau flamand, les places restantes sont peu nombreuses. Il ne resterait qu’un poste pour chaque parti. La N-VA acceptera-t-elle d’avoir autant de ministres que Vooruit et le cd&v, qui pèse beaucoup moins politiquement ? Si la N-VA veut un ministre de plus, elle laisserait cependant l’une de ces deux formations avec un seul représentant, ce qui reste dur à avaler. Un équilibre devra être trouvé. Mais en lâchant quelques postes ministériels, la N-VA pourrait se montrer plus gourmande dans d’autres dossiers.
7 postes ministériels pour qui ?
Du côté du MR, Hadja Lahbib est un nom logique, Denis Ducarme et Florence Reuter pourraient également revendiquer quelque chose. Tout comme Marie-Christine Marghem ou encore Mathieu Michel. Du côté des Engagés, c’est plus indécis, mais il reste certains noms dans la manche de Maxime Prévot, comme les novices Vincent Blondel et Olivier de Wasseige ou la plus expérimentée Vanessa Mats.
Du côté de la N-VA, Theo Francken ne devrait pas passer à côté. On lui promet déjà le portefeuille de la Défense. Sander Loones pourrait lui glisser en dehors du gouvernement, par exemple pour mener les discussions institutionnelles. Du côté du cd&v, Annelies Vanderlinden est le nom le plus logique. Vooruit pourrait tout aussi bien reconduire Caroline Gennez.
Négociations fédérales
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