L’agence de notation Fitch a dégradé la note belge, vendredi dernier. Avoir un gouvernement de plein exercice, fut-il de centre droit, n’est en rien une garantie de retrouver une stabilité financière. Ce weekend, dans Le Soir, le président du MR appuie pour accélérer les réformes et diminuer davantage les dépenses. Pas sûr qu’il soit entendu par ses partenaires.
Ces dernières semaines, l’essentiel de l’attention médiatique s’est portée sur la capacité de la Région bruxelloise à rembourser sa dette. Sans surprise, Standard & Poor’s a dégradé la note de la Région capitale de « A+ » à « A ». Aucun big-bang à l’horizon sur les taux d’intérêt, mais un signal de plus sur la nécessité d’accélérer les négociations en vue de former un gouvernement.
Quelques heures plus tard, pas grand monde n’avait vu venir la dégradation de la note belge, cette fois, par l’agence Fitch, de « AA- » à « A+ ». Pourtant, cette dégradation était annoncée. En février dernier, l’agence de notation avait modifié sa perspective de “stable” à “négative”, ce qui précède généralement une dégradation de la note globale.
Des réformes surévaluées
Entre temps, l’Arizona a pourtant présenté plusieurs réformes, dont la réforme de la limitation du chômage dans le temps et quelques bribes de la réforme des pensions. Mais coup sur coup, trois grandes institutions financières ont été peu impressionnées par les annonces du gouvernement fédéral, accusé d’être trop optimiste sur les effets retour.
Le taux d’emploi de 80% en 2030 ? La Cour des comptes, la Banque nationale et le Bureau du plan n’y croient pas. La semaine dernière, le BFP a présenté ses perspectives économiques à l’horizon 2030. Il table sur la création (nette) de 263.000 emplois, ce qui ferait grimper le taux d’emploi à 74,7%, contre 72,8% à la fin de l’année dernière. On est donc bien loin des 550.000 emplois nécessaires pour atteindre 80%.
En corollaire, c’est la situation financière de la Belgique qui continuerait à se dégrader sous le poids du vieillissement et des dépenses en matière de défense. Fin avril, l’Arizona planchait sur un déficit de 3,7%, déjà revu à la hausse à l’époque, pour 2029. Le BFP voit le déficit plonger à 5,4% pour l’Entité I : l’État fédéral et la Sécu sociale. Et pour l’ensemble du pays, entités fédérées comprises, la dégringolade serait de 6,5%, en 2030, avec un niveau d’endettement qui atteindrait 121% du PIB, contre 104% aujourd’hui. Des prévisions qui rejoignent celle de la Banque nationale, une semaine plus tôt.
Aller plus vite, plus fort
Ces nouvelles peu réjouissantes ne surprendront pas les économistes, qui, dans nos colonnes, n’envisageaient rien de miraculeux pour l’économie belge.
Au niveau politique, l’opposition a logiquement dégainé après le mauvais bulletin adressé à la Belgique, vendredi. “Le gouvernement MR/Les Engagés avait promis de redresser les comptes. Résultat : emprunts plus chers, dettes qui explosent, et ce sont toujours les travailleurs, les pensionnés et la classe moyenne qui passent à la caisse !”, taclait le PS, sur X. Dans les faits, le taux de l’obligation à 10 ans, le taux de référence, a grimpé de quelques pourcents, depuis vendredi, au même titre que le taux allemand. Pas de catastrophe financière en vue.
Dans Le Soir, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, répondait en appelant l’Arizona à accélérer les réformes, notamment la réforme fiscale, pour redonner du pouvoir d’achat et accélérer la consommation. Le président libéral se disait également “très à l’aise” face à la nécessité de décider de nouvelles coupes dans les dépenses publiques.
Des divisions
Sauf que ce discours volontariste se heurte à la réalité et à la résistance de tous. Changer le statut des fonctionnaires et des enseignants ? Des dizaines de milliers de personnes dans la rue. Raboter les plus hautes pensions ? Volée de bois verts des magistrats et des professeurs d’université. Chaque baisse de dépense s’attaquera à une poche de résistance.
Même au sein du gouvernement, les dissensions deviennent apparentes entre les partenaires. On le sait depuis longtemps dans le chef de Vooruit. Mais dans notre Trends Talk, jeudi dernier, Yvan Verougstraete, le président des Engagés, temporisait sur la réforme du chômage. Il y faisait passer le message selon lequel il ne laisserait “pas tomber les exclus du chômage” en leur donnant “des moyens suffisants et identiques”. Sinon ? “Ce sera sans nous !”
On comprend la nécessité du parti centriste de se différencier de son partenaire libéral, avec un message plus tempéré et légitime. Mais n’envoie-t-il pas un message contradictoire par rapport à l’objectif initial : mettre la pression sur les chômeurs face à la fin du “chômage à vie” ?
Par peur de la punition électorale, les partis de l’Arizona pourraient perdre sur tous les tableaux.