La révolution du travail de l’Arizona est entamée: 100.000 chômeurs exclus début 2026


Limitation des allocations de chômage dans le temps, responsabilisation des acteurs pour les maladies de longue durée, diminution des cotisations pour les bas revenus…: qu’importe la conjoncture, le gouvernement De Wever avance. L’espoir d’un taux d’emploi à 80% est à ce prix.
C’est une révolution, annoncée, il est vrai, mais cela n’en reste pas moins un virage historique. Le gouvernement De Wever a accouché vendredi, dans son “accord de Pâques”, d’une série de réformes indispensables pour marcher vers un taux d’emploi à 80% en 2030: limitation des allocations de chômage dans le temps, responsabilisation des acteurs pour les maladies de longue durée ou diminution des cotisations sociales pour les bas et moyens revenus…
Qu’importe la conjoncture mondiale, pour le moins versatile, l’Arizona fédérale entend manier de la carotte et surtout du bâton pour espérer créer 550.000 emplois durant cette législature. Un fameux pari, de l’avis même des ministres de la majorité. La collaboration avec les Régions sera indispensable pour accompagner les chômeurs et former les récalcitrants aux métiers en pénurie.
Exclus dès le 1er janvier 2026
La limitation des allocations de chômage à deux ans maximum était un des fers de lance de la majorité. La Belgique, ne cessaient de marteler ses représentants, est le dernier pays où le chômage est sans fin. L’adoption rapide de cette réforme devait être rapide pour produire ses effets aussi rapidement.
David Clarinval (MR), ministre de l’Économie et du Traval, s’en félicitait ce week-end. En fixant le cap de son impact: “Le 1er juillet, un courrier sera adressé aux chômeurs pour les avertir du début d’une période de transition de six mois. Puis, au 1er janvier prochain, on commencera à exclure les chômeurs qui comptabilisent deux années ou plus de chômage, en commençant par les plus anciens. Il y aura un choc, avec environ 100.000 exclus à cette date. Et au 1er janvier 2028, tous les 320.000 demandeurs d’emploi qui n’ont pas retrouvé du travail auront été exclus, à l’exception des nouveaux entrants et de ceux qui étaient exemptés de cette limitation, comme les plus de 55 ans et les artistes.”
Les CPAS seront dotés de “plusieurs centaines de millions” pour faire face au flux à venir. Quant à la conjoncture, David Clarinval rétorque, au Soir: “Il reste toujours 170.000 emplois vacants dans les titres-services, l’horeca, la construction ou le transport. Et ces métiers ne nécessitent pas de longue formation.” Ce sera toutefois un travail titanesque, surtout en Wallonie, où de chômeurs de longue durée ont complètement décroché depuis longtemps ou doivent apprendre même les soft skills: arriver à l’heure, être polis, ne pas sortir tous les quarts d’heure fumer dehors…
Responsabiliser les acteurs
La responsabilisation des acteurs est le maître mot de ces réformes, mais ce ne sera pas une sinécure. Il en va de même pour les malades de longue durée, dont le nombre dépasse largement les 500 000 et file allègrement vers les 700 000 si rien n’est fait.
Responsabilisation, donc, à trois étages. Les employeurs seront contraints de participer à l’indemnisation du malade le deuxième et le troisième mois d’absence, à hauteur de 30 %. Les mutuelles seront responsabilisées via une partie de l’enveloppe consacrée aux frais administratifs : 15 % de celle-ci seront déterminés par leur rendement en matière de retour au travail. Mais les médecins “laxistes” seront aussi traqués: un contrôle sera exercé chez ceux qui délivrent trop de certificats.
Ajoutez à cela un milliard de réduction des cotisations sociales sur la législature et vous avez le cocktail censé contribuer à l’objectif du taux d’emploi. En tout, deux cents mesures sont annoncées, dont certaines déjà prises pour soutenir le travail de nuit ou la flexibilité.
Un accord “historique” se félicite David Clarinval. “Loin du cadeau de Pâques, une seule ligne reste constante: ce sera travailler plus pour gagner moins!”, déplore Paul Magnette, président du PS.
La révolution de l’Arizona est en marche, le boulier compteur est enclenché. Alors que le monde tremble face aux droits de douane.
Accord de Pâques
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