De Wever en bouc émissaire : la perspective d’un accord pour Noël s’éloigne pour l’Arizona

BELGA PHOTO DIRK WAEM
Baptiste Lambert

Le formateur Bart De Wever est attendu chez le roi à 16 heures. Une ultime réunion va voir lieu ce mardi pour ne pas arriver les mains vides. La méthode du formateur est pour la première fois durement critiquée. Il est plus que temps d’entrer dans le vif du sujet, estiment les partenaires de l’Arizona. Tous restent déterminés à trouver un accord, mais l’échéance semble compromise.

L’objectif est connu : réaliser des économies à hauteur de 16 milliards d’euros. C’est ce qui est demandé par la Commission européenne. Le reste de l’exercice – environ 6 milliards d’euros – doit provenir de nouvelles recettes (par exemple l’impôt sur les plus-values) ou être destiné à de nouvelles dépenses (surtout en matière de défense).

Depuis un certain temps, le formateur veut trouver un accord-cadre sur le budget du nouveau gouvernement. Le problème est que certains partis ont peur de se faire enfermer dans un tableau budgétaire général s’ils venaient à donner leur accord. La dernière mise à jour de la supernote socio-économique de 150 pages manque de précisions, estiment-ils. Mais surtout, cette note n’a plus été discutée en plénière depuis longtemps.

Une critique de la méthode

Pour comprendre, il faut revenir au weekend du 1er décembre et à la nuit marathon qui s’est terminée sans accord aux petites heures, le lundi matin. Après cet épisode, Bart De Wever a voulu changer de méthode. Il a décidé d’engranger des accords dans d’autres dossiers, tels que l’énergie, la mobilité, l’immigration et la sécurité. Avec une certaine réussite, même si tous les points n’ont pas été tranchés.

Le volet socio-économique n’a lui fait l’objet que de discussions entre techniciens. Ce qui a valu à Bart De Wever des critiques. Cette manière de tourner autour du pot irrite Les Engagés, qui ont commencé à faire part de leurs doutes, en coulisses. Pour eux, les discussions concrètes sont trop lentes. Les rencontres bilatérales avec Bart De Wever sur le budget ne mènent à rien tant qu’on ne discute pas des détails. Selon eux, il est plus que temps que les présidents de parti se mettent tous ensemble autour d’une table pour parler de cette supernote.

Les centristes sont rejoints par le cd&v. Dans la presse du nord du pays, Sammy Mahdi, le président, estime que les discussions ne peuvent plus attendre : “Nous avons parlé d’autres textes ces derniers jours, mais le fondement de ce gouvernement réside dans les textes socio-économiques. Nous avons besoin de ces réformes majeures et je ne peux qu’espérer que nous y travaillerons chaque jour à partir de demain jusque tard dans la nuit jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé.”

Frank Vandenbroucke, pour Vooruit, ne disait pas autre chose, lundi : “Tous les problèmes actuels – les problèmes sociaux, économiques et budgétaires importants – doivent maintenant être réunis sur la table fédérale et nous voulons les négocier sept jours sur sept, du matin au soir, avec tous les partis.”

La dernière tentative

Sur le fond, il n’est plus seulement question d’opposition entre le MR et Vooruit. Mais plutôt d’opposition entre le duo N-VA/MR et le trio Vooruit/Engagés/cd&v. Soit un bloc de droite et un bloc de centre-gauche. Vooruit reste le parti le plus difficile à convaincre, mais les centristes ont également beaucoup de réserves.

Les critiques montrent toutefois une volonté d’avancer. D’ailleurs, ce lundi, il y a eu un changement de programme en cours de journée. À la base, il était prévu de discuter d’autres dossiers que le socio-économique. Mais face aux critiques, Bart De Wever a finalement réalisé de nouvelles rencontres bilatérales sur les sujets qui fâchent. Aucune grande avancée n’a eu lieu, mais la coalition n’est pas morte.

Ce mardi, beaucoup s’attendent à ce que Bart De Wever soit prolongé chez le roi. Une ultime réunion doit avoir lieu ce mardi pour apaiser les tensions. Il le faudra : cette troisième tentative de Bart De Wever devrait être la dernière. Après tout, c’est déjà la 13e fois que le nationaliste se rend chez le roi. Si l’Arizona n’aboutit pas avant la fin de l’année, la crise pourrait durer longtemps et ramener d’autres acteurs autour de la table. Dans ce cas de figure, le cd&v et sammy Mahdi se verraient d’ailleurs bien jouer un rôle.

La “fin de l’année” ? Plus personne n’ose vraiment parler d’accord sous le sapin. Comme l’a montré un communiqué du MR en cours de journée, ce lundi.

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