« J’ai beaucoup de doutes » : les négociations fédérales s’enlisent
Plus que jamais, le président de Vooruit, Conner Rousseau, exprime ses doutes sur la formation d’un gouvernement fédéral. Il s’agit bien sûr d’un positionnement politique, mais les désormais nombreuses fuites de la note de Bart De Wever n’annoncent rien de bon. Le fossé se creuse.
“J’ai beaucoup de doutes.” Conner Rousseau s’est exprimé sans détour sur son réseau social favori : Instagram. “Tout le monde attend un gouvernement pour bientôt (…). La politique est censée aider les gens, nous devons suffisamment y croire. Mais je ne trouve pas encore d’équilibre. Ou peu de raisons pour lesquelles je me suis lancé en politique.”
Le socialiste flamand fait référence à la note de 31 pages de Bart De Wever, qui porte forcément le sceau de la N-VA. Les négociations sont entrées dans une nouvelle phase, le formateur et d’autres partenaires souhaitant jumeler trois grandes réformes : la réforme de l’emploi, la réforme des pensions et la réforme fiscale. Et bien évidemment, quand on entre dans le vif de sujet, des tensions apparaissent.
Les fuites
Mais la discrétion voulue par Bart De Wever sur les négociations a complètement volé en éclat. Si la Vivaldi a beaucoup souffert des partenaires francophones MR et PS, jusqu’ici, MR et Engagés sont très discrets sur les négociations Arizona. On ne peut pas en dire autant des partenaires flamands qui multiplient les fuites dans la presse du nord du pays. Ce n’est jamais bon signe.
Ainsi, de jour en jour, les intentions de Bart De Wever sont balancées sur la place publique :
- De réaliser 14 milliards d’euros d’économies et de nouvelles recettes sur un effort de 28 milliards d’euros.
- De revoir les pensions des métiers pénibles.
- De mettre la pression sur les malades de longue durée, les médecins et les mutuelles.
- De retirer aux syndicats leurs prérogatives en termes de paiement des allocations de chômage.
- De revoir le mécanisme d’indexation en le fixant sur le salaire net.
La pression
Ces différentes fuites font logiquement bondir l’opposition, mais également le monde syndical : la présidente de l’ABVV (FGTB flamande), Miranda Ulens, a parlé “de mesures antisociales“, estimant que “De Wever essaie de mettre un syndicaliste dans son sandwich chaque matin“. Les syndicats reprochent au formateur son manque de concertation sociale et craignent qu’elle ne soit réduite à rien durant la prochaine législature. Même la FEB s’en est inquiété, estimant que De Wever devait consulter le Groupe des Dix.
Tout aussi logiquement, la pression s’accentue sur l’aile gauche de l’Arizona. À commencer par Vooruit, qui ne se cache plus et affirme désormais dans la presse que la note de De Wever “est une note pour l’Open Vld, sans l’Open Vld”. Le cd&v, de son côté, est certainement sous pression du monde mutualiste et syndical, mais reste plus discret.
À cet égard, la sortie publique de Conner Rousseau sur les réseaux sociaux agace ses partenaires. Au premier rang desquels on retrouve Sammy Mahdi, le président du cd&v, qui n’a pas vraiment d’affinités avec le socialiste. Après tout, Madhi a également de nombreux reproches à faire à la note marquée de Bart De Wever, mais n’en fait pas état publiquement. Car c’est le jeu des négociations : la N-VA doit montrer jusqu’où elle est prête à aller, les autres partis doivent fixer les limites.
Le délai
Bref, la semaine de repos programmée pour la semaine prochaine fera le plus grand bien à tout le monde. Il était devenu évident depuis la réunion de lundi dernier que trouver un accord sur trois réformes aussi importantes était illusoire en une semaine.
Il reste à voir si trouver un accord global est faisable d’ici les élections d’octobre prochain. Car trouver un accord de gouvernement, c’est se mettre une cible dans le dos. Les partis d’opposition auront alors tout le loisir de tirer à vue pour prendre des points au niveau local. Malgré les différentes approches, le Vlaams Belang, le PTB, le PS et les Verts n’attendent que ça.
D’un autre côté, un grand espoir est né des résultats des élections : la possibilité d’avoir un gouvernement fédéral rapidement. Il ne faudrait pas non plus décevoir l’électeur. D’ailleurs, Conner Rousseau n’a pas du tout jeté l’éponge, comme cela transparait dans la suite de son message Instragram : “Faire des concessions décevra de nombreuses personnes. Mais arrêter de négocier et laisser faire des choses encore plus antisociales risque de décevoir encore plus de monde.”
Négociations fédérales
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