Georges-Louis Bouchez veut aller vite et à fond sur les réformes : “L’agitation et la mobilisation ne nous feront pas reculer”

Georges-Louis Bouchez lors des voeux du parti. (Belga)
Baptiste Lambert

Lors des vœux à la presse, Georges-Louis Bouchez a fait du Bouchez. Ses cibles préférées en ont pris pour leur grade : la gauche, le “bordel” qu’elle provoque dans la rue, et les journalistes qui restent indifférents. Mais surtout, le président du MR a promis que la formation libérale ne reculera pas et ne diluera pas ses réformes.

Le MR doit tenir ses promesses, a commencé Georges-Louis Bouchez devant un parterre de journalistes et de personnalités libérales, dans le cadre prestigieux du Mix, l’ancien siège d’Axa, à Watermael-Boitsfort. En délicatesse dans les sondages, on sent que le président du MR a dû réaffirmer certains fondamentaux, tout en usant de son arme favorite : le seul contre tous.

Aller au bout des réformes

Au travers de la présentation des quatre priorités de sa politique – le redressement économique, l’éducation, la sécurité et l’énergie – le libéral présenté son parti comme le parti du “grand chambardement”, qui doit lutter contre “le conservatisme de la gauche”, avec “des réformes dans tous les secteurs”. Il s’étonne qu’avant les élections, “les réformes soient considérées comme quelque chose de désirable. Mais qu’après les élections, elles soient perçues de manière négative. C’est fou”, ajoute-t-il.

Bouchez veut y aller fort et vite. Pas question de revenir en arrière ou de diluer les réformes. “Je vois la mobilisation et l’agitation, mais cela ne nous fera pas reculer sur le cap”, assène-t-il. Un peu plus loin, il enfonce encore le clou : “On a déjà les gens dans la rue. Il faut aller au bout de notre logique.”

Parce que ce sont des réformes pour leur bien, pour “donner un avenir aux générations futures” et “pour en finir avec certains privilèges”, a-t-il poursuivi, faisant référence aux conditions d’accès à la pension du personnel de SNCB. “La solidarité, ce n’est pas le régime des privilèges“.

La gauche attise le feu populaire

Il faut y aller d’autant plus que c’est la gauche qui instrumentalise cette protestation dans la rue, selon le président du MR. “Chez certains, on a du mal à reconnaitre le résultat des élections. Je suis très surpris que ça ne heurte personne. Que des gouvernements qui sont à peine installés font l’objet de telles manifestations, avec une violence aussi importante”, poursuit le Montois.

On n’a jamais connu cette situation quand le PS est au gouvernement. Moi, ça m’interpelle. On a connu la même situation dans les années 80, avec le gouvernement Martens-Gol, on a connu la même situation en 2014 avec la Suédoise, et on connait la même situation aujourd’hui. Le point commun ? À chaque fois que le PS ou un parti de gauche n’est pas au gouvernement, c’est le bordel intégral dans les rues.”

Et la diatribe se poursuit : “Vous qui êtes toujours prompts, à juste titre, à dénoncer l’extrême droite partout en Europe. Ce serait aussi utile de dénoncer la violence qui existe à gauche. Parce qu’on est sûr de la dégradation de biens et des menaces à l’égard de personnes. Aujourd’hui, on ne peut plus organiser une activité publique sans avoir 20 policiers autour. Est-ce que c’est normal dans une démocratie ?”, lance Georges-Louis Bouchez, en référence aux multiples dégradations du siège du MR ou aux tags visant sa personne.

“Imaginez une seconde. Inverser la logique. Et si le MR avait perdu les élections et qu’on trouvait sur les murs des ‘Magnette crève’, ‘Magnette au bucher’ ou ‘Magnette à l’abattoir”, questionne le président du MR, se dédouanant de son discours souvent très tranché. “Ça, c’est l’histoire de la femme et de la mini-jupe.”

Mur taggué avec des slogans anti-MR; anti Georges-Louis Bouchez ou anti Jean Gol – Belga Image

Une virulence assumée

Au contraire, le président du MR ne voit pas de problème à heurter l’opinion. “Des débats peuvent parfois être virulents. Parce que le clivage est le moteur de la démocratie“, se justifie-t-il. Après tout, “il n’y a pas de clivage en Russie. Il n’y a pas clivage en Chine”.

“Notre société se polarise”, constate le libéral, en ignorant qu’il est peut-être l’un des moteurs de cette polarisation. Non, c’est normal : “C’est un phénomène qui est assez naturel et qui est la conséquence d’une société en crise.”

Mais “une crise, ce n’est pas négatif”. “C’est juste que l’ancien modèle va disparaître au profit d’un nouveau : le côté paisible du début des années 2000, c’est le privilège des sociétés en croissance qui ne se posent pas beaucoup de questions. Elles sont en paix, sans menaces. Ce n’est plus du tout le monde dans lequel on est, tranche Bouchez, qui y voit une forme de défi intellectuel et politique.

“Et ça veut dire que les prochaines années vont être marquées par des débats qui vont être très forts et très virulents“, ajoute-t-il, dans une sorte de prophétie autoréalisatrice.

Mais Georges Louis Bouchez estime qu’il y a “des limites à ne pas dépasser”. C’est le cas quand on vise l’homme plutôt que les idées : “Or, cette limite, elle est en train d’être dépassée dans une indifférence quasi généralisée. Mais si aujourd’hui, on est obligé de se taire ou, par exemple, de ne pas remettre en cause certaines politiques de subsides pour avoir la paix, alors, c’est qu’on n’est pas tout à fait en démocratie“, conclut le libéral.

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