Ethias va-t-il être vendu au profit du budget de la défense ? Après KBC, Ageas se montre intéressé

Theo Francken laissera-t-il filer cette manne financière aux francophones ? © BELGAIMAGE
Baptiste Lambert

Pour renflouer le budget de la défense, l’Arizona compte vendre certains bijoux de famille. Et Ethias fait partie des candidats tout trouvés. C’est au tour d’Ageas de montrer un intérêt.

Ageas est intéressé par l’acquisition d’Ethias, a confirmé son CEO, Hans De Cuyper, en marge de la présentation des résultats annuels de l’entreprise. Selon Belga, le groupe pourrait mobiliser jusque 1,6 milliard d’euros pour l’acquisition, avec une possibilité d’émettre de nouvelles actions.

Ageas est déjà premier sur le marché belge avec AG Insurance, mais M. De Cuyper estime que l’acquisition ne poserait pas de problème sur le plan de la concurrence: “Ethias, par exemple, est surtout active dans le premier pilier des pensions, nous dans le deuxième pilier (…) nous nous complétons bien”.

Beaucoup d’intérêt

Le groupe KBC s’était déjà montré intéressé par le rachat d’Ethias, lorsque la majorité Azur, en Wallonie, avait évoqué envisager la vente de l’assureur à l’été dernier, dans sa DPR. Le groupe est détenu à parts égales (31,66%) par le Fédéral, la Wallonie et la Flandre. Les villes et les communes détiennent les 5% restants par l’intermédiaire de la holding EthiasCo.

Du côté du fédéral, la vente de certaines participations doit alimenter le fonds défense qui doit lui-même fournir trois quarts de l’effort de guerre : un renflouement de 4 milliards d’euros du budget défense, d’ici 2029. Outre Ethias, Belfius est également évoqué, tout comme Proximus, Bpost et Elia, mais qui ne sont pas au meilleur de leur forme sur les marchés boursiers.

Des critiques

La vente de ces bijoux de famille de la Belgique suscite certaines critiques, notamment de l’opposition socialiste. Dans nos colonnes, Thomas Dermine déplorait la vente de l’assureur, “qui est la dernière grande institution financière à avoir son siège en Wallonie“, à Liège, plus précisément.

D’autres estiment que vendre ces participations se résumerait à des mesures “one shot”, qui feront peut-être baisser la dette à court terme, mais qui ne permettront plus de baisser le déficit sur la longueur, grâce aux dividendes.

Les besoins financiers restent immenses, tant en Wallonie qu’au fédéral. À la Chambre, ce jeudi, le Premier ministre Bart De Wever n’exclut pas que la Belgique doive “à court terme” procéder à des investissements supplémentaires en matière de Défense.

Ageas reste ancré en Belgique

Le directeur a également abordé l’entrée au capital par BNP Paribas, à hauteur de 15%, assurant ne pas en être inquiet. Il a rappelé que la Société fédérale de Participations et d’Investissement (SFPIM) avait aussi une participation dans le groupe, confirmant ainsi son ancrage dans le pays. “En outre, 20% de notre capital est détenu par des familles belges. Si les Français voulaient prendre le contrôle, il faudrait d’abord qu’ils prennent 30% des actions et nous en sommes loin”, a-t-il ajouté.

M. De Cuyper a encore fait le bilan d’une bonne année pour Ageas, l’Europe étant cette fois au centre de la croissance. “Nos activités y ont progressé de 24%. Au Royaume-Uni nous avons enregistré une croissance de 21% et en Turquie, l’assurance vie a presque doublé.” En Belgique, l’encaissement des primes a augmenté de 5%, tandis que l’Asie, jusque-là le principal moteur de croissance, a enregistré une hausse de 7%. 

Le CEO a enfin insisté sur l’importance de la diversification géographique pour l’avenir: “On nous demande parfois si nous allons rester en Chine, mais nous n’allons certainement pas la quitter“. La nouvelle stratégie du groupe implique d’accélérer les efforts dans le domaine du vieillissement. “En Chine, le vieillissement est plus rapide que dans n’importe quel autre pays du monde”.

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