Entre dockers d’Anvers épargnés par les réformes et attitude symbolique de la N-VA le 21 juillet, une Belgique trop flamande?

Bart De Wever, le 21 juillet. Photo by Robin Utrecht/ABACAPRESS.COM
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les mesures de l’accord d’été aurait des accents trop flamands. Le refus par Bart De Wever et Theo Francken de dire “vive la Belgique” fait des vagues. Dans la torpeur de l’été, des polémiques révélatrices ou inutiles?

Thomas Dermine (PS), bourgmestre de Charleroi, ironise: “Apparemment, les ingénieurs avaient oublié leur calculette…” Le socialiste réagit de la sortie à la “une” de Sudinfo évoquant un accord de l’été qui comporterait “des mesures taillées pour les Flamands”.

La limitation des allocations de chômage à deux ans ne concernera pas, en effet, les 120 000 travailleurs des ports de Flandre, singulièrement celui d’Anvers, ainsi que les pêcheurs en mer. Dans le premier cas, certains soulignent qu’il s’agit d’éviter une fronde violente dont les dockers ont le secret.

En tout état de cause, cette réforme est l’une des plus sensible du paquet adopté cet été par l’Arizona fédérale et cette exception fait couler de l’encre. D’autant qu’il n’y a pas d’équivalent en Wallonie. “On aurait pu aussi décider ça pour d’autres professions où l’on ne travaille pas non plus toute l’année, pour les gardes forestiers (wallons), par exemple”, glisse un syndicaliste.

Un juriste attentif nous fait toutefois remarquer: “La mesure pour les travailleurs des ports devrait aussi concerner un peu la Wallonie et Bruxelles.  Selon leur site respectif, les ports de Liège et Charleroi occupent 11.700 emplois directs (10.000 + 1.700).”

“A part les artistes, les seules professions à bénéficier d’exceptions à la réforme du chômage sont… les dockers et pêcheurs marins du port d’Anvers, s’indigne toutefois François De Smet, député DéFi. Encore et toujours la même question: y a-t-il des Francophones au sein de ce gouvernement fédéral?”

Une attitude “ubuesque”

L’information rejoint la polémique provoquée par le refus par le Premier ministre, Bart De Wever, et le ministre de la Défense, Theo Francken, tous deux N-VA, de clamer “vive la Belgique” à l’occasion du 21 juillet en réponse à une question provocatrice d’un journaliste de RTL, vivement critiqué par ailleurs.

“Il faut respecter mes convictions, avait grincé le Premier. Je ne vais pas me ridiculiser.”

Theo Francken, lui, avait réagi plus longuement: “‘Bouffon du roi’, crie l’extrême droite parce qu’en tant que ministre de la Défense, je fais mon travail correctement, obligations comprises. ‘Scandaleux’, crie la gauche francophone parce que j’esquive l’énième piège ‘Vive la Belgique’ d’un journaliste. Le PS demande déjà ma démission. Rien de neuf sous le soleil. Je continue à travailler imperturbablement. Pour une Défense plus forte. Pour une force armée fière. Pour une Flandre, une Bruxelles et une Wallonie plus prospères.”

Le PS, effectivement, vent debout, a même diffusé une vidéo dans laquelle nombre de ses édiles clament “Vive la Belgique”. “Scandaleux, la Belgique mérite mieux”, s’indignait le parti d’opposition.

A un journaliste précisant sur X que la “seule boussole” devait être de bien gouverner l’Etat, Thomas Dermine réplique: “C’est ubuesque. Ne pas louer le pays dont on assume le leadership et la Défense, dont on dit servir les citoyens et dont on a juré obéissance à la constitution (qu’on veut dévoyer). Ce serait du grand comique à la Belge si ce n’était sérieux.”

Polémique, encore, tant qu’on y est, après que la bourgmestre MR de Tournai, Marie-Christine Marghem, ait posé sur une photo en compagnie d’un député RN français de passage dans sa ville. L’ancienne ministre PS Christie Morreale, s’indigne encore: “Entre le ministre de la Défense qui refuse de dire vive la Belgique et la bourgmestre MR de Tournai qui pose dans sa ville avec un député du rassemblement national en sachant qui il est et en ne voyant pas le problème (et qui rompt la charte du cordon sanitaire qui engage pourtant les mandataires de son parti), il y a un glissement nauséabond qui s’opère devant nos yeux. Ce 21 juillet constitue décidément un tournant dans notre vie politique belge…”

“Le meilleur Premier ministre”

Aux nombreux soupirs libéraux face à ces critiques de l’opposition, il convient aussi d’ajouter cette expression du philosophe et entrepreneur Drieu Godefridi, qui avait été tête de liste francophone de la N-VA aux élections de juin 2024.

“Des nationalistes flamands refusent de dire ‘Vive la Belgique’: quelle polémique ridicule, écrit-il. Ce sont les nationalistes flamands de la N-VA qui sont en train de sauver les meubles de la Belgique (avec l’aide de l’excellent Bouchez, reconnaissons-le). C’est ce qu’on attend de politiques payés par les contribuables : qu’ils fassent le boulot, pas qu’ils ânonnent des slogans.”

Le nationalisme flamand de la N-VA est ouvert et inclusif: je sais de quoi je parle, je l’ai vécu de l’intérieur, prolonge-t-il. Je crois avoir échangé avec tous les pontes de la N-VA, je n’ai pas entendu une remarque ni même blaguounette déplacée. Oui, la N-VA attache du prix et de l’importance à la langue néerlandaise. Et alors ? Cela se comprend, et se respecte.”

Conclusion: “Les petits malins eux-mêmes nationalistes flamands qui REPROCHENT à la N-VA de sauver les meubles en Belgique : tout aussi absurde. Si la Belgique tombe en faillite, tous les Flamands comme les Wallons verront leur niveau de vie s’effondrer. Le salut de la Flandre (et de la Wallonie) passe aujourd’hui par la remise en ordre des finances publiques fédérales. C’est un fait. La vérité est que Bart De Wever est probablement le meilleur premier ministre belge depuis 1945.”

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