De Wever informe le Roi, entre déficit excessif européen et front de défense des soins de santé
Les négociations fédérales ne seront pas un long fleuve tranquille. Le président de la N-VA avance ses pions, mais l’Europe entame sa procédure de déficit et trois partis de sa future majorité mettent en garde.
Bart De Wever, président de la N-VA et infomateur royal, se rend au Palais ce mercredi pour un premier rapport au Roi. En tête de ses préoccupations, il y aura la situation budgétaire du pays, qui inquiète et appelle à l’action. C’est un des leitmotiv du nationaliste, qui a fait campagne pour défendre la prospérité flamande et réduite les coûts des dépenses publiques. Ce sera, aussi, l’enjeu de la formation de la future coalition, a priori une Arizona avec N-VA, CD&V, Vooruit, MR et Engagés.
Pour y arriver, il faudra un peu de temps. Sa mission d’informateur devrait être prolongée.
Ce déficit qui inquiète
L’urgence est d’autant plus vive que ce mercredi 19 juin marque une première étape dans le contrôle européen des budgets nationaux. En vertu de ses nouvelles règles, la Commission européenne devrait acter le fait que dix pays, dont la Belgique, vont se retrouver en procédure de déficit excessif. La Belgique sesituation à -4,4% l’an dernier au lieu des -3% requis et sa dette inquiète.
Ce n’est là qu’une toute première étape. Les Etats membres auront quelques jours pour y répondre, la Commission fera des recommanations, mais ils auront jusqu’au 20 septembre pour proposer un plan structurel de réduction du déficit. Ensuite, six mois encore avant qu’une éventuelle procédure de sanction ne soit entamée. Bref, cela donne du temps pour former un gouvernement en intégrant cette donnée.
Mais le contexte risque de se tendre avec de possibles tensions dans la zone euro en raison de la situation française. La question budgétaire va revenir à l’avant-plan.
Pas touche aux soins de santé
Pour Bart De Wever, c’est donc la priorité numéro un. Mais ses futurs partenaires ont déjà mis en garde. Les ténors de Vooruit, le parti socialiste flamand, ont affirmé qu’il y avait une “toute petite chance” qu’ils fassent partie du prochain gouvernement parce qu’il n’est pas question de sabrer dans les soins de santé. Les socialistes ont dénoncé durant toute la campagne la volonté libérale d’économiser “six milliards dans la sécurité sociale” – un calcul démenti par les partis concernés.
“Que Vooruit se rassure, il n’en est pas question non plus pour les Engagés et pour le CD&V“, a tenu à rassurer Maxime Prévot, président du partenaire wallon du MR. En d’autres termes, un “front centriste” se met en place face à la N-VA et au MR pour veiller à éviter les dégâts sociaux. Le bras de fer est annoncé sur la façon dont on pourra remettre le budget sur les rails. Insurmontable, l’obstacle ne l’est pas, mais cela risque de prendre un peu de temps.
Les réformes fiscales, du marché de l’emploi et des pensions devront inévitablement tenir compte de ce contexte.
Et “mon” confédéralisme?
Bart De Wever, informateur royal, a sous le bras un autre dossier, moins urgent mais important pour lui, concernant sa quête de confédéralisme. Le leader nationaliste a toujours affirmé sa volonté de mettre en place une équipe socio-économique d’urgence avec, en parallèle, une discussion institutionnelle pour “rendre la Belgique plus efficace”. Et pour installer ce confédéralisme qui lui est cher.
Dans son travail de déminage, cette quête entre également en ligne de compte. Trouver une majorité des deux tiers semble impossible, a fortiori avec le PS dans l’opposition et les partis extrêmistes laissés de côté, mais une solution “créative” pourrait être mise sur la table. Un cadre de négociations pourrait voir le jour: dans l’intention de Bart De Wever, nul doute que celui-ci aura déjà une allure confédérale.
La formation fédérale, à l’instar du noeud bruxellois, risque de prendre plus de temps que l’arrivée de gouvernements en Flandre et en Wallonie.
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