Bart De Wever a confirmé hier à la Chambre que la Belgique s’inscrirait dans une trajectoire de dépense de 5% du PIB, en matière de défense, tel que l’exige désormais l’OTAN. 5% du PIB, c’est environ 32 milliards d’euros par an. Intenable. Mais il reste à voir ce que l’on met dedans…
L’année dernière, 8 milliards d’euros ont été accordés à la Défense. Cette année, le gouvernement fédéral a prévu d’allouer 12 milliards d’euros pour atteindre la norme de 2%, jusqu’ici en vigueur au sein de l’OTAN. Une augmentation de 4 milliards d’euros, qui, rappelons-le, doit encore être financée.
Cacophonie politique
Mais les choses évoluent rapidement. La semaine dernière, le ministre de la Défense, Theo Francken (N-VA), s’est engagé auprès des autres ministres de la Défense de l’OTAN d’atteindre, à une échéance qui reste à déterminer, la norme de 5% du PIB. À savoir, au PIB actuel, environ 32 milliards d’euros pour la Belgique.
Ce week-end, la jeune garde des présidents des partis au pouvoir – Georges-Louis Bouchez (MR), Conner Rousseau (Vooruit) et Sammy Mahdi (cd&v) – a descendu en flèche cet objectif. “Hystérie collective”, “ridicule”, “irréaliste”… sont quelques-uns des qualificatifs employés.
Mais hier à la Chambre, coup de théâtre. Le Premier ministre Bart De Wever (N-VA) a bien confirmé que la Belgique s’alignerait sur cette norme des 5%. Il faut dire que notre pays serait tout à fait isolé s’il venait à la refuser. Cette norme “ne tombe pas du ciel”, a fait savoir le chef de l’exécutif. Elle repose sur des plans précis de défense du continent européen, s’est-il défendu.
3,5% ou 5% ?
32 milliards d’euros, c’est l’équivalent de ce que coûtera la Sécurité sociale en 2025, selon l’épure budgétaire du gouvernement fédéral. C’est aussi, à quelques milliards près, le coût de fonctionnement total de l’État fédéral, évalué à 38 milliards d’euros. C’est-à-dire les coûts cumulés de la justice, de la police, de la SNCB et de tout ce qui touche aux compétences fédérales.
On comprend rapidement que c’est intenable.
Mais il reste à voir ce que l’on met dans ces 5%. D’abord, et le Premier ministre l’a rappelé, cet objectif est divisé en deux : 3,5% affectés à des dépenses militaires pures et 1,5% aux dépenses dites de résilience. Pour le premier volet, cela représenterait en rythme de croisière à 21,5 milliards d’euros par an, soit un peu moins du double d’aujourd’hui.
Pour le second volet, cela comprend par exemple les infrastructures ou la cybersécurité. Mais des éléments de sécurité intérieure pourraient également y figurer, a rappelé hier le ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot (LE), comme la lutte contre le trafic de drogue ou le terrorisme.
Inclure les entités fédérées
En outre, ces dépenses de résilience permettraient aussi d’inclure les entités fédérées, sans lesquelles il serait de toute façon impossible d’atteindre l’objectif otanien.
Tout cela reste à négocier, comme l’échéance. La Belgique plaidera au sommet de l’OTAN, à La Haye, mardi et mercredi prochain, pour augmenter le délai de 2032 à 2035, à savoir 10 ans. L’objectif de notre pays serait ainsi de limiter l’augmentation des dépenses à 0,2% du PIB par an.
D’ici là, on sera dans une autre législature. Et la géopolitique actuelle aura peut-être complètement changé.