Dette: ce que la dégradation de la note américaine dit de la Belgique
Fitch a dégradé la note américaine, à la surprise générale. Une première depuis 2011. Les arguments font… étrangement penser à ce que l’on reproche à la Belgique. Attention, danger.
“Les Américains s’attendent toujours à être les premiers en tout. La dégradation de la note de la dette par Fitch, pour la deuxième fois de son histoire, affecte donc sa fierté et le système financier international.” Voici comment Bloomberg analyse, en première instance, la décision prise par Fitch de rétrogager la note américaine de AAA à AA+. Une humiliation inattendue.
Le Guardian britannique souligne combien les investisseurs ont été surpris et la Maison-Blanche furieuse. C’est évidemment une très mauvaise nouvelle pour le président américain Joe Biden, qui vise sa réélection en 2024, mais c’est aussi, et surtout, un avertissement pour les marchés: la question de la dette risque de redevenir centrale dans nos économies.
Des affrontements… propres à la Belgique
Dans la justification de cette rétrogradation, Fitch invoque en effet des arguments… qui résonnent particulièrement en Belgique. “Il y a eu une détérioration constante des normes de gouvernance au cours des 20 dernières années”, souligne Fitch. Qui ajoute: “les affrontements politiques répétés sur le plafond de la dette et les résolutions de dernière minute ont érodé la confiance dans la gestion budgétaire“.
Ne se croirait-on pas à Bruxelles? Cela ne renvoie-t-il pas à ces “kern” sans fin qui ne parviennent pas à accoucher de réformes suffisantes? Bien sûr, le système américain n’est pas le même: c’est au parlement que les choses se jouent, là où démocrates et républicains doivent trouver un terrain d’entente, marchandages à la clé. Mais notre système de coalition génère lui aussi ses blocages, préoccupants à un moment où la dette dérape et où la hausse des taux rend à nouveau le sujet sensible.
La détérioration de la dette
Fitch souligne encore la “détérioration budgétaire attendue au cours des trois prochaines années”, ainsi qu'”une charge de la dette publique élevée et croissante”. L’agence met en garde contre l’impact de “plusieurs chocs économiques, des réductions d’impôt et de nouvelles initiatives de dépenses”.
Allo, Alexander De Croo? La Belgique devra faire un effort de 1,2 milliard cet automne dans le cadre de son conclave budgétaire. Les perspectives budgétaires sont alarmantes pour le début de la prochaine législature, avec un montant estimé à 5 milliards d’effort à réaliser d’emblée. Les réformes drastiques (pensions, emploi, ficalité… ) manquent à l’appel et la formation d’un gouvernement après le scrutin du 9 juin 2024 risque d’être homérique.
C’est vrai: Fitch avait déjà pointé du doigt la Belgique en mars dernier, en maintenant le AA, mais avec une perspective négative. Le principal point d’attention de l’agence se trouvait dans “la persistance de déficits budgétaires importants“.
La secrétaire d’Etat au Budget, Alexia Bertrand (Open VLD), ne cesse de tirer la sonnette d’alarme et de demander que l’on réduise les dépenses publiques. Cette dégradation américaine provoquera-t-elle un sursaut international et réveillera-t-elle les esprits en Belgique?
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