Ce marathon parlementaire interminable, d’un autre temps, sur la déclaration De Wever

Bart De Wever exténué au parlement. BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Avec le Vlaams Belang et le PTB en force à la Chambre, il fallait s’attendre à de longues, très longues discussions sur l’accord de gouvernement. Le débat auquel on assiste est toutefois inouï. Littéralement extenué, le Premier ministre a lancé: “Si on traitait un demandeur d’asile comme vous le faites avec moi, le ministre compétent devrait démissionner.”

Il est près de 14 heures, ce jeudi. Cela fait plus de vingt-quatre heures que la Chambre débat de la déclaration gouvernementale de l’Arizona. Le Vlaams Belang dénonce le renoncement institutionnel de Bart De Wever, pour la enième fois depuis la veille. Axel Ronse, président du groupe N-VA, intervient depuis son banc, la voix cassée, après avoir passé les… six première heures du débat à la tribune, assaillé de questions et d’interventions ministérielles en tous sens.

Jamais un débat parlementaire sur une déclaration politique n’avait dué aussi longtemps et n’avait été aussi houleux, sans doute. La présence en force du Vlaams Belang et du PTB n’y est pas pour rien. De même qu’une polarisation forte avec le PS et les écologistes, ou des débats virulents entre… socialistes flamands et communistes. La législature promet d’être agitée.

De Wever exténué, ce débat “une relique du passé”

Bart De Wever vient d’être rappelé pour répondre à des interventions écologistes. “Après 19 heures de débat, j’ai eu le privilège d’aller à la cafétaria, grince-t-il. Mais même là, vous m’avez fait appeler pour vous écouter. J’ai dû entendre de la part de Sarah Schlitz (Ecolo) et de votre part (Stefaan Van Hecke, ndlr.) que vous nous soupçonniez de traiter les nouveaux arrivants de manière inhumaine. Mais si vous appreniez qu’un demandeur d’asile avait été interrogé pendant 27 heures par l’Office des étrangers, vous demanderiez la démission du ministre compétent.”

Le nationaliste défend le fil rouge de son action: marché de l’emploi, pensions… “Nous n’allons pas omettre de dire la vérité, même si elle est dure.”

Le nouveau Premier ministre est exténué. Il n’est pas le seul à se plaindre. “Le débat dure depuis 24 heures, mais il reste encore un long chemin à parcourir”, a regretté Katja Gabriëls (Open Vld), sur X. “Honnêtement? Je n’en suis pas fier. Certaines personnes aiment le montrer et se féliciter. Même si cela n’a rien de cool. Cette façon de procéder est une relique du passé. Il faut vraiment que cela change à l’avenir.”

Le temps d’une casse de café pour tenir le coup et Bart De Wever voit arriver à la tribune Paul Magnette, président du PS. “Enfin, grince une voix libérale, il a passé une partie de la nuit seul avec lui-même en débat sur les réseaux sociaux.”

“Une belle histoire, je n’y crois pas”

“Félicitations, monsieur De Wever, ironise Paul Magnette. Premier ministre, ce n’est pas rien. Vous attendiez cela depuis longtemps. Mais dans votre attitude depuis hier, il y a une forme de sinstrose, quelque chose du ‘Chagrin des Belges’ d’Hugo Claus.”

Le président du PS évoque “le mystère De Wever, un papillon sorti sa chrysalide pour sauver la Belgique. “Cette belle histoire, je n’y crois pas, dit-il face à un Premier légèrement amusé. Vous êtes un nationaliste et vous n’avez pas changé. Vous avez compris que pour réaliser votre objectif confédéral, il falalit passer par le Seize. C’est Monsieur Bart et Docteur De Wever.” Le PS, sans surprise, n’accordera pas sa confiance au gouvernement.

“Contrairement à monsieur Magnette, nous avons l’optimisme de la voloté et nous y arriverons“, réplique brièvement Benoît Piedboeuf, pour le MR.

Sofie Merckx (PTB) clame: “Vous opposez les actifs et non-actifs, les jeunes et les vieux, les malades et les bien-portants, les gens d’ici et ceux d’ailleurs…

“Ce que vous proposez n’est pas la seule alternative, ajoute Sarah Schlitz (Ecolo), paraphrasant Margareth Thatcher. Ce sont des choix politiques, et il n’y a pas un mot sur le climat.”

L’après-midi se prolonge. Le marathon arrive à son terme. “Ce fut un débat long, trop long, mais on voit où le bât blesse“, dit l’opposition.

“Pas une seconde à perdre, nous devons agir”, lance Aurore Tourneur (Les Engagés).

Enfin, à l’issue de cette joute démocratique théâtrale, la confiance va être accordée et il est temps de prendre ses responsabilités.

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