Le gouvernement De Wever tente une percée sur la taxe des plus-values, mais l’absence de Maxime Prévot (Les Engagés) et les tensions persistantes compliquent une décision immédiate.
Alors que le Premier ministre Bart De Wever revient de deux sommets internationaux – l’OTAN et l’UE – c’est un dur retour à la réalité : celui de la politique belge. À 9h30, le kern, le comité restreint du gouvernement fédéral, s’est réuni pour discuter d’un dossier explosif : la taxe sur les plus-values financières. Il s’annonce long et intense. Sujet en discussion depuis plus d’un an, enjeu majeur pour la coalition “Arizona”, et condition désormais sine qua non à plusieurs autres décisions.
Une taxe de solidarité à géométrie variable
Le principe est connu : taxer les plus-values réalisées lors de la vente d’actifs financiers, afin de faire contribuer les “épaules les plus larges” à l’effort d’assainissement budgétaire. Le rendement espéré est de 250 millions d’euros en 2026, et 500 millions en régime de croisière. Le dispositif prévoit un prélèvement de 10 %, avec une exonération de 10.000 euros pour protéger les petits investisseurs. Pour les actionnaires détenant au moins 20 % dans une entreprise, une exemption jusqu’à un million d’euros est envisagée, avec taxation progressive au-delà.
C’est notamment cette avancée qui a permis à Vooruit de rejoindre la coalition, après des mois de bras de fer. Mais rien n’est encore acquis. Une première mouture du ministre des Finances, Jan Jambon (N-VA), incluait une exemption après dix ans de détention, une concession au MR qui semble avoir été abandonnée. Mais d’autres tensions refont surface : le CD&V souhaite, lui, doubler l’exonération de base à 20.000 euros.
Des enjeux liés et un calendrier suspendu
Cette taxe n’est pas une mesure isolée : elle conditionne d’autres décisions-clés. Ainsi, la mise en œuvre de la limitation dans le temps des allocations de chômage nécessite un arrêté royal… qui ne pourra être adopté qu’une fois la loi sur les plus-values votée. Or, cette dernière est toujours à l’arrêt, renvoyée par l’opposition au Conseil d’État dans le cadre de la loi-programme.
On sait également que Vooruit a fait de l’adoption de cette taxe sur les plus-values, une question de gouvernement.
Autre blocage : Vooruit menace de bloquer l’acquisition de F-35 supplémentaires si la taxe n’est pas actée. En clair, tout est imbriqué, et chaque retard sur les plus-values paralyse l’ensemble de la mécanique gouvernementale.
Prévot manquant, Crucke remplaçant
Mais au-delà des désaccords politiques, un élément logistique s’est invité dans le débat : Maxime Prévot, vice-premier ministre des Engagés, est retenu au Chili dans le cadre de la visite d’État du Roi Philippe. L’avion du gouvernement, encore une fois, est tombé en panne. Il est remplacé par Jean-Luc Crucke, ministre de la Mobilité. Un joker qui, malgré sa maîtrise des dossiers, ne dispose pas du poids politique de Prévot dans ce type de négociation.
Comme l’a glissé un ministre à la newsletter W16 : « Avec Crucke seul, nous ne pouvons pas aller très loin dans ce dossier. »
Les discussions pourraient se prolonger tout le week-end, mais sauf revirement, l’accord définitif n’aura pas lieu ce vendredi.