Budget: dernier équilibre trompeur avant risque de fracture

Alexander De Croo, lundi 9 octobre. BELGA PHOTO JONAS ROOSENS
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le gouvernement De Croo, taxe les banques, mais évite le bain de sang fiscal. Il élargit les flexi-jobs et sauve l’accueil des réfugiés, mais ne réforme pas en profondeur. Contrat rempli, mais le plus dur est à venir: un scrutin explosif et une austérité inéluctable.

Contrat rempli. Le gouvernement fédéral d’Alexander De Croo (Open VLD) peut se féliciter d’avoir accouché dans la douleur son dernier budget de la législature. L’honneur est sauf et les partenaires satisfaits, après un marathon sur lequel a pourtant flotté un parfum de crise. Mais l’ambition reste modeste. Et si chacun des partenaires s’y retrouvent, ce n’est pas sans hypocrisie. Tandis que le plus dur est à venir: pas sûr que cet exercice d’équilibriste soit de nature à convaincre les électeurs en vue des élections décisives du 9 juin 2024.

Des victoires à la Pyrrhus

Les socialistes se félicitent de faire contribuer “les épaules les plus larges” avec les 150 millions de taxe bancaire: la contribution du secteur est devenue une ritournelle politique, mais au bout du compte, c’est toujours le client qui payera avec des services diminués et des taux rabotés.

Les libéraux se félicitent d’avoir arraché une élargissement des flexy-jobs à ving secteurs. C’est positif pour l’économie, mais cela cache à peine l’impossibilité absolue de la Vivaldi à mener une réforme structurelle du marché du travail.

Les écologistes applaudissent la contribution des “épaules les plus larges” (bis) et se félicitent des moyens dégagés pour accueillir les candidats à l’asile, tout en saluant une “accélération de la transition” qui ne semble pas évidente.

En réalité, et comme toujours au sein de la Vivaldi, on salue surtout… ce que l’on n’a évité: pas de taxes sur ceux qui investissent (hormis les banques et le secteur du transport avec la limitation de la déduction du diesel professionnel, constate le Voka), pas de mesures coercitives pour les chômeurs ou d’économies sur le social, pas d’écotaxes…

Un horizon qui reste sombre

Contrat rempli, aussi, au niveau des chiffres: le gouvernement De Croo s’est entendu sur la “fourchette haute” en se focalisant sur 1,2 milliard d’économies (1,7 même avec les politiques nouvelles). Mais ce n’est là que le début: la prochaine majorité se retrouvera dès le début de la prochaine législature devant une ardoise considérable, il est question de 5 milliards annuels. Et l’on ne parle pas des difficultés des entités fédérées, francophones surtout, qui pèseront sur la crédibilité belge.

Par ailleurs, la Vivaldi réussit sans encombres majeurs son dernier exercice budgétaire avant les élections du 9 juin 2024, mais on ne peut pas dire que cela marquera les esprits. Le grand souffle des réformes promises n’a pas touché le pays. Pensions, fiscalité, emploi, transition…: il reste beaucoup à faire. Là encore, la prochaine équipe au pouvoir aura fort à faire.

Last but not least, plusieurs partenaires de la Vivaldi sont à bout de souffle ou fragilisés: Vooruit s’enlise dans les ennuis de son président Conner Rousseau, le MR a sorti un accord pour prolonger GLB mais personne n’est dupe, le CD&V n’existe quasiment plus si ce n’est par le bon d’Etat de son ministre, les écologistes payent les plâtres du coût de la transition et les socialistes font ce qu’ils peuvent face au PTB.

C’est décidément écrit: le 9 juin 2024 risque d’être un moment de fracture. Un virage peut-être existentiel pour le pays.

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