Belfius, principale source de financement pour la défense. Quitte à oublier la stratégie internationale?


Le gouvernement De Wever envisage d’utiliser les bénéfices de la banque publique pour investir davantage dans l’armée. Quitte à contrecarrer la possibilité pour Marc Raisière de mettre en oeuvre son projet d’ouverture au privé et d’internationalisation?
Parmi les flous laissés par le gouvernement De Wever dans son “accord de Pâques”, il y a cette épure budgétaire destinée à relever le financement de la défense. On parle d’une enveloppe de quatre milliards par an. Les participations publiques de l’État doivent contribuer à l’effort de guerre.
On a beaucoup évoqué la vente des parts belges dans Belfius, BNP Paribas ou Ethias. Des opérations ‘one shot’, alors que les partenaires de l’Arizona préféraient des mesures structurelles. Problème; il n’y a guère de consensus sur les économies à réaliser.
Pourquoi, dans ce cas, ne pas faire appel à une contribution de Belfius, sans pour autant tuer la poule aux œufs d’or qui délivre des dividendes chaque année?
Un milliard de dividendes
Le gouvernement souhaite que Belfius verse au total près d’un milliard d’euros de dividendes à l’État pour renforcer le budget de la Défense, rapportent L’Echo et De Tijd mardi.
Belfius versera cette année un dividende exceptionnel de 500 millions d’euros à l’État belge, son actionnaire unique, ressort-il du tableau budgétaire de la Défense, approuvé lors de “l’accord de Pâques” du gouvernement fédéral du week-end dernier. Outre les quelque 1,2 milliard de recettes fiscales provenant des avoirs russes gelés chez Euroclear, la banque deviendra ainsi la principale source de financement de l’armée belge, qui gonflera de 4 milliards d’euros d’un seul coup cette année.
Cela signifie qu’en plus de son dividende “ordinaire” de 444,5 millions d’euros versé au titre de l’exercice 2024, Belfius devra verser 500 millions d’euros supplémentaires cette année, portant la rétribution de son actionnaire à 945 millions d’euros durant l’année 2025, un montant inédit dans notre pays.
Il existe cependant un obstacle potentiel à ce versement: la Banque centrale européenne (BCE), qui supervise directement Belfius, doit encore donner son accord. Le conseil d’administration de Belfius n’a pas encore reçu d’informations du gouvernement à ce sujet, rapportent les quotidiens.
Une stratégie perturbée?
Pour Belfius, cette décision, si elle se confirme, perturberait la stratégie envisagée. Marc Raisière, son CEO, souhaitait ouvrir son capital à des partenaires privés et… songeait à une internationalisation.
“Le conseil d’administration a étudié la question et a exprimé sa préférence pour un placement privé, nous disait-il fion février. Cela donnerait l’occasion de faire rentrer deux ou trois investisseurs externes qui pourraient nous ouvrir des portes ailleurs.”
Et Marc Raisière d’ajouter : “Le groupe n’est plus un challenger, c’est devenu un leader sur le marché belge. Dit autrement, Belfius ne peut plus se contenter de la Belgique. Bien sûr, l’idée n’est pas d’aller acheter un réseau d’agences bancaires en France. Non, le but est de développer des nouvelles poches de croissance à l’étranger. Belfius pourrait ainsi se lancer à l’international dans certains segments d’activité, comme le private banking ou l’assurance, par exemple.”
Cela restera-t-il d’actualité?
Accord de Pâques
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