Bart De Wever répond aux critiques et confronte ses partenaires : “C’était un de ces moments où tout le monde se regarde”

Bart De Wever - BELGA PHOTO DIRK WAEM
Baptiste Lambert

Dans une rare interview accordée à De Morgen, le formateur Bart De Wever (N-VA) se livre sur les négociations. Il ne se donne plus que 50% de chances d’aboutir, mais refuse de baisser l’ambition générale de l’accord de gouvernement. L’Anversois répond également aux critiques sur sa méthode.

L’ambition budgétaire de l’Arizona doit rester la même, selon le formateur. À savoir un exercice de 23 milliards d’euros sur la prochaine législature. 3 milliards d’euros pour de nouvelles politiques et 20 milliards à répartir entre des réformes structurelles, des baisses de dépenses et de nouvelles recettes. Tout en sachant que la Commission européenne charge la Belgique de baisser de 16 milliards d’euros ses dépenses structurelles.

Le formateur dit comprendre qu’il y ait des sensibilités différentes selon les partis. Mais en aucun cas, il ne veut revoir le niveau d’ambition, “car soyons honnêtes : avec cette restructuration de 20 milliards d’euros, nous ne sommes qu’à mi-chemin du parcours. Si même cela n’est pas possible, alors oui, désolé, cela ne fonctionnera pas”, déclare Bart De Wever dans De Morgen.

Oui mais voilà. Ce cadre budgétaire global a déjà fait l’objet de trois échecs entre les négociateurs. L’objectif est d’enfin arriver à un accord dans les grandes lignes d’ici vendredi et la visite de Bart De Wever chez le roi. Nouvelle semaine décisive pour l’Arizona.

La méthode

Après trois échecs, “le scepticisme est justifié”, reconnait Bart De Wever. Mais “la critique que je n’accepte personnellement pas est que les mesures contenues dans le supernota n’ont pas encore été discutées.” Le formateur revient de cette manière sur les critiques entourant sa méthode. Sammy Mahdi (cd&v) et Frank Vandenbourcke (Vooruit), notamment, se sont montrés particulièrement virulent, estimant que les réformes socio-économiques n’avaient jamais été discutées en plénière.

“Désolé, ce n’est pas correct. D’interminables réunions techniques, réunions technico-politiques et réunions politiques bilatérales ont eu lieu à ce sujet depuis l’été, avec moi-même comme formateur. Mais aussi des séances plénières. À votre avis, de quoi parle-t-on lors de ces soirées, si ce n’est de grandes mesures socio-économiques, questionne Bart De Wever ?

Et puis si ces sujets n’avaient pas été discutés, “comment est-il possible que la supernota ait déjà évolué ? Et je peux vous le dire : ce texte a profondément évolué”, ajoute le président de la N-VA.

Tout le monde a déjà dit “oui”

La semaine dernière, Bart De Wever a confronté les autres négociateurs, avant de poursuivre sa mission chez le roi : “Rappel de la réalité : nous travaillons de cette façon depuis des mois. Deuxième test de réalité : vous l’avez accepté. Troisième test de réalité : réalisez-vous que vous avez tous déjà répondu oui ? Puis s’ensuivit un long, très long silence. C’était un de ces moments où tout le monde se regarde.”

“Parce qu’il y a des gens du côté gauche du spectre qui ont déjà dit « oui » à une version plus à droite de la supernota. Et il y a des gens à droite qui ont dit « non » alors qu’on ne s’y attendait plus.” Pour le formateur, il n’est pas du tout anormal que chaque parti ait ses sensibilités, mais en aucun cas, il ne veut revoir l’ambition générale.

Du côté des partenaires, on demande à Bart De Wever de cesser de tourner autour du pot. Les accords de plus petite ampleur autour des dossiers périphériques (mobilité, migration, énergie, etc.) ne suffisent plus. “Il est plus que temps de s’enfermer dans un conclave”, plaidaient déjà Maxime Prévot (LE) et Georges-Louis Bouchez (MR), il y a plusieurs semaines dans les colonnes de Trends-Tendances.

Cette méthode a le mérite de mettre tous les dossiers sur la table. Ce qui permet à chacun de faire des concessions, mais aussi de récupérer quelques trophées. Alors qu’en prenant les dossiers un à un, cela ouvre la porte plus facilement à un véto.

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