Bart De Wever invite les partenaires d’une Arizona en “voyage scolaire”, en se servant habilement de la Banque nationale

Bart De Wever - BELGA PHOTO JONAS ROOSENS
Baptiste Lambert

Le préformateur est parvenu à rassembler le MR, les Engagés, le cd&v et Vooruit, autour d’une table, ce lundi. Au menu : une présentation des finances publiques par la Banque nationale. Tout le monde en connait la conclusion, mais Bart De Wever évite ainsi de devoir faire la sale besogne lui-même : il faudra se serrer la ceinture.

Sans surprise, la Banque nationale va présenter un sombre tableau : à politique inchangée, le déficit public devrait plonger de 4,4% à 5,6% en 2029, à l’issue de la prochaine législature. En argent réel, cela augmentera le déficit de 27,7 milliards d’euros à 39,4 milliards d’euros.

Mais la Commission européenne n’a pas attendu pour mettre la Belgique sur le banc des accusés : une procédure pour déficit excessif pend au nez de notre pays. Le prochain gouvernement doit mettre sur la table un plan pour revenir vers un déficit de 3% pour le 20 septembre prochain. Or, le 20 septembre, c’est demain : Bart De Wever détient ainsi un moyen de pression supplémentaire pour agir vite.

L’ampleur de l’effort est connue : 0,72% du PIB par an sur les quatre prochaines années, soit environ 6 milliards d’euros par an. Si le prochain gouvernement fédéral parvient à mettre en place des réformes structurelles, ce qui est l’intention, il pourrait lisser son effort en 7 ans. Il serait alors compris entre 0,42% et 0,59% du PIB par an.

Moyen détourné

La N-VA a ses propres plans pour revenir à un déficit de 3% : couper dans les dépenses publiques. Les nationalistes visent les soins de santé et la coopération au développement, entre autres. Le MR a également avancé ce point à plusieurs reprises. À 55% du PIB, soit 10% de plus que les Pays-Bas, les dépenses publiques sont trop élevées, avancent-ils.

Mais plutôt que d’amener le sujet lui-même sur la table, Bart De Wever se sert habilement de la Banque nationale pour faire le sale boulot. Les partenaires écouteront religieusement Steven Vanackere, ancien du cd&v, aujourd’hui vice-gouverneur de la Banque nationale, déblatérer sur les finances publiques. Interrogé par Belga avant la réunion, le président du MR a souligné l’importance de ce sujet : “Les finances publiques détermineront tout pour la suite.”

Georges-Louis Bouchez – BELGA PHOTO JONAS ROOSENS

Après les finances publiques, les cinq partenaires de l’Arizona écouteront des comptes-rendus de la Défense et de l’AFCN, l’Agence fédérale de contrôle nucléaire, plus tard dans la semaine. Ce n’est évidemment pas un hasard. Le renforcement de la défense et du nucléaire font partie de la liste de souhaits de Bart De Wever. Ces points figuraient dans sa note de 7 pages adressée au roi, mercredi dernier.

“Voyage scolaire”

Du côté de Vooruit, on n’est pas du tout impressionné par ce “voyage scolaire” organisé par maître De Wever, commente-t-on dans De Tijd. La semaine dernière, les socialistes flamands se montraient les plus réticents à entamer des négociations en bonne et due forme pour discuter d’une coalition Arizona. Vooruit ne veut certainement pas être la 5e roue d’un carrosse de centre-droit.

Les socialistes flamands ne disent pas “non” d’emblée à un attelage arizona mais vendront chèrement leur peau. Dans la liste des conditions : une meilleure justice fiscale et le maintien d’une norme de croissance à 3,5% des soins de santé. Ils sont rejoints sur ces points par les Engagés et le cd&v.

En attendant, par ces discussions plutôt économiques, Bart De Wever évite pour le moment l’éléphant dans la pièce : le volet communautaire.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content