Avant la dernière ligne droite sur la super-note, Bart De Wever mettra le communautaire sur la table

Bart De Wever - BELGA PHOTO DIRK WAEM
Baptiste Lambert

Le week-end dernier, le formateur Bart De Wever a promis des avancées communautaires à ses partisans. Le dossier arrivera formellement sur la table ce samedi, entend-on. Le formateur aurait tort de ne pas au moins essayer. Mais le plat principal aura lieu le lendemain : les 5 partenaires entameront les discussions autour de la nouvelle note socio-économique.

Samedi, le formateur mettra le communautaire à l’agenda. C’est une première dans les négociations. Aucune réunion sur ce thème précis n’avait été organisée jusqu’à présent. Mais ça ne veut pas dire que le communautaire était absent des discussions. Il était simplement dilué dans certaines mesures.

Prenons par exemple la limitation des allocations de chômage à deux ans, qui semble faire consensus. C’est une réforme communautaire en soi. Car après ces deux années, les allocataires basculeraient dans le payroll des CPAS, dont la tutelle est communale, et plus de l’ONEM, sous tutelle fédérale.

La N-VA veut aller plus loin

Les nationalistes veulent aller plus loin sur ce dossier de l’emploi en particulier. Ils n’ont pas oublié les commentaires de Georges-Louis Bouchez, à ce sujet, qui disait vouloir “responsabiliser” les régions dans la lutte contre le chômage. En bref, les organismes (Forem, Actiris, VDAB) qui parviennent à remettre des gens à l’emploi seraient récompensés, ou alors sanctionnés, dans le cas contraire.

Si ces organismes régionaux sont responsables de la politique d’activation, c’est bien l’ONEM qui continue d’organiser les allocations. Notamment au niveau des sanctions. La suppression des allocations est du ressort du niveau fédéral. La N-VA voudrait donner cette prérogative aux entités fédérées.

La même logique vaut pour l’intégration. La N-VA voudrait que les régions détiennent la prérogative de retirer un titre de séjour en cas de mauvaise intégration (langue, marché de l’emploi). Pour le moment, c’est du ressort du ministre fédéral de l’Immigration.

Pour le reste, les nationalistes aimeraient rapatrier certaines compétences dites “usurpées” par le fédéral, comme l’aide au développement et la politique scientifique.

La N-VA n’ira pas trop loin

Les velléités des nationalistes ne doivent pas être exagérées, comme on a pu le lire un peu partout dans la presse francophone après les vœux du Nouvel An de la N-VA. Dans son discours, Bart De Wever a mentionné “des progrès communautaires”, mais il ne s’agissait que d’une toute petite phrase dans un texte de 5 pages.

“Parler simplement de progrès communautaires devant ses partisans. Quoi de plus normal pour un parti régionaliste. Du côté francophone, on crie directement au loup et on parle de réforme de l’État. Soyons sérieux. Des réformes sont nécessaires et peuvent également profiter au niveau wallon et bruxellois“, entend-on dans l’entourage d’un des négociateurs francophones.

De toute façon, de réforme de l’État, il ne sera pas question. Tout simplement parce que l’Arizona ne dispose pas de majorité des deux tiers. Ce qui n’est pas impossible, c’est que le prochain gouvernement désigne des ministres qui pourraient y réfléchir. On pense à Sander Loones, par exemple, le monsieur communautaire de la N-VA. Une telle formule avait d’ailleurs été mise en place sous la Vivaldi, avec Annelies Vanderlinden (cd&v) et David Clarinval (MR), sans grands résultats.

La newsletter W16, du journaliste de la rue de la Loi, Wouter Verschelden, soulève toutefois un élément intéressant. Dans les discussions qui touchent des points communautaires, l’allié principal de Bart De Wever n’est pas le cd&v mais Vooruit. Une forme de donnant donnant pour les socialistes flamands. Plus ils appuient Bart De Wever sur le communautaire, plus celui-ci sera enclin à calmer le jeu sur les réformes socio-économiques douloureuses. C’est en tout cas l’idée.

La dernière ligne droite

Hier, les négociateurs ont abordé l’asile et la migration. C’est un sujet particulièrement sensible pour Les Engagés, favorables à une politique plus “humaine” que “ferme”, au contraire des 4 autres partenaires. Les chiffres sont là : l’année dernière, pas moins de 39.615 personnes ont demandé l’asile en Belgique. Ce qui nous rapproche du record de 2015, en pleine crise migratoire.

Les chapitres de la Santé, de la défense, de la pauvreté, de la sécurité, des jeux de hasard et de l’éthique ont également été discutés ce jeudi et le seront encore aujourd’hui. Les jeux de hasard restent un point sensible pour le MR tout comme l’est le volet éthique pour le cd&v.

Contrairement à ce qui a pu être dit, Bart De Wever n’a pas encore donné la nouvelle super-note à ses partenaires. Les nouveaux éléments seront toutefois expliqués ce vendredi, pour que personne ne se montre surpris, dimanche. C’est ce jour-là que sera formellement négociée cette nouvelle note socio-économique. Bart De Wever évite ainsi les fuites. Rappelons-le, cette note est le nœud principal des négociations et contient les trois principales réformes : la réforme du travail, la réforme des pensions et la réforme fiscale.

Il restera deux petites semaines pour conclure et trancher les amendements des uns et des autres qui n’ont pas encore été tranchés. Le but est d’atterrir le 31 janvier et de discuter casting jusqu’au lundi 3 février, jour de fumée blanche. Si tout va bien…

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