Alors que le MR et Les Engagés s’écharpent sur Gaza, le PS revient à ses fondamentaux

Paul Magnette - BELGA PHOTO BRUNO FAHY
Baptiste Lambert

Lundi, le MR a fait une timide ouverture sur Gaza. Pas sûr que cela convainque Les Engagés, qui ont fait de la reconnaissance de l’État palestinien et de la prise de sanctions contre Israël une question de gouvernement. En parallèle, le PS choisit un autre terrain pour sa rentrée : la défense du pouvoir d’achat.

Maxime Prévot (Les Engagés), ministre des Affaires étrangères, a haussé le ton. S’il n’y a pas de ligne plus ferme face à Israël ou de geste en faveur d’une reconnaissance de la Palestine, il menace d’une « crise majeure » au sein du gouvernement De Wever.

Face à lui, Georges-Louis Bouchez campe sur une ligne de fermeté. Dans un communiqué signé par la direction du MR, le parti libéral réaffirme son attachement à une reconnaissance « conditionnée » : désarmement du Hamas, libération des otages, garanties de sécurité pour Israël. Une position réitérée lundi lors du bureau du parti, où Bouchez et les chefs de file ont néanmoins convenu de manifester davantage « d’empathie » envers les Palestiniens.

“Une mini-ouverture”

En coulisses, les libéraux envisagent de faire “une mini-ouverture” vers les désidératas du ministre des Affaires étrangères, lors de la réunion du kern, jeudi, selon des propos rapportés par La Libre.

Pas sûr que cela suffise à apaiser la divergence structurelle qui oppose les partenaires de la coalition Arizona. CD&V et Vooruit soutiennent la démarche de Prévot, quand la N-VA est divisée. Au MR, de timides voix comme celle du député Michel De Maegd essayent de se faire entendre, sans grand succès sur la ligne du parti.

Il reste à voir jusqu’où ces trois partis veulent aller. Faire tomber un gouvernement pour un conflit à 3.500 km sur lequel la Belgique n’a que peu d’influence est un énorme pari. Le MR et la N-VA le savent.

Le PS choisit le pouvoir d’achat

Constatant que l’Arizona s’enlise bien toute seule sur le volet diplomatique, les socialistes ont choisi un autre registre pour leur rentrée, à Nivelles, à l’hôtel Van der Valk : le pouvoir d’achat. Leur communiqué fixe un cap clair : « Vivre mieux et boucler ses fins de mois ».

Le PS dénonce la hausse des prix de l’énergie, des médicaments ou des frais scolaires, et accuse le gouvernement d’étrangler les classes moyennes. « Avec les gouvernements de droite, les travailleurs sont condamnés à travailler plus pour gagner moins », résume Magnette.

Le parti met en avant une ligne sociale offensive : taxer davantage les multinationales et les grandes fortunes, renforcer les salaires et les pensions, et préserver les services publics. Objectif affiché : redevenir le premier parti de Wallonie et de Bruxelles d’ici 2029. Le PS, dans l’opposition, revient à ses fondamentaux.

La “naïveté” du MR et des Engagés

Le PS concentre aussi ses attaques sur la gouvernance de la nouvelle majorité MR-Engagés. Paul Magnette accuse ses adversaires de vouloir remplacer l’« État PS » par un « État MR-Engagés », dénonçant à la fois du népotisme et une gestion partisane des nominations dans les administrations et organismes publics.

Selon lui, loin de dépolitiser l’appareil d’État, les libéraux et les centristes l’utilisent pour « faire plaisir autour d’eux », multipliant les subsides et les nominations contestées. « Au MR, le pouvoir sert souvent à faire plaisir aux entourages, jusqu’au népotisme au sommet du parti. Chez Les Engagés, c’est différent : ils ont toujours assumé cette pratique. Dans les gouvernements précédents, le parti fonctionnait comme une machine à subsides. Pas un cercle horticole ou agricole du Luxembourg n’échappait à une aide de 250 euros pour un contrat ou un projet… »

Sur le terrain budgétaire, Paul Magnette a dénoncé ce qu’il qualifie de « naïveté » du MR et des Engagés face aux choix financiers de la coalition Arizona. Selon lui, ils se bercent d’illusions en promettant une orthodoxie budgétaire alors que le déficit fédéral, estimé à 20 milliards en début de législature, devrait grimper à 40 milliards d’ici 2029.

Selon le président socialiste, la N-VA et Bart De Wever n’en auront cure : ils ne verront pas de problème à mettre l’État fédéral en faillite et pourront démontrer que la Belgique reste un pays ingouvernable, et qu’il faut une réforme de l’État.

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