Alertes financières, procrastination belge et effet boule de neige
La dégradation de la note belge et le spectre d’une crise financière contrastent avec le manque d’entrain du gouvernement fédéral pour redresser le budget et réformer en profondeur.
Ce ne sont pour l’instant que des signaux d’alerte. De petits canaris dans la mine pour prévenir du coup de grisou. Mais ils mettent le doigt sur le risque potentiel d’un nouveau dérapage économique d’envergure.
La chute des banques américaines – SVB et Signature Bank – ne représente pas (encore ?) un risque systémique annonciateur d’une nouvelle crise bancaire, estiment les spécialistes, mais elle met toutefois le doigt sur les risques provoqués par le caractère erratique de nos économies ces dernières années. La relance « brutale » des taux par les banques centrales après des taux d’inflation record est la dernière illustration d’un effet yo-yo qui fragilise les acteurs plus faibles et malmène les besoins de financement. La réaction des marchés en mode « début de panique » illustre l’inquiétude.
La dégradation de la note de la Belgique par l’agence Fitch, de « stable » à « négative », quant à elle, épingle une réalité qui risque d’être préjudiciable, dans les prochains mois : l’endettement trop important de notre pays, au même titre que d’autres pays européens, suite au « quoi qu’il en coûte de la crise Covid ».
Procrastination belge
« Il ne s’agit pas d’un abaissement de la note, mais d’un avertissement en raison de notre déficit et de la nécessité de réformes », soulignait Alexia Bertrand (Open VLD), secrétaire d’Etat au budget, en ce début de semaine. Cet avertissement était attendu et nous le prenons au sérieux. »
Malheureusement, la Vivaldi peine à prendre les mesures nécessaires. Le contrôle budgétaire de mars devait être un grand moment de réformes, du moins le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), l’appelait-il de ses vœux. Mais il semble que ce sera surtout un nouvel exercice purement comptable, délicat, avec la finalisation des négociations énergétiques concomitantes.
La réforme des pensions et celle de la fiscalité ne devraient pas atterrir en même temps. “C’est du long terme, ce débat sera mené en parallèle”, dit-on au Seize, à L’Echo, ce mardi matin. Les exercices sont délicats entre un PS qui veut défendre les boucliers sociaux sans réforme d’envergure et un MR qui ne veut pas de nouveaux impôts, notamment. Le risque de procrastination est réel, d’autant qu’il ne reste qu’un peu plus d’un an avant les élections – un moment peu idéal pour des réformes nécessitant du courage politique.
Effet boule de neige
Le spectre d’une crise financière pourrait-il engendrer celui d’une nouvelle crise de l’euro, ce qui serait cataclysmique ? On est encore loin du compte et les leçons de 2007-2008 ont été retenues. Pour l’heure, les taux d’intérêt réels restent négatifs si l’on tient compte de l’inflation qui reste haute et des taux qui remontent certes rapidement, mais bien en-dessous de ce niveau.
« Mais je crois qu’il est important de s’inscrire dans une trajectoire de diminution de l’endettement car il y a beaucoup d’incertitude sur le futur, soulignait au journal Le Soir ce lundi, Giuseppe Pagano, spécialistes des finances publiques à l’UMons, nous devons être à même de réagir en cas de crise. Il ne faudrait pas que dans cette hypothèse, nous nous retrouvions dans une situation comparable à celle des années 1980, avec le fameux ‘effet boule de neige’. »
Le risque? La nécessité d’une nouvelle cure brutale d’austérité, imposée par les événements. Or, on sait combien cela occasionne des dégâts lorsque l’urgence est la seule boussole.
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