Accord d’été : “Une offensive antisociale en pleine fête nationale”

Vincent Genot
Vincent Genot Coordinateur online news

Alors que le gouvernement fédéral dévoile son accord d’été, le PS et Ecolo montent au créneau. Les deux partis dénoncent un plan de réformes jugé antisocial et injuste, pointant l’affaiblissement des droits des travailleurs, l’absence de mesures écologiques ambitieuses, et une précarisation accrue pour les plus vulnérables. Un 21 juillet marqué par la colère, plutôt que la fête.

Loin du ton festif attendu en période de fête nationale, les partis de l’opposition multiplient les alertes et annonces de lutte contre un accord d’été qu’ils jugent injuste, régressif et déséquilibré, tant sur le plan social qu’écologique. Du côté du Groupe PS à la Chambre, c’est une « drache de mesures antisociales » qui s’abat sur les Belges : suppression de primes de nuit, allongement de la durée de préavis, réduction des pensions des fonctionnaires, obligation de travailler plus longtemps pour les militaires et cheminots, explosion du prix des médicaments, apparition de contrats « zéro heure », instauration d’un malus pension… Rien n’épargne, selon le PS, les travailleurs, les pensionnés et la classe moyenne.

Pierre‑Yves Dermagne, chef de groupe PS, dénonce. « Cet accord, c’est une drache de mesures antisociales, une explosion de reculs pour les travailleurs, pour les pensionnés, pour les malades. Pour les travailleurs, pour les pensionnés et les classes moyennes tout deviendra plus difficile. »

Il critique également le faible impact sur le pouvoir d’achat . « Il n’annonce pas 500 euros de plus par mois … mais à peine une centaine d’euros qui s’évaporeront comme neige au soleil »

Selon lui, ce nouvel accord poursuit les mêmes reculs sociaux que la réforme du chômage, fragilisant de nouvelles catégories : « Ce nouvel accord va encore plus loin que ce nous dénoncions déjà avec la réforme du chômage et l’exclusion de 230.000 personnes du système. »

Le PS reproche aussi au gouvernement de faire financer le déficit et les dépenses militaires non compensées par les classes moyennes et les travailleurs, et d’affaiblir la police de proximité à Bruxelles, au bénéfice supposé de la Flandre. Le bilan, aux yeux du PS, est sans appel : « Ce que ce gouvernement appelle rigueur, nous l’appelons renoncement. Ce qu’il appelle réforme, nous l’appelons régression. »

Ecolo : dérégulation du travail et inégalités femmes‑hommes

Du côté d’Ecolo, le constat est tout aussi sombre. Marie Lecocq, co-présidente d’Ecolo, critique vivement l’absence de mesures ambitieuses sur la transition écologique et la protection des plus vulnérables. Alors que l’Europe est frappée par les catastrophes climatiques, la Belgique se contente de « honorer ses engagements » sans solidarité ni accompagnement pour les ménages vulnérables.

Sur le plan social, Ecolo fustige les effets pervers de l’accord : « Les économies ? Ils les feront dans les mauvaises poches, sur les plus faibles et la classe moyenne »

La dérégulation du marché du travail est pointée du doigt : baisse des primes de nuit, flexibilité accrue dans des secteurs comme l’e‑commerce ou l’horeca, suppression de la durée minimale hebdomadaire… Des décisions selon eux qui menacent la santé des travailleurs, leur vie familiale et leur équilibre.

Concernant les pensions, Ecolo alerte sur l’impact différencié pour les femmes, déjà plus précarisées : « Selon le Comité d’étude sur le vieillissement, pas moins d’une salariée sur deux est concernée par la pénalité sur les retraites, contre seulement une sur cinq pour les hommes. »
La réforme des retraites, poursuit Marie Lecocq, fait que le travail est aujourd’hui « beaucoup moins rémunérateur », soumettant les travailleurs à des horaires imprévisibles, à la précarité et à un risque accru de burn‑out. Résultat, pour elle : « Cet accord d’été est une triple pleine : mini contrats, horaires cassés, pensions rabotées. Rien à fêter en ce 21 juillet »

Les deux partis annoncent qu’ils entreront en résistance à la rentrée. Le PS, « à pied ferme », refusera de laisser passer « une telle régression sociale ». Ecolo, de son côté, se battra « pour défendre la solidarité si chère aux Belges », face à ce qu’il considère comme une politique marquée par « la brutalité des décisions » imposées par le MR, les Engagés et la N‑VA.

“Un accord d’été glacial qui va se heurter à un automne chaud”

L’accord de l’été du gouvernement De Wever a certes intégré des concessions au mouvement social sur la question des pensions, mais il engrange le plus grand recul social des quarante dernières années en matière du droit du travail, a vivement déploré le PTB.

“Cet accord d’été glacial va se heurter à un automne chaud”, a prévenu la députée et cheffe du groupe Sofie Merckx.  Le PTB relève comme autant de concessions sous la pression du mouvement social l’absence de sanction par un malus sur la pension des périodes de chômage économique, après une première avancée concernant les courtes périodes de maladie. Une troisième adaptation est attendue pour les périodes de maladie plus longues.

Pour Kim De Witte, spécialiste des pensions pour le PTB cité dans le communiqué du parti d’extrême gauche, les gens n’acceptent pas ce malus injuste sur les pensions qui pénalise les personnes qui ont commencé à travailler jeunes dans un métier pénible, raison pour laquelle “nous continuerons, avec les syndicats, à exercer une pression jusqu’à la suppression complète de ce malus”. 

“Sur le plan du droit du travail, la Belgique risque de devenir le Far West, où la protection collective des travailleurs — acquise par la lutte au fil des années — est mise en danger. L’augmentation massive des heures supplémentaires non imposées, la suppression de l’interdiction du travail de nuit et la suppression du temps de travail hebdomadaire minimum ne sont que quelques exemples du recul social que le gouvernement Arizona veut imposer aux travailleurs”, a encore dénoncé Sofie Merckx. 

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