Pas question de dire “vive la Belgique”, ni de se féliciter d’un accord le jour de la fête nationale: la N-VA refuse les symboles. Mais le Premier ministre, Bart De Wever, se félicite de réformes structurelles qui pourraient sauver la Belgique de la banqueroute… à terme.
Ne dites plus que la Belgique est un pays surréaliste, c’est suranné, mais bien qu’elle cultive d’étranges paradoxes. Ce lundi 21 juillet, à l’occasion de la fête nationale, les nationalistes flamands du gouvernement fédéral ont refusé de tomber dans une provocation télévisée visant à leur faire adorer les symboles du pays.
Mais en refusant de le nommer, ils lui ont pourtant donné un avenir, ce dont le Premier ministre, Bart De Wever, se félicite pour les générations à venir. En insistant, surtout, sur l’impact de la réforme des pensions.
Pas de Yves Leterme…
Nos collègues de RTL ont tenté de refaire une “Yves Leterme”, lundi à l’occasion du Te Deum. Lorsqu’il était Premier ministre, voici déjà une quinzaine d’années, le chrétien-démocrate s’était pris les pieds dans le tapis en chantant la Marseillaise en lieu et place de la Brabançonne, en réponse à une demande de la télévision. Un lapsus révélateur, qui l’a suivi durant toute sa carrière.
Invité à en faire de même ou à dire “Vive la Belgique”, Bart De Wever a préféré rétorquer qu’il trouvait la question stupide et qu’il n’allait “pas se ridiculiser”. Le ministre de la Défense, Theo Francken, a clamé lui, tout sourire, vive la défense!”. Les deux hommes ont reconnu que cela contrevenait à leurs convictions nationalistes flamandes. Ceci n’est donc plus un pays… à leurs yeux.
Interrogé par Le Soir à l’issue de la conférence de presse nocturne présentant l’accord de l’été, le 21 juillet donc, Bart De Wever s’amuse: “On aurait pu le faire le 11 juillet (jour de la fête flamande – NDLR). Ce n’est pas le jour de l’accord qui importe, c’est le résultat. Mais je peux m’imaginer que la presse va souligner qu’on est arrivé à un accord le jour de la fête nationale. Je comprends pourquoi on rigole tellement vu mes convictions institutionnelles, mais franchement, je ne m’en fais pas du tout.”
Voilà qui, à l’époque d’Yves Leterme et de la mort de BHV (le fameux arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde) aurait fait les gros titres. Mais tout est, désormais, plus feutré. Le rédacteur en chef de La Libre a même fustigé: “Sincèrement, obliger un ministre fédéral ou un Premier ministre de dire dans un micro ‘Vive la Belgique’ alors qu’ils assument depuis des décennies leur séparatisme nationaliste flamand, ça sert à quoi? Ce qui compte, leur travail au service de tous les Belges.”
Les temps changent…
Des pensions garanties
Pour autant, le job est effectivement accompli. Des réformes des pensions, de l’emploi, de la fiscalité, plus quelques bonus comme la fusion des zones de polices ou le financement des hôpitaux: les balises de “réformes au grand galop” sont entérinées.
Tout va dans la même direction: mettre le cap sur la remise au travail des chômeurs, des plus âgés ou l’encouragement du travail au sens large. Même s’il faudra, désormais, que la croissance économique suive.
Bart De Wever, lui, insiste sur la réforme des pensions qui… donne un avenir à la Belgique. “Parce que c’est d’une importance énorme pour la situation financière à terme de notre pays. C’est d’une importance incroyable. Si l’on regarde l’évaluation du Comité d’étude sur le vieillissement, on peut dire désormais que pour la première fois, c’est sous contrôle.”
Le Comité d’étude sur le vieillissement soulignait le 10 juillet que la hausse des dépenses sociales diminuerait grâce aux réformes.
Les critiques de l’opposition et des syndicats sont évidemment vives. Du côté francophone, on peut soit estimer que le temps est venu pour la Wallonie et de Bruxelles de se redresser, soit que l’effort pour l’avenir sera payé par une partie de la population… que la N-VA refuse de nommer.
Le tableau risque, en outre, d’être terni par une situation budgétaire préoccupante au chevet de laquelle l’Arizona devra se pencher à l’automne. La remise en ordre belge de Bart De Wever n’est pas terminée, loin s’en faut. De là à le convertir…