Un conclave budgétaire au finish débute ce lundi midi, sous forme de série Netflix à suspense. C’est la quadrature du cercle pour le Premier ministre. Dans le rôle principal, il menace d’aller chez le Roi, le 6 novembre. Le MR, en anti-héros, a rappelé dans notre Trends Talk qu’il n’accepterait qu’une proportion limitée de taxes. La FEB demande des réformes et affirme que de nouvelles taxes serait “un très mauvais signal”. Cela passionnera-t-il les Belges?
Bart De Wever a septante-deux heures pour conclure son budget. Faute de quoi, il devrait remettre sa démission au Roi. Voilà le scénario de la série Netflix qui se joue cette semaine.
Parmi les acteurs, le Premier ministre est la figure dominante, déterminée et cynique. Il veut obtenir ses dix milliards d’effort supplémentaires, en plus des vingt-trois déjà engrangés. Un effort colossal. Une façon de protéger “le Flamand qui travaille dur”.
En héros de la série, il tient le timing et le narratif, détermine les réunions et les pressions. S’il réussit, ce sera une fleur à son chapeau. Mais s’il échoue, ce sera une preuve supplémentaire que la Belgique doit aller vers le confédéralisme.
L’air de rien, il a le beau rôle.
Le “no tax” à l’épreuve
Par la force des choses, le vice-premier libéral David Clarinval est le “Monsieur Non” et l’anti-héros, accablé en lieu et place de son président de parti, tantôt pour son refus d’une hausse de la TVA ou d’un saut d’index, tantôt pour son erreur de communication dans l’histoire des exclus du chômage et les “non-Belges d’origine”.
C’est un moment difficile pour lui. Dans notre Trends Talk, le week-end, il a rappelé la ligne MR: des réformes (dont plus de deux milliards ramenés par celle du chômage, des remises au travail des malades de longue durée (entre 2 et 2,5 milliards) et pas de taxe, ou du moins une proportion de taxes limitée au “neuvième” de l’ensemble, en vertu de l’accord de gouvernement.
À sa gauche, le vice-Premier socialiste flamand, Frank Vandenbroucke, est le moine soldat de la série. Austère, déterminé, dogmatique à ses heures, il est toutefois venu avec un plan ambitieux pour les malades de longue durée. Mais Vooruit réclame toujours une contribution des “épaules les plus larges”.
Un refrain connu.
La FEB, dans ce contexte tendu, lance un cri d’alarme: “Nous sommes très inquiets. L’ambitieux programme de réformes de ce gouvernement risque d’être affaibli et il semble que les coûts pour les entreprises vont à nouveau augmenter au lieu de diminuer. En sus de la hausse explosive des coûts qui a déjà durement touché nos entreprises ces dernières années. Une très mauvaise idée.”
De quoi faire pression sur le Seize.
Il réitère son inquiétude exprimée voici deux semaines dans notre Trends Talk: au bout du compte, les entreprises risquent d’être les seules pénalisées par la réforme sur les malades de longue durée.
Au milieu, toute
Dans cet exercice de comptables, les vice-premiers des Engagés et du CD&V, Maxime Prévot et Vincent Van Peteghem, tentent d’incarner la voie responsable du milieu. Celle qui affirme, sans doute à juste titre, qu’il faudra un peu de tout pour arriver à bon port.
“Il faudra une hausse de la TVA et un saut d’index”, clamait Yvan Verougstraete, président des Engagés, voici une semaine. Si le premier point reste délicat, en raison du refus conjugué du MR et de Vooruit, le deuxième évolue. Un saut d’index serait-il possible sur les hauts revenus te les allocataires sociaux? Ou une annualisation de l’indexation pourrait-elle être décidée?
Maxime Prévot et Vincent Van Peteghem sont les deux “passeurs”, ceux qui doivent contribuer à démêler l’intrigue. Discrets, mais fondamentaux.
Septante-deux heures chrono: la série passionnera-t-elle les Belges?