FEB: “alerte au tsunami” pour la compétitivité des entreprises
Explosion des prix énergétiques, augmentation des coûts salariaux: la vie est dure pour les entreprises. La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) a mis en garde vendredi contre de grandes difficultés économiques si des réformes à court et long terme ne sont pas entreprises, notamment en ce qui concerne le mécanisme d’indexation des salaires.
“Nous ne sommes clairement pas dans une situation de ‘business as usual’ et le gouvernement doit se rendre compte de la gravité de la situation“, a clamé le président de la FEB, Pieter Timmermans.
Une enquête de la FEB auprès des différents secteurs économiques montre que le premier semestre 2023 risque de ne pas être de tout repos pour les entreprises. Elles sont nombreuses à devoir renégocier leurs contrats d’énergie et de grands secteurs seront soumis à l’indexation automatique des salaires fin janvier. Ce mécanisme permettant d’adapter automatiquement les salaires au coût de la vie va faire grimper les salaires d’un million de travailleurs de 11% en début d’année.
“Entre la mi-2021 et la mi-2023, la simple indexation automatique entraînera une hausse des coûts salariaux pour les entreprises belges d’environ 18 %“, indique la FEB. Cela représente 25 à 30 milliards d’euros pour l’ensemble des entreprises, selon l’organisation. En comptant l’augmentation de l’énergie, les entreprises feront face à des coûts supplémentaires situés entre 35 et 55 milliards d’euros, d’après les calculs de la FEB.
Dans ce contexte, tous les secteurs sondés prévoient une baisse de leur rentabilité au cours des six prochains mois, a expliqué l’économiste en chef de la FEB, Edward Roosens. Cela a un impact négatif sur les investissements des entreprises et sur l’emploi. Un tiers des secteurs sondés ont déjà réduit leurs effectifs et plus de la moitié prévoit de le faire au cours des six prochains mois. De plus, les entreprises qui n’avaient pas encore répercuté l’inflation sur leurs prix de vente vont être amenées à le faire, poussant encore dans le dos l’inflation et la spirale prix-salaires (les prix en hausse engendrent une augmentation des salaires, ce qui fait augmenter les prix et ainsi de suite, NDLR).
Ralentissement économique plus aigu que prévu
En conséquence, les produits des entreprises belges sont de moins en moins attractifs, notamment sur le marché extérieur, un problème de taille pour une “petite économie ouverte comme la nôtre”, a souligné Pieter Timmermans.
La FEB prédit un ralentissement économique plus aigu que prévu actuellement par les instituts de conjoncture. Une récession située entre -0,5 et -1 en 2023 est probable, selon la fédération patronale.
Malgré ce tableau peu réjouissant, il n’est “pas encore trop tard”, a noté Pieter Timmermans. La FEB demande au gouvernement fédéral de ne pas imposer de coûts supplémentaires aux entreprises en 2023. La fédération demande un “pacte de compétitivité” afin de réduire le handicap salarial belge estimé à 5,7% par le Conseil central de l’économie. Ce pacte pourrait inclure la pérennisation de la réduction des cotisations patronales de 7,07%, esquisse la FEB.
Une nouvelle fois, la fédération a plaidé pour une révision du mécanisme d’indexation des salaires, par le biais, par exemple, d’un report d’index couplé à une réduction d’impôt pour les bas salaires.
“Plus on attend, plus les interventions à l’index seront antisociales“, a prévenu Pieter Timmermans.