Le Premier ministre convoque un kern pour évaluer la situation à Gaza et en Ukraine. Sa majorité fédérale est divisée et les débats en Flandre et Wallonie ont démontré le grand écart entre les partis. Absente du circuit international, la Belgique doit veiller… à ne pas imploser elle-même. A moins de laisser le parlement jouer?
Bart De Wever fait face à sa première mission périlleuse de la rentrée. Avant le socio-économique et le budget, il convoque la semaine prochaine un Conseil des ministres restreint au sujet de la situation géopolitique.
Il y a de quoi faire. Sa majorité fédérale est profondément divisée sur Gaza: reconnaissance d’un Etat palestinien, mesures de rétorsion à l’encontre d’Israël… D’ailleurs, les débats préalables menés à la Chambre, mais aussi dans les entités fédérées, ont mesuré l’étendue du malaise.
Par ailleurs, le flou entourant les perspectives d’un réglement du conflit ukrainien et les nombreuses discussions européennes pour formaliser la question des garanties de sécurité doit tout de même préoccuper notre pays. Même si le gouvernement De Wever est absent de toutes ces discussions.
Gaza: une pétaudière
La situation à Gaza divise toujours la majorité fédérale, provoque des tensions dans les entités fédérées et… approche d’un bras de fer ultime.
La France et le Royaume-Uni ont annoncé leur intention de reconnaître l’Etat palestinien en septembre. Une mesure surtout symbolique, pour faire pression alors que le gouvernement israélien est sur le point d’étendre sa guerre à la ville de Gaza.
Pour le MR, pas question toutefois d’une reconnaissance. Georges-Lousi Bouchez insiste sur la nécessité de préserver la capacité de jouer les intermédiaires, sans choisir son camp. Il “ne veut pas que notre pays subisse l’infamie de se faire féliciter par le Hamas”. “Aucune reconnaissance ne pourra intervenir tant qu’une entité terroriste contrôle une partie complète du territoire”, insistait-il fin juillet.
Au parlement wallon, un débat a confirmé la volonté libérale de ne pas s’engager dans cette voie.
Le PS a propose une majorité alternative au parlement. Vooruit, le CD&V et les Engagés font pression au sein de la majorité. Certains verraient bien la possibilité d’un vote en liberté de conscience à la Chambre, comme pour les question éthiques.
Les mêmes partis réclament des sanctions contre le gouvernement Netanyahou. Au parlement flamand, le ministre-président Mathias Diependaele a dénoncé de façon tout aussi virulente l’aventurisme israémien et le terrorisme du Hamas. “Je ne sais pas qui est le plus grand salopard”, plaide-t-il, suscitant des réactions outrées du CD&V et de Vooruit.
Il a également suscité des critiques au sein même de son gouvernement en se déclarant réticent au sujet des mesures de rétorsion: “Je veux examiner les mesures qui font réellement la différence, et qui ne nous font pas plus de mal qu’à eux”.
Bref, cela tangue de toutes parts.
Ukraine et défense
Au sujet de l’Ukraine, il y a moins de divergences. Mais Bart De Wever n’a guère été impliqué dans les concertations actuelles suite au sommet Trump – Poutine et reste tout de même assez discret sur cette question vitale pour l’Europe. Même s’il a participé à la réunion de la Coalition des volontaires, avant le sommet.
Depuis sa visite toute en émotion à Kiev, en avril dernier, le Premier ministre ne s’est guère épanché sur le sujet. Il avait promis un milliard d’aide par an.
La situation rejoint le débat budgétaire, avec l’engagement pris par la Belgique de rehausser ses investissements en matière de défense. Le plan de Theo Francken (N-VA), ministre de la Défense, prévoit près de 34 milliards d’euros d’investissements en matériel militaire et un net accroissement des effectifs.
Il s’agira, là, de trouver des recettes pour y arriver de façon structurelle. Un autre bras de fer où cela risque de tanguer…