Électrification du parc automobile : “il ne faut pas remplacer une dépendance par une autre”

Zakia Khattabi © Getty images

Zakia Khattabi – ministre fédérale du climat, de l’environnement, du développement durable et du Green Deal – a rencontré la presse vendredi dernier pour faire un bilan des actions de son ministère.

Prévoir les crises, prévoir les conséquences du changement climatique … mais aussi les décisions contre-productives. Zakia Khattabi, en commençant par vanter la longueur d’avance qu’a pu avoir la Belgique sur certains sujets, a exprimé une mise en garde dans le dossier de l’électrification du parc automobile

En effet, la fin de la mise en vente des véhicules légers thermiques a été actée pour 2035. L’Union européenne planche actuellement sur la réglementation concernant les poids lourds. Un dossier épineux sur lequel la Belgique se veut ambitieuse. Mais – parce qu’il y a un “mais” – la ministre de l’environnement a précisé “ne remplaçons pas une dépendance par une autre. Sortir du fossile, ce n’est pas aller “coloniser” des pays au nom de la transition écologique.”

La ministre fait ici référence aux métaux nécessaires à la fabrication des batteries électriques (tels que le lithium, l’aluminium, le cuivre, le cobalt…) dont l’extraction a lieu dans les pays d’Amérique latine comme le Chili ou la Bolivie, en Chine, ou sur le continent africain, comme en République démocratique du Congo. Une extraction qui a son lot d’impacts environnementaux et sociaux indésirables. D’où cette mise en garde. 

Évaluer les risques pour l’économie belge”

Alors met-on la charrue avant les bœufs? Non, selon Zakia Khattabi. Pour elle, il faut des objectifs clairs pour pousser tout le monde vers la transition écologique, et notamment les entreprises. La ministre a appuyé son soutien à l’innovation des entreprises qui doit se faire de manière simultanée avec l’établissement des objectifs de réduction des émissions. L’occasion également de plaider à nouveau pour la création d’un Observatoire des matières critiques afin d’ “évaluer les risques pour l’économie belge”

Le verdissement de la fiscalité a quant-à-lui, sans mauvais jeu de mot, du plomb dans l’ail. “Nous avons du mal à accoucher d’une réforme fiscale” a avoué la ministre Ecolo. L’objectif aujourd’hui pour elle est de “sécuriser un minimum [les décisions] pour être sûr de remplir nos engagements.” C’est-à-dire plus de 50% d’investissement pour le climat dans le Plan de relance ; un financement “climat” porté à 100 millions d’euros par an ;  ou encore le verdissement des fonds de pension. 

Enfin, une attention particulière est également apportée à la transition sociale. En effet, dans les secteurs de l’automobile et de l’énergie par exemple, ce sont des milliers d’emplois qui vont devoir évoluer, des travailleurs qui vont devoir se former pour acquérir de nouvelles compétences.

C’est dans cette optique qu’une conférence nationale sur la transition juste se tiendra au mois de septembre afin de dialoguer avec les citoyens belges. Une conférence nationale qui ne le sera pas tellement suite au désistement de la Flandre. La ministre, pour mettre un dernier coup de pression au gouvernement résistant, a glissé que “le Conseil européen voit très bien où sont les blocages, ils savent qui s’opposent à cette transition.”

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