Elections en Amérique latine : à droite, toute!

A Buenos-Aires, le centre-droit pourrait prendre la Casa Rosada, siège de la présidence, à condition de présenter uni. © GETTY IMAGES

Les électeurs devraient manifester leur mécontentement après une nouvelle année de faible croissance.

Après une succession de victoires électorales pour la gauche en Amérique latine, 2023 revirera à droite. C’est principalement le reflet de l’impopularité persistante des dirigeants sortants dans une région confrontée à une nouvelle année difficile de croissance économique modeste et de mécontentement social. Au moins, l’inflation diminuera pratiquement partout grâce à l’action précoce des banques centrales qui ont relevé leurs taux d’intérêt. La plupart des pays ont retrouvé leur niveau préalable à la pandémie en termes de rendement et d’emploi en 2022. Mais les salaires sont encore à la traîne et peu de gouvernements peuvent se permettre d’adopter une politique budgétaire expansive. Après avoir enregistré une croissance de 3,5% en 2022, selon les chiffres du FMI, les économies de la région pourraient ne croître que de 2% seulement en 2023. De nouvelles explosions sociales, du même acabit que celles qui ont secoué plusieurs pays depuis 2019, sont à craindre. Mais il se peut que les Latino-Américains soient trop occupés à subvenir à leurs besoins pour protester.

Plusieurs candidats pour la présidence en Argentine

L’attention politique se concentrera sur les élections présidentielles en Argentine au mois d’octobre. Avec un gouvernement péroniste divisé et à court d’idées, et en proie à une inflation galopante, l’opposition de centre-droit devrait remporter le scrutin, à condition qu’elle face front commun. Tout d’abord, elle devra se choisir un candidat. Horacio Rodriguez Larreta, le maire de Buenos Aires, est compétent et modéré. Il sera opposé à Patricia Bullrich, une ancienne ministre de la Sécurité dont les messages fermes sur le crime remportent l’adhésion de la population. Au deuxième plan, on retrouve également Mauricio Macri, qui fut président de 2015 à 2019 et dont le gouvernement s’est soldé par un échec mais qui nourrit toujours de grandes ambitions. Et il faudra garder un oeil sur Javier Milei, un polémiste d’extrême droite. Cristina Fernández de Kirchner, la cheffe de file de l’aile gauche-populiste du péronisme, condamnée à six ans de prison et à l’inéligibilité à vie dans un procès pour fraude et corruption, ne sera pas de la partie.

Le Paraguay organisera lui aussi des élections au mois d’avril, tout comme le Guatemala en juin. Au Paraguay, le parti conservateur Colorado, qui dirige le pays depuis 70 ans, à l’exception de cinq petites années, est confronté à un défi de taille de la part d’une large opposition disparate. Le parti a été touché par des sanctions pour corruption imposées par les Etats-Unis sur deux de leurs figures de proue (qu’elles réfutent). Malgré la grogne, le candidat probable du Colorado, Santiago Peña, un ancien ministre des Finances, a un petit avantage.

Les sanctions contre le Venezuela allégées?

Au Guatemala, des élections libres et équitables semblent peu probables. Les alliés du gouvernement contrôlent l’autorité électorale et les tribunaux, et risquent d’interdire des candidats de gauche, comme cela s’est produit en 2019. Mario Conde ou Zury Rios poursuivraient leur règne conservateur ; Sandra Torres, une populiste centriste qui a perdu lors du dernier tour, devrait à nouveau se présenter.

Entre-temps, au Mexique, le président Andrés Manuel López Obrador espèrera voir son parti Morena remporter les élections des gouverneurs au mois de juin dans l’état important de Mexico, l’un des fiefs de l’ancien parti au pouvoir, le Parti révolutionnaire institutionnel. Une victoire se traduirait pour Morena par un placement favorable pour les élections présidentielles de 2024.

En théorie, 2023 est l’occasion pour la scène internationale de parler du Venezuela, gouverné comme une dictature par Nicolas Maduro. Les Etats-Unis pourraient alléger les sanctions en échange de la promesse par Maduro d’organiser des élections présidentielles libres et équitables en 2024. Mais les deux camps disposent d’une faible marge de manoeuvre. Avec la Chine qui occupe une place toujours plus importante en Amérique latine, l’Union européenne tentera de regagner son influence avec un sommet organisé fin 2023, au moment où l’Espagne assurera la présidence de l’Union. Face à la progression des candidats autoritaires, les démocrates d’Amérique latine auront une fois encore du pain sur la planche.

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