Elections communales: un climat délétère, l’espoir d’un nouveau virage et la nécessité d’agir, enfin!
Le scrutin local de ce dimanche 13 octobre sera l’occasion de confirmer ou d’infirmer le basculement de juin dernier en Wallonie et à Bruxelles. Objectif: transformer les villes et communes. Mais vivement l’après, que l’on se soucie de l’intérêt général!
Quatre mois après les élections fédérales et régionales de juin dernier, qui ont opéré un changement majeur en Wallonie et à Bruxelles, le scrutin communal et provincial de ce dimanche représente un autre enjeu majeur. Pour le MR et les Engagés, il s’agit de confirmer l’essai, en conquérant certaines villes majeures, singulièrement dans le Hainaut. Pour le PS et Ecolo, il s’agit de stopper l’hémorragie.
Les enjeux locaux sont forcément différents, les listes souvent faites de coalitions ou d’intérêts communaux, mais on scrutera avec attention le sort de personnalités au coeur de la bataille: Thomas Dermine à Charleroi, Georges-Louis Bouchez à Mons, Maxime Prévot à Namur, Willy Demeyer à Liège, Philippe Close à Bruxelles, Cristos Doulkeridis à Ixelles, Catherine Moureaux à Molenbeek, Bart De Wever à Anvers…
Mais au-delà de ces équations personnelles, l’avenir financier des pouvoirs locaux est une lourde hypothèque sur l’avenir. Après le scrutin, il sera d’ailleurs urgent de reprendre le fil de la gestion: on attend les décisions qui fâchent en Wallonie, et tout simplement un gouvernement au fédéral et à Bruxelles. Les communales ne pourront plus servir de prétexte.
L’arrogance conquérante du MR
Il est donc grand temps que l’on vote. La fin de la campagne se termine d’ailleurs dans un climat détestable, singulièrement entre socialistes et libéraux, avec la volonté affichée par Georges-Louis Bouchez (MR) de renverser la table.
Le libéral joue gros en voulant conquérir Mons et en donnant à son combat contre le bourgmestre sortant, Nicolas Martin (PS), des allures de batailles nationale. Après la polémique sur la candidature (finalement avortée) de Julie Taton, on a eu droit à un bras de fer sur l’intervention d’ouvrier communaux pour poser ou reposer (nuance…) une affiche socialiste, avec des noms d’oiseaux à la clé. Le degré de tension est important, masquant parfois les projets politiques évidemment différents.
Partout, le MR entend toutefois démontrer qu’il peut “confirmer l’essai” de juin, avec ces 30% conquis de haute lutte. Le travail, la sécurité, la mobilité et la propreté sont au coeur des discours musclés pour y parvenir. L’intention, c’est de permettre une cohérence entre niveaux de pouvoir et confirmer l’assise d’un parti “de droite populaire”.
Le sauve qui peut du PS
Pour le PS, la nouvelle “affaire” de Seneffe, avec des subsides détournés au profit des Faucons Rouges, et l’implication de la tête de liste communale, tombe au plus mauvais moment. Paul Magnette, président du PS, doit à nouveau éteindre l’incendie, lui qui ne se représente plus à Charleroi pour céder la place à son jeune successeur Thomas Dermine. Ce dernier devra faire face à une sérieuse concurrence du MR et des Engagés, comme dans toues les grandes villes, sans oublier les assauts du PTB.
Paul Magnette tente de rassembler le peuple de gauche en mettant le doigt sur les mesures d’austérité qui seront prises par la majorité wallonne MR-Engagés. Ce n’est pas pour rien que ces deux partis ont décidé de temporiser et d’annoncer les mesures budgétaires après le scrutin. Cette tactique servira-t-elle à resserrer les rangs d’un PS qui joue gros dans ses bastions?
C’est loin d’être sûr.
La tranquillité des Engagés
Maxime Prévot (Les Engagés), bourgmestre de Namur, joue également gros à Namur, où il remet son mandat en jeu, alors qu’on l’annonce aussi pour un poste ministériel au fédéral. L’air du temps est plutôt favorable: son parti a sauté le PS dans la dernière livraison du baromètre électoral Le Soir/RTL, mais c’était il y a trois semaines…
Ces derniers jours, le président des Engagés a publié une vidéo sur les réseaux sociaux pour se démarquer de la campagne polarisante des libéraux. L’ambition est claire: il entend positionner son “mouvement” comme une force tranquille et de modération au coeur d’un paysage politique de plus en plus violent. Mais son alliance avec le MR en Wallonie, à Bruxelles et au fédéral donne des arguments à ses adversaires pour le ranger dans le coin des bleus.
Ecolo, DéFi et PTB: l’heure du doute
Pour Ecolo, l’heure est grave. Avec des moyens limités désormais, suite à la débâcle de juin, il doit tout faire pour conserver ses quelques “prises”: Ixelles, Watermael, Ottignies… Malgré les pluies à répétition, l’enjeu climatique les porte moins et les questionnements en matière de mobilité ou de diversité pèsent sur leur discours.
Pour DéFi, l’enjeu est encore plus lourd, notamment à Schaerbeek où Bernard Clerfayt est défi. Devenu un Petit Poucet, le parti compte sur son enracinement à Bruxelles et dans la périphérie pour rebondir. L’arrivée annoncée de la N-VA au pouvoir lui donne des arguments.
Le PTB reste en embuscade, mais il pourrait avoir raté le momentum d’une percée. Il est toujours possible de voir la gauche radicale progresser, voire se place ne position de prétendant au pouvoir dans les grandes villes du Hainaut, de Liège ou de Bruxelles. Mais plus grand-monde ne semble prêt à collaborer avec lui. Finalement, c’est à Anvers que l’on parle le plus du PTB – PvdA avec le réel combat mené à Bart De Wever.
Le peut-être futur Premier ministre espère rester bourgmestre, lui dont le coeur se trouve avant tout dans la métropole.
Un besoin d’action
Le scrutin communal et provincial est un rendez-vous important de proximité, où des questions locales peuvent déjouer tous les pronostics. Et où les analyses doivent être mesurées à cette lumière.
Au lendemain, dès le 14 octobre, les dés seront jetés. L’heure sera alors à l’urgence des décisions et des concrétisations aux niveau wallon, bruxellois et fédéral. Car si la joute démocratique et partisane est d’importance, l’intérêt général appelle à un sursaut rapide.
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