L’éducation et la formation sont au cœur de la relance économique francophone, mais les caisses sont vides.
Entre Bruxelles, la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles, les budgets sont sous tension, et chaque euro compte pour garantir le futur de nos enfants et la compétitivité de nos entreprises. Selon Olivier Mouton et Baptiste Lambert, journalistes au Trends Tendances, c’est le socle même de notre prospérité est menacé. « C’est l’heure de vérité. On est dans un moment churchillien » disent-ils dans le plus récent épisode de “Le combat francophone”, un podcast de Trends Tendances.
Dans la Fédération Wallonie-Bruxelles, par exemple, l’enseignement représente 70 % du budget, dont 85 % pour le personnel. Le déficit atteint 1,5 milliard d’euros pour seulement 13 milliards de recettes, soit un trou de 11 %. La situation est similaire à Bruxelles, où le manque de financement menace la continuité des services et la qualité de la formation.
De nombreuses réformes et toujours des résultats PISA aussi mauvais
Le plan de Laurette Onkelinx avait fait rugir dans les années 1990. Certains, à l’époque, disaient : « C’est le début de la fin, on met à mal le système scolaire ». Sauf qu’il y a eu d’autres réformes depuis. On a ainsi beaucoup parlé du Pacte d’excellence notamment, qui a été remanié. Mais malgré tout, un constat revient : les dépenses en matière d’enseignement chez nous sont mal gérées.
Si l’on s’en réfère aux tests PISA (tests qui permettent de mesurer au niveau international les compétences des élèves), les résultats ne sont pas excellents. « On sent que soit ces réformes ne sont pas menées jusqu’au bout, soit il y a toujours un problème ». C’est d’autant plus tragique qu’«on dépense en moyenne plus que dans d’autres pays par élève. Et au bout du compte, le résultat n’est pas à la hauteur ».
Les compétences scientifiques et mathématiques des élèves francophones restent faibles. Accentuant au passage le risque de pénurie de talents et freinant l’insertion sur le marché du travail. L’enseignement et la formation constituent pourtant le véritable ascenseur social et le moteur du développement économique.
Une réforme ambitieuse mais complexe
Face à ce défi, le gouvernement wallon mise sur le Forem comme régisseur central, avec une logique de performance. « Mais on voit que face à la réalité du terrain, c’est tellement complexe que ça va être compliqué ». Car il s’agit d’une réforme ambitieuse mais délicate, dans un paysage institutionnel éclaté, avec des centaines de structures à Bruxelles et en Wallonie. D’autant plus que la question dépasse la technique budgétaire. Il s’agit de prendre des décisions courageuses pour garantir l’avenir, équilibrer les dépenses et renforcer la qualité de l’enseignement, tout en conservant l’autonomie des structures.
Le cœur du combat francophone
La situation financière est difficile pour chaque entité fédérée et, quelque part, nous nous fragilisons nous-mêmes. C’est vraiment le cœur de ce que nous devons transformer pour ne pas dépendre systématiquement du fédéral et faire l’aumône auprès des Flamands. A chaque fois cela ouvre la boîte de Pandore institutionnelle qui relance le sujet de la redistribution des compétences. La vraie question du combat francophone devient alors « comment fait-on pour ne pas être exsangue financièrement et toujours en train de demander ? »