Parmi les mesures annoncées par l’Arizona suite à son accord sur le budget : les repas à emporter et en livraison, passeront de 6 à 12% de TVA. Un nouveau coup de massue pour l’horeca déjà fragilisé.
Suite à l’accord budgétaire de l’Arizona, une série de produits et services (abonnements sportifs, tickets de cinéma,…) basculent vers un taux de TVA harmonisé à 12%. La mesure doit rapporter plus de 630 millions d’euros par an pour l’ensemble des secteurs concernés.
Parmi les mesures annoncées : les repas à emporter et en livraison, passeront de 6 à 12% de TVA. Difficile d’obtenir plus d’infos du cabinet du ministre des Finances Jan Jambon (N-VA) qui confirme la hausse sans donner davantage de détails sur ce qui sera précisément concerné. « Ces annonces sont neuves, il est vraiment prématuré de rentrer dans les détails. il faut laisser le temps de développer les mesures avec les dispositions transitoires nécessaires. En principe, l’ensemble des mesures TVA devraient être applicables à partir du 1er janvier 2026 », nous informe Florence Angelici, la porte-parole du SPF Finances.
Hausse de la TVA sur le takeaway
Logiquement, dès qu’un plat préparé est vendu à emporter sans service sur place – que le client vienne le chercher lui-même ou qu’il soit livré – il sera désormais taxé à 12% au lieu de 6%. Cela concerne, en principe, les frites des friteries, les pizzas à emporter, les sandwichs, hamburgers, wraps, mais aussi tous les repas livrés à domicile via des plateformes comme Uber Eats et Deliveroo. Les boissons non alcoolisées à emporter bénéficieront du même taux de 12%, tandis que les boissons alcoolisées resteront taxées à 21%.
Un “coup de massue”, “une catastrophe”
La mesure sème l’incompréhension et parfois la colère dans un secteur déjà fragilisé par de nombreuses crises successives (Covid, énergie, indexation salariale, baisse du pouvoir d’achat). Des restaurateurs évoquent un “coup de massue”, une vraie “catastrophe” et envisagent même la fermeture, face à des marges de plus en plus réduites et des coûts d’exploitation de plus en plus pesants.
“Certaines friteries disposent encore d’une petite salle où manger sur place. Mais pour les fritkots, leur mode de fonctionnement complet repose sur le concept ‘à emporter’”, explique une porte-parole d’Horeca Wallonie à Belga. La fédération craint que les consommateurs ne changent leurs habitudes. “Les exploitants vont probablement répercuter cette hausse sur le prix de vente. Est-ce que le travailleur continuera à aller chercher un sandwich sur le temps de midi?”, s’interroge la porte-parole.
Répercuté sur les clients
Pour certains professionnels horeca, cette hausse n’est pas un hasard. “Depuis le Covid, beaucoup de gens se sont tournés vers le take-away et les traiteurs parce que les coûts de la restauration sur place sont devenus trop élevés”, confie à Trends Tendances une gérante d’un snack bruxellois qui souhaite rester anonyme. “Il y a eu une explosion des coffee shops, des dark kitchens, de tout ce qui fait des repas à emporter. Et tout ça, c’était à 6% de TVA. L’État a vu que ça ne remplissait pas assez ses caisses”, commente-t-elle.
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Selon cette restauratrice, la baisse de TVA sur les boissons non alcoolisées consommées sur place (de 21 à 12%) ne compensera pas l’impact de la hausse sur le take-away. Elle prévoit d’augmenter ses prix “de 0,50 euro par-ci, 0,20 euro par-là”, même si elle craint l’incompréhension des clients. “Je comprends que ça casse les pieds quand les prix augmentent, mais je n’ai pas le choix.”
UberEats gagnant?
Les seuls gagnants dans l’équation pourraient être les plateformes de livraison (Deliveroo, Ubereats). Puisque leurs commissions sont calculées en pourcentage du prix final, une hausse de la TVA qui pousse les prix vers le haut augmente mécaniquement leurs revenus, analyse L’Echo. Si un plat passe de 15€ à 16€, une commission de 30% rapporte logiquement plus. D’un autre côté, le modèle économique de ces plateformes repose sur le volume de transactions. Quand les prix montent, les clients commandent généralement moins souvent . Cette baisse du nombre de commandes fragilise donc tout l’écosystème, plateformes comprises, commente Amid Faljaoui dans sa chronique.
Hébergement touristique : une mesure mal digérée
L’hébergement touristique sait lui aussi à quel taux de TVA il sera mangé. Dès 2026, les nuitées en hôtel et camping verront leur taux de TVA passer de 6 à 12%, pour des gains estimés à 158 millions d’euros annuels. “Cette mesure pèsera sur la compétitivité de nos établissements”, réagit la Fédération hôtelière bruxelloise dans Le Soir, qui doit déjà digérer une hausse de la taxe hôtelière régionale l’année prochaine.
La Fédération dénonce également “une concurrence déloyale” des hébergements passant par des plateformes comme Airbnb, sans que l’on sache, pour l’heure, si ce type d’hébergement est concerné par la mesure. Selon un expert fiscaliste intérrogé par La Libre, il y aurait une faille juridique importante: les locations via Airbnb peuvent échapper à la TVA si elles ne fournissent aucun service de type hôtelier (pas de draps ni de serviettes). Le secteur critique, par ailleurs, une réforme appliquée sans transition ni préavis alors que de nombreuses nuitées prévues en 2026 ont déjà été payées avec le taux de 6%.