Des milliards d’investissements en matériel pour l’armée belge, mais il y aura-t-il assez de soldats ?
La réforme des pensions menace gravement l’avenir de l’armée belge. Car s’il faut bien investir dans du matériel pour la défense, encore faut-il avoir assez de personnel pour s’en servir.
Selon des projections internes révélées par la VRT, les effectifs militaires, actuellement de 24 000, risquent de diminuer à 22 000 d’ici 2035. Cette diminution n’est pas conséquence puisqu’en parallèle les capacités matérielles de l’armée seront, elles, significativement augmentées.
De nouveaux équipements sophistiqués, tel que des drones, des navires de lutte antimines, des véhicules blindés et des avions de combat F-35 seront progressivement mis en fonction. Mais la question se pose s’il ne va pas manquer de personnel pour s’en servir. Pour que ceux-ci soient utilisés de façon optimale, il faudrait selon les dernières estimations une armée d’environ 31 000 militaires. Soit bien plus que les 22.000 estimés.
La grande fuite
L’un des principaux problèmes concerne le départ anticipé des cadres intermédiaires, des profils indispensables pour assurer la transition entre les générations (ceux qui partent et ceux qui arrivent). Ces cadres expérimentés jouent un rôle clé dans la formation et l’encadrement des jeunes recrues. Cependant, ils quittent l’armée en nombre. Des départs qui entraînent une instabilité interne, voire une démotivation au sein des troupes. Plus de 100 militaires de ce niveau ont déjà démissionné. Parmi eux 28 pilotes, bien que certains continuent à travailler sous des contrats temporaires.
Un mouvement assez significatif que pour être repéré puisque le taux de départs à la Défense est habituellement très faible. Il n’est que de 2% (contre 11% dans le privé)
Des conditions de travail moins attrayantes
Les départs seraient motivés par des conditions de travail et de retraite qui deviennent moins attrayantes par rapport au secteur privé. Le système actuel de pension, qui permet un départ relativement précoce, est perçu comme une forme de compensation pour les défis uniques du métier militaire : des salaires modestes, des missions parfois dangereuses, des périodes prolongées loin de chez eux et une obligation d’exécuter des ordres sans possibilité de refus.
En supprimant cet avantage et en alignant les conditions de retraite sur celles du secteur privé, le taux de départs annuels pourrait s’approcher des 11 % constaté dans le privé, entraînant une augmentation significative des coûts liés au recrutement et à la formation pour remplacer les départs.
Bien que l’armée recrute massivement depuis quelques années, les effets de ces efforts ne se feront sentir qu’à partir de 2027, lorsque la vague actuelle de départs à la retraite sera terminée. Ce n’est qu’à ce moment-là, le nombre de nouvelles recrues dépassera enfin celui des départs.
Il n’est cependant pas certain que cela suffise à combler les pertes de personnel prévues. Même le gain en années de travail supplémentaire résultant de la prolongation des carrières, seront insuffisants pour compenser les départs massifs si le taux de démissions augmente comme prévu.
Ce qui fait qu’à court terme, le déséquilibre est même tel qu’il sera impossible d’exploiter efficacement les nouveaux équipements militaires prévient la VRT. De quoi aussi réduire d’autant la capacité opérationnelle de l’armée. Pour l’armée belge, la réforme des pensions, telle qu’elle est envisagée, pourrait donc être plus dangereuse que n’importe quel autre ennemi.
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