Des députés belges aux maires français, l’appel à un sursaut démocratique
Catherine Fonck, chef de groupe des Engagés à la Chambre, et Vincent Jeanbrun, maire de L’Haÿ-les-Roses, sont les deux visages attachants, au verbe puissant, d’une crise qui doit nous inquiéter.
Le malaise démocratique grandit. Le fossé entre les élus et les citoyens se creuse. Mais au cœur de cette crique préoccupante de la représentation, des visages forts mettent le doigt sur ce qui va mal, avec des mots puissants. Des expressions qui en appellent chez nous à un sursaut démocratique – en France, dites « républicain », sur fond de violences à l’égard des maires.
Un « sursaut pour demain »
En Belgique, Catherine Fonck, chef de groupe des Engagés, a annoncé voici quelques jours qu’elle ne se représentera plus aux élections de juin 2024. “J’ai besoin de retrouver du sens dans ce que je fais”, a-t-elle justifié. Je m’investis à 150% dans mon mandat, mais à la fin de la semaine, souvent, je me demande à quoi j’ai été utile. » Médecin de formation, cette élue du Hainaut a été omniprésente durant la crise du Covid et porte un discours d’opposition constructive, depuis des années. De nombreux « fans », sur les réseaux sociaux, voyaient en elle une candidate ministre idéale.
Au micro de LN24, cette semaine, elle a justifié sa décision avec des mots forts. « C’est important et sain en politique que l’on ait un renouvellement des mandats et que l’on ne s’accroche pas, explique-t-elle. Je crois qu’il faut une limitation du nombre de mandats ? ’est important de se l’appliquer avant tout à soi-même et ne pas se contenter de faire la leçon aux autres. »
Elle ajoute : « Par ailleurs, c’est vrai que je me sens en décalage avec pas mal de modes de fonctionnement au niveau politique, par rapport aux paralysies, aux conflits permanents entre les uns et les autres, même ceux qui sont censés collaborer ensemble au sein d’un gouvernement, par rapport à une particratie omniprésente, l’absence d’efficacité, les simplismes, les extrémises. » Un constat dur mais, dit-elle, je pense qu’il faut un diagnostic lucide parce que l’enjeu, c’est aussi d’avoir un sursaut pour demain et après-demain. »
Avant elle, le député Groen Kristof Calvo avait lui aussi annoncé qu’il ne se représenterait plus au fédéral en 2024 pour se consacrer sur son projet concret et innovant associant libéralisme et écologie à Malines. Ce grand espoir de la politique belge nourrit des réflexions sur le renouveau démocratique, depuis des années.
“Sursaut républicain” face aux dérives
En France, le contexte est autrement plus inquiétant, avec les émeutes qui ont secoué le pays suite au décès d’un jeune à Nanterre, suite à un dérapage policier présumé. Une violence qui fait suite aux manifestations agitées contre la réforme des retraites. Les maires et les élus locaux sont en première ligne de ce malaise alimenté par les extrémismes de La France Insoumise et de l’extrême droite.
Vincent Jeanbrun, maire républicain de L’Haÿ-les-Roses, en a fait l’amère expérience, lui dont la famille a été victime d’une tentative d’assassinat à son domicile, avec voiture bélier et incendie criminel. “Jamais je n’aurais imaginé qu’on menace ma famille de mort”, s’est-il indigné, appelant à “un sursaut républicain”.
“Ma femme en pleurs à l’hôpital me disait, ‘c’est tellement injuste ce qui nous est arrivé, a-t-il confié sur TF1. Le seul moyen que ce soit moins injuste, moins douloureux, c’est que ça fasse sens, que ça soit utile, qu’il y ait un sursaut. Si notre malheur sert à améliorer la situation, alors ça sera un peu moins douloureux'”.
Ce sursaut républicain, disait-il, devrait prendre la forme de manifestations de la majorité silencieuse, celle qui s’inquiète pour la démocratie. Une façon de redonner du sens, précisément, à l’heure où les jeunes des banlieues ne se sentent plus liés par le contrat républicain et alors que, en Ukraine, des citoyens se battent dans le sang pour sauver la démocratie.
Deux visages forts et fiers, deux voix à entendre.
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